Leral.net - S'informer en temps réel

Zacarias Albano Da Costa, Secrétaire exécutif de la Communauté des pays de Langue portugaise : « Nous voulons transformer notre communauté en une organisation des peuples »

Rédigé par leral.net le Vendredi 19 Mai 2023 à 22:57 | | 0 commentaire(s)|

En visite au Sénégal, le secrétaire exécutif de la communauté des pays de langue portugaise évoque, dans cet entretien, les défis de son organisation, les relations avec le Sénégal. Il loue les efforts déployés par l’État sénégalais pour promouvoir la langue portugaise.    Propos recueillis par Mamadou GUEYE (Texte) & Assane SOW (Photo) Vous avez […]

En visite au Sénégal, le secrétaire exécutif de la communauté des pays de langue portugaise évoque, dans cet entretien, les défis de son organisation, les relations avec le Sénégal. Il loue les efforts déployés par l’État sénégalais pour promouvoir la langue portugaise.   

Propos recueillis par Mamadou GUEYE (Texte) & Assane SOW (Photo)

Vous avez effectué une visite au Sénégal du 10 au 11 mai 2023. Quel était l’objet de votre présence dans notre pays ?

Le Sénégal est l’un des premiers pays à être admis comme observateur de la Communauté des pays de langue portugaise (Cplp), en 2008. Et cela fait des années que l’État sénégalais déploie des efforts considérables pour promouvoir la langue portugaise. J’ai voulu connaître cette réalité de plus près et, surtout, saluer les autorités sénégalaises pour leur engagement envers cette langue qui est à la base de notre organisation.

Ma visite coïncide, justement, avec la célébration de la langue portugaise, que l’on fête le 5 mai de chaque année. J’ai été invité à prononcer un discours à l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar ; ce qui a été pour moi l’occasion de rencontrer des élèves sénégalais qui choisissent d’apprendre la langue portugaise en tant que langue étrangère. Le Sénégal compte aujourd’hui environ 47.000 apprenants le portugais dont 2300 sont inscrits à l’Ucad. Ces chiffres démontrent de façon évidente l’énorme engagement du pays dans le domaine de l’enseignement du portugais. Ce sont des chiffres très impressionnants.

J’ai rencontré les autorités sénégalaises dans l’optique de développer davantage la coopération avec la Cplp et nous avons discuté des liens géographiques, historiques, culturels qui unissent le Sénégal et nos pays, notamment l’Angola, le Brésil, le Cap-Vert, la Guinée-Bissau ainsi que le Portugal. Ces liens se traduisent aujourd’hui en relations bilatérales de coopération extrêmement solides dans plusieurs domaines comme l’éducation et la formation, la promotion de la langue portugaise, et bien sûr, les échanges commerciaux et culturels.

Il s’agit maintenant d’approfondir la collaboration avec le Sénégal, dans tous les axes d’action de la Cplp, c’est-à-dire : la diffusion de la langue portugaise, la coopération économique ; la coopération en matière de santé, de l’environnement, de la protection des océans ; et la concertation politique et diplomatique.

J’ai également échangé avec les autorités sur la possibilité de renforcer la collaboration entre la Cplp et la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao).

Quelle est l’importance de la communauté des pays de langue portugaise aujourd’hui ? 

Le moteur de notre organisation est la langue portugaise. Cette langue commune est le lien entre 9 pays (Angola, Brésil, Cap-Vert, Guinée-Bissau, Guinée Équatoriale, Mozambique, Portugal, São Tomé-Et-Príncipe et Timor oriental), qui sont culturellement très divers et qui se trouvent dans des zones géographiques différentes.

La Cplp compte aujourd’hui 290 millions de locuteurs, et les estimations indiquent que d’ici la fin du siècle, nous serons plus de 500 millions à parler le portugais. C’est la quatrième langue la plus parlée au monde et la première langue de l’hémisphère sud. Notre organisation compte également 32 observateurs qui veulent établir une collaboration privilégiée avec nos pays, et plus de 32 organisations utilisent le portugais comme langue de travail. Ce sont des données concrètes qui démontrent l’importance de la Cplp sur la scène internationale.

La Cplp est ainsi une organisation de base linguistique qui permet le dialogue, la concertation politique et diplomatique dans tous les domaines, tout en promouvant, dans le monde entier, cette langue qui est la nôtre et que nous partageons avec tous ceux qui veulent la parler.

Aujourd’hui, quels sont les défis qui se posent à votre organisation ?

Le plus grand défi pour la communauté des pays de langue portugaise, c’est de transformer notre organisation d’États en une organisation des peuples. Comme toute organisation, le grand défi est de garantir l’efficacité de notre action, en créant des bénéfices positifs, tangibles, durables dans la vie des peuples représentés par la Cplp.

Quelles sont les réalisations importantes à mettre à l’actif de la communauté des pays de langue portugaise ? 

Notre institution met en lien 9 pays très différents au plan géographique, culturel, économique et social. C’est une organisation qui a son mot à dire dans un monde où la cohésion et la recherche du consensus, malgré les différences, sont des valeurs de plus en plus importantes, que nous devons tous protéger.

Il faut aussi rappeler que la Cplp travaille en réseau et coopère avec d’autres organisations internationales ainsi qu’avec plusieurs entités de la société civile. Et les bénéfices de cette coopération sont indéniables.

En tant que citoyen du Timor oriental, je peux vous citer comme exemple dans le domaine de la concertation diplomatique, l’incroyable soutien des pays de langue portugaise envers la lutte pour l’indépendance du peuple timorais. Les Timorais ont toujours pu compter sur le soutien inébranlable de tous ces pays, qui n’ont jamais cessé de donner voix au rêve d’indépendance du Timor oriental.

Récemment, nos pays ont signé l’historique Accord de Mobilité, après de longues années de négociations. Cet accord a comme objectif de faciliter la mobilité au sein de notre communauté. Ce furent des négociations extrêmement complexes puisque chacun de nos pays se trouve dans des zones géographiques très distantes – Amérique, Afrique, Europe et Asie. Aussi fallait-il trouver des solutions capables de sauvegarder les traités internationaux assumés par chacun. Mais nous y sommes parvenus et aujourd’hui les pays mettent en marche des mesures pour faciliter la circulation de nos citoyens dans l’espace Cplp, grâce à cet accord.

L’enseignement est le meilleur moyen de promouvoir la langue portugaise. Quelle politique mène votre institution dans ce sens ?

Nous voulons travailler avec les ministères de l’Éducation et de l’Enseignement supérieur pour, premièrement, identifier les besoins et, deuxièmement, établir les meilleurs moyens de promouvoir la langue portugaise dans chaque cas. Pour cela, la Cplp compte un important réseau composé d’établissements universitaires, de centres de formation dans le monde entier.

Il est certain que pour promouvoir la langue portugaise, nous devons nécessairement approfondir et accélérer notre engagement dans ce domaine. L’une des voies est, par exemple, de créer plus de centres de langue portugaise, d’assurer un plus grand accès au matériel didactique, de veiller à ce qu’il y ait plus de professeurs de langue portugaise sur le terrain. Nous devons également travailler à ce qu’il y ait plus d’institutions qui offrent la possibilité d’apprendre la langue portugaise. Ces mesures peuvent permettre de développer davantage l’enseignement du portugais au Sénégal et il est certain que le futur de la langue portugaise dépendra de sa capacité de capter l’intérêt de plus d’élèves.

 



Source : https://lesoleil.sn/zacarias-albano-da-costa-secre...