Leral.net - S'informer en temps réel

Vidéo -«Nous ne reviendrons pas» : le message des lycéennes enlevées par Boko Haram

Rédigé par leral.net le Lundi 15 Janvier 2018 à 18:34 | | 0 commentaire(s)|

En mai 2017, des membres présumés de Boko Haram avaient été libérés par le gouvernement nigérian en échange de la libération de 82 lycéennes. Stringer ./REUTERS

Le groupe djihadiste nigérian Boko Haram a diffusé lundi 15 janvier, une vidéo montrant quatorze des lycéennes enlevées à Chibok. 112 jeunes filles sont encore détenues dans le nord-est du pays.


«Nous ne reviendrons pas». C'est le message diffusé ce lundi par le groupe djihadiste Boko Haram, dans une vidéo où l'on voit une femme, intégralement voilée, qui affirme être une des 276 lycéennes de Chibok , enlevées le 14 avril 2014 dans leur école de l'état du Borno. «Nous sommes les filles de Chibok. Par la grâce de Dieu, nous ne vous reviendrons pas», dit-elle. Derrière elles, se tiennent treize autres jeunes filles, dont trois tiennent des nourrissons dans leurs bras.

Dans ce message, long de 21 minutes et probablement enregistré sous la contrainte, la femme poursuit: «Nous plaignons les autres filles de Chibok qui ont choisi de retourner au Nigéria. Dieu vous a bénies et vous a amenées au califat, mais à la place, vous avez choisi de retourner dans la mécréance». Elle fait ici référence aux 57 captives qui étaient parvenues à s'échapper  au moment de leur enlèvement en avril 2014 et aux 107 autres jeunes filles qui ont été retrouvées, secourues ou libérées aux termes de négociations entre le gouvernement et les insurgés islamistes. Ainsi, 21 lycéennes de Chibok avaient notamment été libérées  par leurs ravisseurs en octobre 2016, en échange de quatre prisonniers de Boko Haram rendus par le gouvernement nigérian. Quelques mois plus tard, en mai 2017, 82 lycéennes étaient à leur tour libérées contre des membres supposés du groupe djihadiste.
 

Dans la vidéo, la jeune femme s'adresse ensuite aux parents dans le langage local chibok: «Vous devez vous repentir, les flammes de l'enfer sont votre destin si vous ne vous repentez pas, car Allah nous a créés pour que nous l'adorions». Elle termine son message, en citant le chef du groupe armé, «nous remercions notre père Abubakar Shekau, qui nous a mariées [et grâce à qui] nous vivons dans le confort».

 

Des conditions de détention insupportables

Shekau apparaît alors dans la vidéo, où on le voit tirer avec une mitrailleuse, avant de s'exprimer à son tour. Pendant treize minutes, le chef de file de Boko Haram délivre un discours décousu, dans lequel il affirme que les filles de Chibok ont compris «la folie» de l'éducation laïque. En arabe, «Boko Haram» signifie «l'éducation occidentale est un péché». C'est la première vidéo de ce genre depuis le mois de mai, lorsqu'une jeune femme affirmant être une des 219 lycéennes enlevées, était apparue brandissant une arme et affirmant elle aussi, refuser de rentrer chez elle.

Depuis leur enlèvement en 2014, 112 jeunes filles sont encore détenues par Boko Haram. Si les conditions de leur détention demeure assez floues, certaines rescapées ont toutefois pu raconter leur calvaire . Abus physiques et psychologiques, travail forcé, participation contrainte aux opérations militaires, mariages sous la menace, viols... Les jeunes femmes sont traitées comme des esclaves. Certains témoignages font même état de la cruauté d'autres femmes présentes dans les rangs de la secte, qui regardent les jeunes filles se faire violer, en les empêchant de s'enfuir. Selon le gouvernement nigérian, beaucoup d'entre elles ont d'ailleurs donné naissance durant leur captivité, comme en atteste la vidéo diffusée ce lundi.

Boko Haram est loin d'être vaincu

Le 4 janvier 2018, l'armée nigériane annonçait avoir retrouvé l'une des lycéennes  enlevées. «Nos troupes déployées à Pulka, dans l'État du Borno, épicentre des violences, ont sauvé aujourd'hui l'une des filles de Chibok, kidnappée par les terroristes de Boko Haram», avait annoncé le colonel Onyema Nwachukwu, porte-parole de l'armée nigériane.

Depuis début janvier, Boko Haram multiplie ses attaques au Nigéria . Un attentat-suicide a fait au moins une dizaine de morts mercredi 3 janvier dans une mosquée de Gamboru, dans le nord du pays. L'insurrection djihadiste semble loin d'être vaincue, contrairement à l'annonce du président Muhammadu Buhari, qui avait déclaré lors de ces vœux, que le Nigéria «en avait fini avec Boko Haram». Le lendemain, Abubakar Shekau, fondateur historique du groupe, diffusait une vidéo dans laquelle il revendiquait une série d'attaques commises au cours des derniers mois. «Nous sommes en bonne santé et rien ne nous est arrivé… Nous avons mené les raids sur Maiduguri, à Gamboru et à Damboa. Nous revendiquons toutes ces attaques», avait-il déclaré.

Depuis le début de ses activités en 2009, l'insurrection djihadiste aurait fait entre 20.000 et 30.000 morts et 2,6 millions de déplacés, fuyant la terreur, ou bien rassemblés par l'armée nigériane dans des zones sécurisées.