Par la grâce d’Allah, nous répondons une nouvelle fois à l’appel de Seydil Hadj Malik, que Dieu agrée son œuvre, pour éclairer la foi par la lumière du savoir.Je remercie le Khalife général, Cheikh Ahmed Tidiane Sy, al-Maktûm, et la Cellule Zawiya Tijâniyya, pour cette belle occasion qui nous replonge dans les valeurs universelles de paix et de convivialité exaltées par l’islam, pour une humanité apaisée et réconciliée avec elle-même. S’il y a une seule leçon que nous devons retenir des enseignements de nos guides qui nous ont appelés au modèle prophétique, c’est la constance dans l’effort d’édification de nos sociétés ; et c’est l’endurance dans la voie de la transformation positive de nos communautés. C’est surtout le courage d’entreprendre et d’avancer, armés de l’éthique (ngor), c’est-à-dire l’élégance morale qui nous rend encore plus forts lorsque c’est difficile.
Sur les traces de nos guides, nous voulons avancer pour un Sénégal béni par les lumières prophétiques et uni sur le chemin de notre destin partagé. Nous avons un héritage précieux à défendre et à transmettre à la postérité.Depuis que les premières lueurs de l’islam ont illuminé son territoire, le Sénégal est resté un phare qui éclaire grâce à l’apport successif de ses guides spirituels, dont Seydi El hadj Malik Sy, que nous célébrons ici en revisitant ses précieux enseignements.
Sur le fondement de nos valeurs culturelles négro africaines, nos guides religieux ont adossé l’éthique islamique (al-Ihsan), qui est la quintessence même du soufisme enseigné par la Tijaniyya et toutes les confréries de notre pays.
Face aux difficultés de toute sorte, face aux adversités et agressions de toute nature, les pionniers de l’Islam au Sénégal ont offert en viatique à leurs disciples les vertus cardinales de la fraternité humaine, de la justice et de l’équité, sans discrimination basée sur la religion. C’est ce qui nous vaut cette belle coexistence pacifique des religions chez nous, au-delà de nos diversités.Parce que le Prophète, paix sur Lui, est Miséricorde pour l’humanité, nos guides nous ont enseigné à être, avec désintéressement, au service de nos semblables, au service de l’humain.
Ce devoir envers l’humain, qui ne doit pas être perçu comme l’autre, mais comme le prochain, ce devoir, nous invite à redécouvrir les valeurs d’humanité aujourd’hui rudement malmenées.
C’est la finalité même des enseignements de Seydi El Hadj Malik Sy et ses pairs, les maîtres soufis de notre pays, fondateurs des confréries, patrimoines dont nous sommes si fiers.Le jihad auquel ils nous ont toujours conviés est le même que le Prophète a enseigné de son vivant : c’est le Jihad nafs l’effort permanent sur soi, pour dominer ses instinct, maîtriser ses sens, dominer ses pulsions, vider son cœur et son esprit de tout ce qui pourrait porter préjudice son à son prochain.
C’est ainsi que l’homme, dans sa fonction éminente de vicaire de Dieu sur terre, se détache des contingences ruineuses pour son corps et son âme pour s’élever à la dimension spirituelle qui le rapproche de son Créateur.
Vivre dans la quête de Dieu par une tension permanente vers Lui et par l’action bénéfique au profit de la société, voilà l’exemple comportemental auquel nous convie Seydi El Hadj Malick.
C’est en restant au service de l’humanité qu’on accède à l’agrément de Dieu. Aussi, le soufisme enseigné par l’école de Maodo Malick nous rappelle ce hadith du Prophète, je cite : « ceux qui sont les plus aimés de Dieu sont ceux qui sont les plus utiles [au service des] hommes ».
C’est pour être au service de son prochain que le premier Khalife de la Tijaniya, assisté de son frère El H. Mansour Sy, a institué les dahiras et a exhorté les disciples à les rendre dynamiques. Ces dahiras font partie des emblèmes de l’Islam chez nous, comme cadres d’apprentissage par l’exemple et de fraternité humaine par la bonne action.
L’œuvre de Seydi El Hadj Malick ne se limite pas à l’exhortation par le simple discours. Elle entre dans l’action par des productions de haute portée intellectuelle, afin que l’éducation serve à libérer l’homme des superstitions futiles, des traditions pesantes et des interprétations qui altèrent la raison.Tout cela pour que l’homme, usant de son libre arbitre, soit réconcilié avec le noble destin que lui assigne Dieu.
Par cette éducation, Maodo Malik, à l’instar de ses pairs, a permis aux fils et filles de notre chère patrie, de conquérir la vie au lieu de la subir, car chaque victoire sur le mal est un succès sur le chemin de la vertu et de la grandeur.Avons-nous retenu, appris et retenu la leçon ?
C’est la question grave qui se pose à nous.
Si nous avons appris et retenu la leçon de nos Maîtres, alors, nous avons de quoi nous prémunir et prémunir nos enfants contre toutes les déviations et toutes les tentatives de manipulation des consciences.Après des siècles de pratique sur le fondement d’enseignements puisés à la bonne source, l’Islam ne doit pas apparaître comme une nouvelle découverte pour nous.
Ce serait, pour ainsi dire, le signe même d’une faillite spirituelle, intellectuelle et morale.
Ça voudra dire que nous n’avons pas appris notre leçon. Que Dieu nous en garde !L’Islam n’est pas une nouvelle découverte pour nous mais une partie intégrante de nous-même, de notre patrimoine civilisationnel et historique. Et il n’y a guère de place pour le fanatisme et l’extrémisme dans l’héritage que nous ont laissé les anciens.
C’est dire que nous devons réfuter sur la base même des enseignements reçus, les tentatives d’aliénation et d’exclusion qui guettent notre société, à travers un endoctrinement sectaire qui mène directement au cercle vicieux du radicalisme, de l’extrémisme et de la violence.
Aujourd’hui, en dehors de l’action qui incombe aux Pouvoirs publics, il y a un besoin urgent d’une réponse doctrinale à haute et intelligible voix contre le radicalisme religieux. Ceux qui savent ont le devoir impérieux de parler et ceux qui ne savent pas ont le même devoir impérieux d’écouter pour apprendre.C’est à cela, distingués Oulémas, que je souhaite vous inviter par ma présence ici ; car dit-on, la nature a horreur du vide. Si nous laissons le champ libre aux manipulateurs de conscience, ils le rempliront à nos dépens et aux dépens de nos enfants. C’est notre choix de société même qui serait ainsi ruiné.
C’est un appel fort que je voudrais vous lancer, parce que, par la parole et l’acte, vous avez la grâce de pouvoir toucher le cœur et l’esprit des croyants. C’est vous dire combien je suis heureux que votre réflexion pour ce symposium porte sur le sujet du radicalisme, en offrant comme exemple la sublime réponse de l’école d’El Hadj Malik.
Je félicite donc chaleureusement tous les membres de la cellule Zawiya Tijaniyya et prie pour qu’Allah, dans Sa grande générosité, agrée vos œuvres et vous récompense à la hauteur de Sa bonté.
Wa salaamou aleykoum wa rahmatoullah wa barakaatouhou."