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Un septennat pour Macky


Rédigé par leral.net le Mercredi 8 Avril 2015 à 20:41 | | 0 commentaire(s)|

Un septennat pour Macky
Qu’est-ce que la Démocratie, sinon le choix plébiscité par la majorité pour organiser selon leur avis leur vivre ensemble ?
Dans ce cadre peut-on apprécier valablement la démocratie sénégalaise à l’aune de valeurs étrangères à nos us et coutumes ?

Que je sache ce sont les occidentaux partageant la même culture judéo chrétienne qui jugent que le régime politique chinois par exemple est antidémocratique. Pas la majorité des chinois qui se retrouve dans le système politico-économique qui a élevé leur pays au rang de première puissance économique mondiale.

Alors pourquoi aujourd’hui les sénégalais oublient –ils les valeurs et vertus fondatrices de notre nation et qui sont le ciment de notre volonté de vivre ensemble, pour aborder la question de la démocratie selon un point de vue qui nous est étranger ?

Je ne puis m’empêcher de me poser cette question, au vu de la polémique stérile qui commence à enfler concernant l’intention prêtée à MACKY de faire un mandat de sept ans au lieu de cinq ans, comme il s’y état engagé en tant que candidat. La précision est de taille.

Personnellement je suis absolument pour que MACKY fasse sept ans. Il doit respecter la volonté des 65% de sénégalais qui l’ont élu pour cette durée. Ou bien sa promesse de candidat vaut –elle plus que le choix légitime de la majorité d’entre nous ?

En effet, la promesse d’un candidat à l’élection présidentielle qui n’aurait été d’aucun effet s’il n’avait pas été élu a-t-elle aussi plus de valeur que son serment solennel de conduire aux destinées de notre nation, tel qu’il s’y est engagé devant la Nation toute entière, en jurant sur la Constitution de notre pays ?

Est-il vraiment normal et acceptable qu’il viole ce serment républicain pour tenir une promesse de candidat ?

En plus, au vu de la situation économique, alors que notre pays a engagé des réformes ambitieuses qui demandent d’immenses efforts financiers pour la mobilisation des ressources financières destinées à la réalisation du PSE, peut-on convenablement accepter de dépenser plus de huit milliards, à moins d’un an des législatives, pour un referendum sur la réduction du mandat du président ?

Ajoutons à cela un contexte politique des plus délicats : il est inconvenant de fragiliser notre démocratie à force de se regarder le nombril.

Cessons de parler de waax waxeet, ce n’est pas le cas ici. Il s’agit plutôt de convoquer l’Histoire, pour se rappeler qu’il y a juste moins de trois années, les 35% de sénégalais qui avaient voté pour Me WADE et qui se croient majoritaires aujourd’hui avaient récusé cette accusation portée contre le président sortant. Le contexte a changé, les urgences sont bien ailleurs.

Il y a deux ans nous renoncions au Sénat à cause des inondations. Ces intempéries et leur lot de désolation sont-ils plus importants que l’émergence de notre pays ?

Au nom d’une prétendue image ou d’un renforcement éventuel de notre démocratie qui ne repose que sur l’impatience d’une certaine opposition pressée d’en découdre avec MACKY, nous ne pouvons objectivement nous payer le luxe de ce referendum.

D’autre part, il va sans dire qu’au terme de ses cinq années de mandat, MACKY n’aura objectivement pas le temps d’asseoir ses réformes et de mettre en branle son programme économique. Nous sommes loin du niveau de développement économique des nations qui peuvent se permettre des mandats de quatre ou cinq ans, bref, des changements dans la continuité.

Les opposants qui croient pouvoir surfer sur la vague de mécontentement actuel et qui sont pressés d’en découdre avec MACKY devraient au nom de l’intérêt supérieur de notre pays faire preuve de plus de mesure, et l’expérience ainsi que l’histoire récente devraient leur permettre de savoir que le jeune martyr KARIM jadis honni par les trois quarts de la population sénégalaise peut bien être un bon challenger certes, mais il n’a ni la popularité, ni l’étoffe d’un candidat présidentiable, dans le court terme.

Dès lors, convoquons la Sagesse des Anciens, pensons à notre pays, et entendons-nous sur l’essentiel.

Aucune puissance étrangère ne développera notre pays, nous sommes les acteurs de notre démocratie qui est à l’image de notre pays, de notre civilisation et de nos mœurs.

C’est pourquoi je crois qu’il est grand temps que les acteurs du dialogue islamo-chrétien se lèvent pour inviter Pouvoir comme Opposition à un dialogue serein, sous leurs auspices.

Il nous faudra arriver à des accords politiques qui déboucheront en premier lieu sur le respect du serment du président de la république de faire sept ans.

En deuxième lieu, en 2017, en même temps que les Elections législatives, les points sur la réforme de nos institutions qui auront fait l’objet d’un consensus partagé pourront être proposés au vote des citoyens, au même titre que la réduction du mandat présidentiel à cinq ans, à partir de 2019.

Cet accord politique devra en troisième lieu consacrer aussi le vote d’une loi d’amnistie pour mettre fin aux errances de la CREI, et garantir ainsi un espace politique pacifié qui permettra à l’opposition de s’exprimer librement, en prélude aux Elections législatives et au référendum.

Si notre pays arrive à ce résultat sous la houlette des sages acteurs du dialogue islamo chrétien, nous aurons réussi à administrer la preuve à nous-mêmes que notre pays a les ressources pour préserver sa paix intérieure, et sauvegarder les valeurs fondatrices de notre jeune démocratie.

MACKY aura alors sept ans pour démontrer aux sénégalais que son PSE est fiable, et qu’il mérite d’être poursuivi et renforcé, si les sénégalais à l’horizon 2019 jugent qu’il n’est plus l’homme de la situation.

Se retrouver autour de l’essentiel me semble fondamental, dans ce contexte marqué par les menaces de toutes sortes où chacun doit analyser lucidement la situation de notre pays, pour mettre l’intérêt national au dessus de toute ambition personnelle.

Inutile dans ce cas de polémiquer futilement et d’envenimer davantage la situation, notre pays mérite bien mieux de ses élites politiques.

Cissé Kane NDAO
Président de l’A.DE.R