Leral.net - S'informer en temps réel

Village de Lamsar: Le maraîchage supplante la pêche, à cause du typha

Rédigé par leral.net le Mercredi 2 Juin 2021 à 20:23 | | 0 commentaire(s)|

Le visiteur qui débarque pour la première fois à Lamsar, une localité de la commune rurale de Gandon, située dans l’arrondissement de Rao, à une vingtaine de kilomètres de Saint-Louis, sera en contact avec de braves jeunes et femmes qui triment dur pour survivre et subvenir aux besoins de leurs familles. Aujourd’hui, ce village semble […]

Le visiteur qui débarque pour la première fois à Lamsar, une localité de la commune rurale de Gandon, située dans l’arrondissement de Rao, à une vingtaine de kilomètres de Saint-Louis, sera en contact avec de braves jeunes et femmes qui triment dur pour survivre et subvenir aux besoins de leurs familles. Aujourd’hui, ce village semble jeter son dévolu sur le maraîchage plutôt que sur la pêche, à cause des végétaux aquatiques comme le typha qui ont inondé le marigot du village. D’ailleurs, en dehors du manque d’infrastructures, ce village plaide principalement pour une lutte efficace contre ces plantes envahissantes.

 

Reportage de Mbagnick Kharachi DIAGNE (Correspondant)

Saint-Louis – Notre chauffeur a enfin fini d’éviter les obstacles avec adresse. Cette matinée est splendide sur la route de Lamsar, une localité de la commune rurale de Gandon située dans l’arrondissement de Rao, à une vingtaine de kilomètres de Saint-Louis. À partir du croisement de la maternité de Mbarigo, le gravillon scintille de son rouge grenade lorsque les rayons solaires se reflètent sur ses cristaux. Ce samedi 15 mai 2021, le parfum des feuilles d’acacia se dissipe dans cette masse d’air chaud qui nous égratigne l’épiderme. Ici, la nature est en harmonie avec un tapis herbacé plus ou moins fourni.

De temps à autre, nous sommes guidés par le bruit sourd d’une hache blessant un arbre. De loin, nous apercevons un bûcheron trapu en train de taper de toutes ses forces sur le tronc d’un vieux chêne. Avec sa démarche chaloupée, il avance vers nous et nous interpelle pour nous interroger sur l’objet de notre visite. Lamsar nous accueille.

Mamadou Ndoumbé Diop, 43 ans, maître-tailleur, est le fils du chef de village. Il ambitionne d’agrandir son atelier de couture. « Mon rêve est de voir au moins une cinquantaine de jeunes mener des activités génératrices de revenus dans le domaine de la couture. J’ai mis entièrement mon atelier à leur disposition pour qu’ils puissent acquérir les connaissances dont ils ont besoin afin d’embrasser le métier de tailleur », confie ce jeune tailleur communément appelé Serigne Ngaye (son homonyme) dans le village. Toutefois, il invite les jeunes de la localité à associer le maraîchage à toutes les activités professionnelles. « Cela nous permet d’avoir des ressources additionnelles car la terre est très fertile ici et on a la possibilité de produire tout ce que l’on veut à Lamsar ; le marigot est situé à 100 m des habitations », poursuit-il.

Ces informations sont confirmées par le jeune Omar Bâ, étudiant en marketing et communication dans un institut d’enseignement supérieur privé de Saint-Louis. Selon lui, les jeunes de Lamsar profitent des activités maraîchères développées par les Grands Domaines du Sénégal qui n’hésitent pas à leur faciliter l’accès à l’eau douce.

L’équation des végétaux aquatiques

Faute de pouvoir exercer des activités dans le fleuve, Maty Diagne et Seynabou Seck se sont rabattues sur le maraîchage. Ces deux bonnes dames, âgées entre 27 et 31 ans, plaident pour qu’on débarrasse le marigot des végétaux aquatiques envahissants qui ont colonisé le plan d’eau, empêchant les différentes espèces de poisson d’eau douce de se développer ».

Âgée d’une vingtaine d’années, Anna Thioune est une jeune étudiante inscrite en 1ère année de l’Université virtuelle du Sénégal (Uvs), précisément à l’Espace numérique ouvert (Eno) de Saint-Louis. Elle aime profondément ce village de Lamsar, qui lui colle à la peau, au point de nous révéler ses projets. « Dès que je termine mes études supérieures en sociologie, je mettrais en place dans mon village un centre d’affaires qui pourrait me permettre de faire travailler les jeunes de mon âge. J’aurais ainsi l’occasion de faire mon business, qui consistera à acheter et revendre des quantités importantes de produits halieutiques transformés, notamment du poisson « kéthiakh » (fumé), du « guédj » et du « tambadjang » (poissons séchés), etc. C’est un commerce qui marche à Lamsar et dans les localités environnantes », confie la jeune fille.

Compte tenu de sa vieillesse, le chef de village n’a pas pu nous accueillir. Son adjoint Adama Boye est un technicien agricole qui a travaillé à Enda avant de se retrouver aux Grands domaines agricoles (Gds). Après sa retraite, il a poursuivi ses activités dans le maraîchage à Lamsar. « Notre doléance principale est relative à l’urgence d’enlever ces végétaux aquatiques envahissants qui nous empêchent de relancer nos activités de pêche et d’avoir une eau de très bonne qualité », explique-t-il, non sans évoquer l’extension du réseau d’adduction d’eau potable et du réseau électrique afin de répondre à la croissance démographique.

Sur la question sur des végétaux aquatiques, le premier adjoint au maire de Gandon, Kalidou Bâ, assure que ce problème sera bientôt résolu avec l’appui de l’Office des lacs et des cours d’eaux (Olac), à travers le Projet de valorisation énergétique du typha (Provet) qui va enlever le typha pour le transformer en bio carburant. « Le projet est très avancé ; l’Olac fera venir bientôt, de Dakar, une machine de faucardage très puissante qui sera utilisée dans les communes de Diama, de Gandon et de Ross-Béthio pour enlever ces plantes aquatiques », soutient-il.

En dehors de la hantise du typha, Adama Boye rappelle que Lamsar espère acquérir un Cem et un lycée, sans compter le projet de lotissement qui pourrait faciliter l’acquisition de parcelles à usage d’habitation, notamment pour les jeunes du village.

—————————————————-

 L’histoire du bracelet des familles Sarr

 Adama Boye, l’adjoint au chef de village de Lamsar, renseigne que la localité existe depuis plus de trois siècles. Ses premiers habitants étaient des familles mandingues qui portaient le nom de Sarr. Ils excellaient dans la fabrication de bracelets qui signifient « lam » en wolof. Si on ajoute à ce terme, le nom  « Sarr », ça nous donne Lam-Sarr (le Bracelet fabriqué par les Sarr). Au fil du temps, le village a pris le nom de Lamsar. Lorsque les mandingues ont quitté cette localité, un grand cultivateur du Ndiambour nommé Makhète Seck, qui venait de Yamane Seck (une localité de la région de Louga), est venu s’installer un matin à Lamsar, avant d’être rejoint sur place, le soir, par un maure du nom de Mbarick Diagne. Selon lui, ce dernier qui était un riche éleveur collaborait étroitement avec les autorités coloniales.

À en croire Adama Boye, depuis ces retrouvailles entre Makhète et Mbarick, les Seck et les Diagne ont appris à cohabiter dans la paix, l’unité et l’entente. « Aujourd’hui, on rencontre à Lamsar les Seck, Diagne, Fall, Diop, Dièye, Mbodj, Boye, Thioye, Sow, Ndiaye, Bâ, Thioune, Dia, etc. », fait-il savoir.



Source : http://lesoleil.sn/village-de-lamsar-le-maraichage...