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le Dialogue national 2025 marque un tournant démocratique… mais soulève de nombreuses questions

Rédigé par leral.net le Mardi 15 Juillet 2025 à 00:01 | | 0 commentaire(s)|

Des avancées saluées avec vigueur Sous la houlette du facilitateur Dr Cheikh Gueye, la démarche a été désignée comme « un tournant pour notre démocratie ». Plusieurs commissions ont obtenu des résultats largement consensuels : Parmi les décisions consensuelles les plus concrètes : l’adoption du bulletin unique, le vote des détenus en détention provisoire, ainsi que l’organisation d’un […]

Des avancées saluées avec vigueur

Sous la houlette du facilitateur Dr Cheikh Gueye, la démarche a été désignée comme « un tournant pour notre démocratie ». Plusieurs commissions ont obtenu des résultats largement consensuels :

  • 100 % de convergence sur des questions liées à la démocratie, aux libertés et aux droits humains.
  • 94 % de consensus sur les réformes du processus électoral.
  • 26 % d’accord dans la commission dédiée aux réformes institutionnelles.

Parmi les décisions consensuelles les plus concrètes : l’adoption du bulletin unique, le vote des détenus en détention provisoire, ainsi que l’organisation d’un débat programmatique entre les deux finalistes de la présidentielle. Le financement et le statut de l’opposition ont aussi été encadrés : instauration de critères clairs pour les partis, transparence des financements, reconnaissance institutionnelle du chef de l’opposition.

Des désaccords profonds persistent

Cependant, des lignes de friction demeurent sérieuses. Quatre points de désaccord majeurs ont cristallisé les débats :

  1. Mode de désignation du chef de l’opposition : consensus pour choisir le deuxième de la présidentielle, à l’exception du PDS, qui préfère le deuxième des législatives.
  2. Article 80 du Code pénal (criminalisation de l’homosexualité) : l’opposition demande sa suppression, mais le pouvoir veut le maintenir.
  3. Cumul des mandats : tension entre rejet complet (Pastef) et limites raisonnables (pouvoir).
  4. Nature du régime : l’opposition défend le régime présidentiel, le pouvoir explore des pistes vers un régime plus parlementaire.

À ces divergences s’ajoutent d’autres questions restées en suspens : le parrainage électoral, la configuration et la composition des autorités électorales, ainsi que la mise en place effective du bulletin unique, qui nécessitera des études complémentaires.

Ce que cela révèle

Un exercice démocratique inédit… avec ses limites

Dans un pays marqué par l’abstention de certains poids lourds comme l’APR de Macky Sall, le dialogue affiche une ambition renouvelée : intégrer les citoyennes et citoyens — près de 15 000 contributions en ligne via « Jubbanti » — et ouvrir le champ politique sans attendre les crises.

Mais la confiance reste fragile

Le président et le facilitateur ont insisté sur la responsabilité citoyenne : les consensus ne valent que s’ils sont appropriés et appliqués. À l’opposition, certains craignent que les avancées ne servent à parer un pouvoir affûté sur son base électorale, sans vraie rupture avec les pratiques du passé.

Le chantier de la réforme : encore long

Les accords validés devront désormais être traduits en textes législatifs concrets. Mais plusieurs études stratégiques — audit électoral, mise en place du bulletin unique — sont encore à programmer. Pour beaucoup, l’enjeu décisif reste la mise en œuvre, et non plus seulement le diagnostic.

En filigrane : un Sénégal en transition

Le Dialogue national reflète la volonté du pouvoir de Bassirou Diomaye Faye de s’inscrire dans une révision institutionnelle de fond. Certaines voix jugent le bilan « mi‑figue mi‑raisin » : reconnaissance d’avancées réelles, mais persistance de fractures qui pourraient peser si elles ne sont pas apaisées.


  • Calendrier institutionnel : le gouvernement doit publier un plan législatif clair, avec des échéances précises pour la réforme électorale et la loi sur les partis.
  • Mobilisation citoyenne : les acteurs invités sont désormais attendus pour engager la société civile et l’opposition, éviter les boycotts et assurer un suivi indépendant.
  • Suivi international : si le régime d’exception politique est apaisé et que les réformes sont menées à terme, Dakar pourrait jouer un rôle modèle dans la sous-région, en réaffirmant sa tradition démocratique.

Le Dialogue national 2025 est un exercice politique rare au Sénégal, qui marque une rupture qualitative : inclusion, diversité, ambition. Et pourtant… les vrais défis commencent après ces échanges.

Les consensus, bien qu’importants, ne suffisent pas. Ce sont les textes, les décisions, et leur application concrète — notamment sur des sujets aussi sensibles que l’article 80 ou le cumul des mandats — qui détermineront si ce Dialogue sera vu comme un tournant historique, ou simplement une parenthèse médiatique.

Le pouvoir peut être jugé sur sa capacité à franchir le pas : transformer les consensus en lois et susciter l’adhésion populaire. L’opposition, quant à elle, devra choisir entre coopération constructive ou posture de défiance. Et les citoyens, eux, devront garder un œil vigilant pour s’assurer que les promesses se traduisent en actes.

Car au final, comme le rappelait Dr Gueye, c’est la République — et non ses composantes — qui doit l’emporter. Le reste ne relèvera que d’un risque d’illusion démocratique.


Sources

  • Lesoleil.sn — « Dialogue national 2025 : voici les points de consensus et de désaccords »
  • Sudquotidien.sn — « Dialogue national 2025 : des consensus significatifs »
  • Rtmd.tv — « Dialogue national : premiers points d’accords et désaccords majeurs révélés »
  • Senegal7.com — « Dialogue national : treize accords, quatre désaccords et deux points non traités »
  • Lanouvelletribune.info — « Sénégal : Dialogue national entre consensus affiché et points de friction »
  • Kafunel.com — « Conclusions du Dialogue national au Sénégal 2025 »


Source : https://xalimasn.com/2025/07/14/le-dialogue-nation...