TENSIONS AU SEIN DE PASTEF, FONCTIONNEMENT DE LA JUSTICE : Cheikh Thioro Mbacké met en garde Diomaye Faye, fustige le fonctionnement de la justice et réclame un remaniement

 
Sur les ondes de la radio nationale RSI, Cheikh Thioro Mbacké s’est livré sans langue de bois. Le coordonnateur de Pastef Touba rassure les Sénégalais sur les rapports entre le President Bassirou Diomaye Faye et son Premier ministre Ousmane Sonko. Néanmoins, il n’a pas caché sa déception par rapport au fonctionnement de la justice. Le troisième vice-président de l’Assemblée demande à Diomaye et Sonko de prendre leurs responsabilités en procédant à un remaniement pour que Pastef gouverne seul.
 
 
Invité de l’émission «En Vérité» sur Radio Sénégal international (RSI) animée par Migui Marème Ndiaye, Cheikh Thioro Mbacké est revenu sur les divergences entre le Président Bassirou Diomaye Faye et le Premier ministre Ousmane Sonko pour rassurer. «La politique ne pourra jamais venir à bout de la relation entre le Président Bassirou Diomaye Faye et Ousmane Sonko. Au-delà de tout ce qui les unit, je crois que si un problème devrait se poser entre eux, ils prendront en considération le sacrifice des 84 victimes. Tous ceux qui les ont côtoyés au sein du parti savent qu’ils ne partagent pas très souvent le même point de vue, mais à chaque fois que la majorité se dégage, le problème se règle», déclare Cheikh Thioro Mbacké, qui croit dur comme fer que «peu importe ce qui pourra se passer entre eux, Diomaye n’aura jamais raison sur Sonko puisqu’il a fait de lui le président de cette République. Nous devons tous protéger Ousmane Sonko, c’est la stricte vérité. Il ne mérite pas qu’on l’insulte», soutient-il.
 
«Peu importe ce qui pourra se passer entre eux, Diomaye n’aura jamais raison sur Sonko»
 
«Et sur le point de la justice, je crois qu’ils sont tous les deux favorable à l’application de la justice. Le seul point de divergence qui peut résider entre eux, c’est peut-être la manière dont elle doit s’appliquer», déclare le député, qui invite le chef de l’Etat à écouter les militants de Pastef qui sont les principales victimes de l’ancien régime. «J’ai assisté à minimum 20 enterrements de jeunes patriotes tués lors des manifestations. Je peux assurer au Président Diomaye que les victimes n’ont pas besoin des 500.000 de dommages, elles réclament la justice tout simplement».
Le coordonnateur de Pastef Touba accuse ouvertement la justice de ne pas effectuer son travail convenablement. «Aucun Sénégalais n’est satisfait de la façon dont marché la justice. C’est à croire même que les membres de Pastef sont persécutés par la justice. Il faudrait remplacer les autorités de ce secteur par des gens qui pourront faire respecter la justice. Certains magistrats et hommes de tenue vouent une haine viscérale à Sonko et au Pastef», renseigne-t-il.
 
«Certains magistrats et hommes de tenue vouent une haine viscérale à Sonko et au Pastef»
 
Parlant de sa base politique, Cheikh Thioro Mbacké signale que Touba n’a pas  hérité d’un ministère encore moins une Direction générale alors qu’il y a des intellectuels qui sont capables d’occuper ces fonctions. C’est pourquoi il lance un appel au president de la République et son Premier ministre pour une meilleure considération des militants de Pastef Touba. Pour le troisième vice-président de l’Assemblée nationale, Pastef doit gouverner avec les siens exclusivement : «on ne peut pas comparer la personne qui croit et qui s’est battu corps et âme pour le projet avec une personne neutre. Ceux qui ont perdu leur travail à cause de leur appartenance à Pastef ne peuvent pas être sur le même pied qu’un neutre qui n’avait pris aucune position quand ça n’allait pas. Nous devons confier toute la gouvernance aux gens qui ont cru au projet. Quand viendra le moment de tirer le bilan, nous assumerons entièrement», affirme Cheikh Thioro.
 
«Nous devons nous séparer des alliés et gouverner seul…»
 
Ce dernier pense que le mieux, c’est de couper les ponts avec tous les alliés pour gouverner seul. «Je respecte les alliés, leur travail, mais ils savaient tous que la victoire était déjà acquise. Les Sénégalais ont porté leur choix sur Pastef. Assumons jusqu’au bout. Je demande au Président et son Premier ministre de prendre leurs responsabilités et nommer ceux qui se sont battus à leurs côtés quand il le fallait. Ma conviction, c’est que le parti doit diriger le pouvoir », renseigne Cheikh Thioro Mbacké qui réclame un remaniement. Il donne l’exemple de la frustration au sein du Modap (Mouvement des Doomu Daara patriotes) qui est dirigé par un ancien opposant au projet.
 
«Plus d’un an au pouvoir sans que les dossiers de François Mancabou et Fulbert Sambou  (…) ne soient élucidés»
 
Cheikh Thioro Mbacké assure qu’il n’aurait jamais cru que Pastef ferait plus d’un an au pouvoir sans que les dossiers de François Mancabou et Fulbert Sambou et ceux de toutes les victimes ne soient élucidés. «Quand on votait la levée de l’immunité parlementaire de Moustapha Diop, Ismaïla Diallo et moi n’avions pas voté parce que ma conviction, c’est que l’on ne peut pas laisser les nombreux milliards détourner pour poursuivre des gens pour 50 millions. Pourtant, je ne connais pas Moustapha Diop, mais sa déclaration m’a convaincu. Nous devons tenir les promesses faites aux Sénégalais, sinon ils nous tourneront le dos», assure Cheikh Thioro Mbacké.
Le 3ème vice-président de l’Assemblée nationale tire un bilan assez satisfaisant des 15 premiers mois de leur régime. «Nous avons trouvé un pays complètement en ruine sur le plan économique et nous avons préféré dire la vérité aux populations. Nos dirigeants font énormément de sacrifices pour assurer les impératifs comme les salaires et autres. Mais il faut aussi instaurer impérativement l’Etat de droit. Si le Pastef n’arrive pas à faire un résultat dans ce domaine, ce sera un échec», conclut-il.
 
 
Nd. Kh. D. F