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Séquestration, Cbv : «Le talibé» séquestré, battu, brûlé et charcuté par son marabout qui le soupçonnait d’avoir engrossé sa femme

C’est avec de graves blessures sur le corps, et un bras fracturé que le Gambien Cherif Abdourahmane a attrait son marabout Ch. T. B. O. Niass à la barre du tribunal des flagrants délits de Dakar hier vendredi, pour les délits de coups et blessures volontaires et séquestration suivi de libération avant dix jours.


Rédigé par leral.net le Samedi 30 Décembre 2017 à 10:23 | | 0 commentaire(s)|


 Jugé, le marabout qui a fait preuve d’une violence inouïe sur son « talibé », le jour du Gamou, s’est constitué prisonnier sur-le-champ, après avoir été condamné à un an d’emprisonnement, dont six mois ferme et à 2 millions de francs Cfa à titre de dommages et intérêts.

En effet, c’est le 30 novembre dernier où, tous les fidèles musulmans célébraient la naissance du prophète de l’Islam Mohamed, que le marabout CH. T. B. O. Niass avait choisi de faire la fête à son « talibé » gambien, Cherif Abdourahmane.

Après avoir soupçonné sa femme d’être en relation adultérine avec « son talibé», qu’il a hébergé pendant deux ans dans son domicile, sis à Dakar, le marabout s’est transporté jusqu’à Thiès accompagné de deux de ses amis, pour enlever sa victime chez elle. Et, ceci, dans le seul but pour le présumé mari cocu furieux contre « son talibé », de le pousser à avouer que c’est lui l’auteur de la grossesse que porte sa femme.

«Dès qu’ils se sont présentés chez moi à Thiès le jour du Gamou, ses deux amis ont simulé une arrestation en brandissant une carte professionnelle de policier. Au départ, j’ai refusé de partir parce qu’à ce que je sache je n’ai rien fait. Mais, ils m’ont dit qu’ils ont reçu une instruction du procureur du tribunal de Thiès.

C’est ainsi que l’un de ses amis m’a donné un gifle, avant qu’ils ne ligotent mes mains avec une corde. Et, là, mon marabout et ses deux acolytes m’ont conduit à bord d’un taxi jusqu’à son domicile à Dakar. Une fois dans son salon, mon marabout a fermé toutes les issues pour m’empêcher de sortir.

Entre 16H et 20H, j’ai été victime de toutes sortes de tortures. Mon marabout m’a tabassé, avant de me lacérer tout le dos avec un coupe-coupe pour me pousser à dire que c’est moi qui est l’auteur de la grossesse que porte sa femme 
», souligne la partie civile qui s’est exprimée en anglais.

Avant de poursuivre : « lorsque j’ai refusé de passer à l’aveu parce qu’il m’a accusé à tort d’être l'amant de sa femme, il a attendu le  lendemain pour revenir à la charge. Après m’avoir donné de la bouillie de mil à manger, il a m’a versé de l’eau chaude sur les fesses, avant que je ne finisse par dire que c’est moi l’auteur de la grossesse parce que je ne pouvais plus supporter les tortures dont j’ai été victime.

Et pour sauver ma peau, je lui ai demandé que je voulais partir aux toilettes pour me soulager. Un instant que j’ai choisi pour pouvoir échapper des les mains de mon marabout. Parce que je suis monté sur la terrasse de son domicile, avant de sauter. Et là mon bras s’est fracturé 
».

Interpellé à son tour à s’expliquer sur les faits, le jeune marabout qui a comparu libre, a cherché à se disculper en soutenant qu’il s’est juste limité à séquestrer sa victime. « J’étais très en colère contre lui, parce que je l’avais soupçonné d’être en idylle avec ma femme. Et lorsque cette dernière est tombée enceinte, j’avais des doutes concernant la paternité de l’enfant qu’elle porte.

Et comme je tenais à savoir la vérité, j’ai procédé à sa recherche avant de savoir qu’il était à Thiès. Parce deux semaines avant les faits, il a quitté mon domicile sans m’avertir. Alors qu’il a vécu chez moi pendant deux ans. Et le lendemain des faits, je voulais appeler les membres de ma belle-famille pour qu’il passe à l’aveu devant ces derniers. Car je tenais à tirer cette affaire au clair
», explique le jeune marabout qui a voulu se faire une justice privée.

D’après ses déclarations à la barre, il a même refusé la paternité du bébé que sa femme vient de mettre au monde, il y a une semaine.

Sur ce, la partie civile qui a comparu à la barre très mal en point avec un certificat médical assorti d’une incapacité temporaire de 30 jours à côté de son marabout déclare, qu’il n’a jamais été en idylle avec la femme de son marabout.

Et c’est à cause des soupçons affirme-t-il que son marabout avait fini d’avoir sur sa relation avec sa femme, qu’il a préféré quitté le domicile. « Car je n’étais plus à l’aise chez lui, et une de nos voisines du nom de Soukèye m’avait une fois dit: ton marabout te soupçonne d’avoir entretenu des relations sexuelles avec sa femme.», a-t-il indiqué.

« Je suis partisan des moindres placements sous mandat de dépôt, mais le prévenu ne devrait même pas bénéficier d’une liberté provisoire, après la plainte du prévenu .Et, il devrait même atterrir devant la chambre criminelle, parce que sur la base de simples suspicions, il se croit être détenteur de la force publique, en kypnappant mon client. On devrait même, le poursuivre pour usurpation d’identité », martèle l’avocat de la partie civile, Me Assane Dioma Ndiaye, avant de demander au juge de retenir le prévenu dans les liens de la détention, et d’allouer à son client 10 millions de nos francs, pour tous préjudices confondus.

Lui emboîtant le pas, la représentante du ministère public qui a fustigé le comportement du prévenu, souligne que même si les faits sont graves, la séquestration n’a duré que 24 heures. Raison pour laquelle, précise-t-elle, le prévenu n’est pas poursuivi pour des faits criminels. C’est ainsi, qu’elle a sollicité six mois d’emprisonnement ferme contre lui pour coups et blessures volontaires et séquestration avec libération avant dix jours.

La défense quant à elle, a sollicité une application bienveillante de la loi.

Rendant son verdict, le juge a envoyé le présumé mari cocu à la citadelle du silence, en le condamnant à un an d’emprisonnement, dont six mois ferme, avant de décerner un mandat de dépôt contre lui. Il doit en même temps allouer 2 millions de francs Cfa à la partie civile, à titre de dommages et intérêts.




  
Kady FATY Leral