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26e anniversaire de l’Appel du 16 juin 1999 de Moustapha Niasse : L’intégralité du discours de Mbaye Dione – SG l’AFP

Tenue à l’occasion de la Commémoration du 26e anniversaire de l’Appel historique du 16 juin 1999 du Président Moustapha Niasse, fondateur de leur parti, voici l’intégralité de l’allocution de Monsieur Mbaye Dione - Secrétaire Général de l’Alliance des Forces de Progrès (AFP)


Rédigé par leral.net le Dimanche 22 Juin 2025 à 11:43 | | 0 commentaire(s)|

Mesdames, Messieurs, les dirigeants et représentants des partis politiques et autres organisations,

Messieurs les Conférenciers,
Chers camarades,
Chers invités à vos rangs, titres et qualités,

Nous sommes réunis aujourd'hui, samedi 21 juin 2025, pour commémorer un événement fondateur : l'Appel du 16 juin 1999, lancé par Monsieur Moustapha NIASSE, un appel qui a donné naissance à notre formation politique, l’Alliance des Forces de Progrès(AFP). Un concours de circonstances fait que cet anniversaire coïncide cette année avec une période charnière pour notre pays. Vingt-six ans après, les mots de Moustapha Niasse résonnent avec une pertinence étonnante face aux défis actuels du Sénégal, dirigé par un nouveau pouvoir.

Pour comprendre la portée de l'Appel de 1999, il est essentiel de se replonger dans le contexte de l'époque. Le Sénégal traversait une période de doute profond, marquée par des promesses non tenues, des rendez-vous manqués et un fossé grandissant entre dirigeants et populations. Le Président NIASSE dénonçait alors un affaissement de l'État, une dépréciation de son autorité, et une perte progressive de confiance du citoyen envers le pouvoir politique.

Les préoccupations majeures du Sénégal étaient multiples :

• La Casamance :une crise persistante nécessitant une solution politique et non militaire, avec des populations souffrant atrocement avec un lot de morts civils et militaires et des milliers de déplacés,

• Le Développement Économique :une gestion au jour le jour, une dépendance excessive à l'aide internationale et une absence de projet de société clair. L'appel soulignait la nécessité pour le Sénégal d'assumer son propre développement, de travailler mieux et plus, et de lutter contre la corruption et la mal gouvernance,


• La Justice Sociale : des sacrifices inégalement répartis, avec des privilégiés se livrant à l'enrichissement illicite, à la corruption,

• La Gouvernance Démocratique :des manipulations de la Constitution et des institutions, remettant en cause les fondements de la démocratie parlementaire et la crédibilité des processus électoraux. L'appel militait pour une limitation des mandats présidentiels et une désignation consensuelle des acteurs clés des élections,


• Les Secteurs Sociaux : la famille sénégalaise menacée dans son identité, une jeunesse en proie à des inquiétudes profondes, la dévalorisation de l'éducation et de la formation, une université produisant des chômeurs, un système de santé dégradé, et un monde rural en attente de techniques éprouvées,

• La Diaspora et la Fuite des Cerveaux :des milliers de Sénégalais contraints à l'exil faute de promotion sociale par le mérite, et une politique erratique de gestion des ressources humaines préférant la médiocrité à la compétence…

En substance, Moustapha Niasse appelait à un "Sénégal autrement", fondé sur un État de droit, le respect des libertés, la recherche de l'intérêt général, la transparence et la reddition des comptes. Il soulignait que "changer le Sénégal devient un impératif absolu" et que "l'aide ne fait pas le développement".

Aujourd'hui, alors que le Sénégal est dirigé par un nouveau pouvoir arrivé avec un "énorme programme de promesses", l'écho de l'Appel du 16 juin 1999 est saisissant. Les thématiques abordées par Moustapha Niasse il y a plus de deux décennies résonnent étrangement avec notre actualité.

Le nouveau pouvoir s'est engagé sur des points clés tels que l'emploi des jeunes, l'éducation et la formation, le souverainisme, la démocratie (respect des libertés individuelles et collectives), la réduction du train de vie de l'État et l'industrialisation. Autant de promesses qui rappellent les aspirations profondes exprimées dans l'Appel.

Cependant, la réalité se complique. Nous observons des signes de difficultés dans tous les secteurs:

• Situation économique et financière préoccupante suite au débat sur la dette qui a entrainé un arrêt des financements de nombreux bailleurs extérieurs dont les FMI principalement et un recours à des financements court terme pour assurer juste les dépenses courantes

• Diplomatie qui bat de l'aileavecune cascade d’échecs de candidats sénégalais à des postes responsabilités internationales et une confusion de rôles entre le Premier Ministre et le Président de la République du Sénégal qui est dépositaire de la politique diplomatique et des relations internationales du pays,


• Front social en ébullition avecdes milliers de licenciements dans les secteurs publics et privées à cause de l’arrêt dans tout le pays de l’essentiel des chantiers du BPT surtout et malgré les promesses démagogiques faites aux jeunes de régler la question du sous-emploi,

• Démocratie et État de Droit en recul avec des arrestations arbitraires de citoyens sénégalais qui sont contre le régime et une chasse aux dignitaires de l'ancien régime sur fond de reddition des comptes. Cela soulève la question du respect des libertés individuelles et collectives, un principe fondamental défendu par Moustapha Niasse, qui insistait surl'importance de l'État de droit et d'une justice équitable. La mise en garde contre la "patrimonialisation de l'État" et la "recherche effrénée de prébendes" conserve toute sa pertinence face aux risques de dérives dans la "reddition des comptes"…

Le choix du thème de notre conférence d’aujourd’hui « Situation économique et financière actuelle du Sénégal : Responsabilitéset propositions de solutions » trouve sa pertinence dans l’urgence de poser le débat sur les véritables questions qui préoccupent les sénégalais d’ici d’ailleurs. Il est surtout question de proposer des solutions et laisser l’appréciation aux tenants du pouvoir.

A cet effet, sans anticiper sur les communications des conférenciers, d’éminents universitaires, Docteur Souleymane Astou DIAGNE et Docteur Mor GASSAMA, que je remercie très sincèrement, nous pouvons affirmer que l’économie sénégalaise traverse une période de turbulences sans précédent. La communication hasardeuse faite par le dirigeant du régime en place sur le niveau de l’endettement de notre pays a fini d’exposer le Sénégal à des difficultés de lever des crédits à long terme à des taux raisonnables auprès des bailleurs traditionnels.

Notre pays est obligé de faire recours au marché sous régional avec des taux moins compétitifs et sur de courtes durées. En effet, depuis son installation, le gouvernement emprunte à un rythme effréné sur le marché de l’UEMOA, creusant une dette dont les conditions restent opaques. L’emballement de la dette sur le marché UEMOA (plus de 700 milliards FCFA levés en 6 mois) prouve l’absence de stratégie de financement viable, sans que l’on sache réellement à quoi servent ces fonds.

L’absence d’une stratégie économique cohérente aggrave la situation. La Stratégie de Développement National, présentée comme le nouveau référentiel des politiques publiques, n'a toujours pas été consignée dans une version définitive. Les techniciens des Ministères des Finances et de de l’économie travaillent dans le flou, et les partenaires financiers, dont le FMI, attendent des signaux concrets avant de s’engager davantage. Comment peut-on piloter un pays sans référentiel clair ?

L'appel à la "reconquête de l'espace politique par le suffrage transparent pour l'avènement d'une démocratie citoyenne" est plus que jamais d'actualité, tout comme l'exigence d'une indépendance effective des institutions de la République.

Après le 3è Congrès ordinaire organisé avec un francs succès le 26 avril dernier et le passage de témoin entre le Président Moustapha NIASSE et moi-même qui ai la lourde responsabilité de conduire des destinées de notre parti, l'AFP se trouve devant une responsabilité cruciale : celle de perpétuer l'esprit de l'Appel du 16 juin 1999.

Cet appel n'était pas seulement une critique du passé ; il était un manifeste pour l'espoir, un appel à l'union dans la diversité pour la reconstruction nationale. Moustapha Niasse affirmait que "le Sénégal ne peut vivre qu'avec la liberté de créer. Il ne peut créer son destin que dans la liberté. Une renaissance est nécessaire."

Aujourd'hui, l'AFP, sous une nouvelle direction, doit se positionner comme le gardien de ces principes. Nous devons :

• Continuer à être une voix critique mais constructive : Dénoncer les dérives, mais aussi proposer des solutions concrètes, fidèles à l'esprit de l'appel qui insistait sur la nécessité de concevoir et d'assumer nos propres programmes de développement,

• Mettre l'accent sur les préoccupations du citoyen : Comme le faisait le Président Moustapha Niasse, nous devons placer au cœur de notre action la famille, la femme, la jeunesse, les chômeurs, l'éducation, la santé, le secteur informel et le monde rural,


• Promouvoir la bonne gouvernance et la transparence : Lutter contre la corruption et l'enrichissement illicite, et œuvrer pour un État de droit où l'intérêt général prime sur les ambitions personnelles,

• Défendre l'unité nationale et l'intégrité territoriale : Poursuivre le dialogue et la recherche de solutions politiques aux conflits, comme le préconisait l'appel pour la Casamance,


• Appeler à une gestion souveraine et responsable : Encourager l'investissement national et étranger par une protection contre les abus, et rappeler que le développement repose sur l'effort de tous les Sénégalais dans une parfaite synergie.

L'héritage de l'Appel du 16 juin 1999 est un cap à suivre pour l'AFP. C'est une boussole pour nous nouveaux dirigeants, nous invitant à ne jamais dévier de la voie de l'espoir, de la liberté et du service désintéressé de la nation.

Chers invités, chers camarades,

Au regard de ce qui se passe dans le monde, et en dépit de toute la bonne foi et de la bonne volonté concédées aux institutions de coopération internationale, force est de constater leurs limites face aux difficultés qui se posent à notre monde présentement. Pour preuve, quelques soient les efforts consentis, par la communauté internationale, la question palestinienne demeure toujours une équation insoluble pour cet ordre international établi.

En dépit de moult résolutions des nations unies et des accords de paix, dont la plus en vue est celle qui commande le retour aux frontières d’avant 1967 et l’arrêt immédiat de la colonisation. Israël, quant à lui, persiste dans le comportement unilatéraliste de la gestion de ce conflit. Or, nous voyons bien l’impasse dans laquelle il s’enferme en misant tout sur l’option militariste.

Pire, ce conflit s’étend et se densifie dans le Moyen-Orient, avec l’attaque récente de la République d’Iran par Israël. C’est pourquoi, avec votre permission, l’AFP par ma voix se joint à toutes celles qui demandent à l’Israël l’arrêt immédiat des bombardements contre les populations civiles, la cessation totale et sans réserve de la colonisation des terres palestiniennes et la reprise du dialogue franc et sincère pour la reconnaissance des deux Etats : Palestine et Israël.

Mes chers compatriotes, l'Appel du 16 juin 1999 n'est pas qu'un texte historique. C'est un texte prophétique dont les avertissements et les aspirations résonnent avec une acuité particulière dans le Sénégal de 2025. Il nous rappelle que le chemin vers un "Sénégal autrement" est un combat permanent, qui exige engagement, intégrité et fidélité aux valeurs démocratiques et républicaines.

A l'AFP, nous avons la responsabilité de porter ce flambeau ; l’obligation de nous engager à honorer cet héritage, à être la voix de ceux qui doutent et le bras armé de ceux qui espèrent. Car, comme le disait Moustapha Niasse, "les Sénégalais, s'ils ne peuvent pas changer de pays, ont le devoir et la possibilité de changer leur pays."
Ensemble, choisissons l'espoir, choisissons la construction d'un Sénégal plus juste, plus prospère et plus démocratique.

Je vous remercie de votre aimable attention.
Fait à Dakar, le samedi 21 juin 2025

Le Secrétaire Général de l’AFP
Monsieur Mbaye Dione