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Abdourahmane Sylla « Les députés ne défendent que leur propre intérêt à l’Assemblée Nationale»

Abdourahmane Sylla est le président de la commission des finances et membre du directoire national du Pds, chargé des élections législatives 2012. Il est, par ailleurs, secrétaire élu au conseil régional de Diourbel et membre du Conseil de la communauté rurale de Touba mosquée. Né à Touba, il a fait ses débuts à l’école coranique, avant de s’inscrire à l’école française. Ce diplômé de l’université Cheikh Anta Diop de Dakar a ensuite séjourné au Usa où il a pris gout au libéralisme, avant d’adhérer, à son retour, au Pds.


Rédigé par leral.net le Lundi 9 Juillet 2012 à 09:59 | | 0 commentaire(s)|

Abdourahmane Sylla  « Les députés ne défendent que leur propre intérêt à l’Assemblée Nationale»
Le peuple sénégalais semble renier ses députés. Qu’en pensez-vous

Au Sénégal, le système est tel que le député craint plus de décevoir celui qui l’a investi que le peuple lui-même. Ceci est dû au fait que le débuté est plutôt élu par son chef de parti qui, de son propre gré, peut le mettre dans une position décisive qui lui permet d’être nommé, sans aucun effort personnel fourni. Je prends le cas de Moustapha Cissé Lo, en troisième position sur la liste de Benno Bokk Yaakaar. Il était sûr qu’il serait député, avant même le début des campagnes et c’est grâce à Macky Sall. Ainsi, le premier souci du député à l’Assemblée, ne sera pas le peuple, mais de défendre ses propres intérêts, et ces intérêts seront, en priorité, sa réélection qui dépendra plus de son chef de parti. Donc, il faut changer le système et faire de sorte que l’élection d’un député dépende plus du peuple, afin qu’il puisse le servir à l’Assemblée Nationale.
Par ailleurs, ces élections ont remis en cause l’appel au boycott des élections législatives de 2007.

Quel bilan faites-vous des trois premiers mois d’opposition du Pds ?

Le Pds est déjà habitué à l’opposition. C’est d’ailleurs ce qui l’a forgé et qui a fait sa force. Le parti a plus duré à l’opposition qu’au pouvoir. Cela date du début de la fin du parti unique et c’était plus dur d’être opposant à l’époque. Et, il est quand même parvenu à s’en sortir…

Mais, en cette période, vous ne connaissiez pas encore le pouvoir.
Oui c’est vrai, nous n’avions jamais été au pouvoir et c’est toujours dur de le perdre. Cela engendre une toute nouvelle vie. C’est la démocratie qui est ainsi et il faut toujours se conformer à la volonté du peuple. Toutefois, cette perte a renforcé nos expériences et comme disait l’autre, c’est bien de reculer parfois pour mieux sauter. Et le Pds va se fortifier, après ces événements.

Vous ne pensez pas avoir compris, un peu tard, le signal des sénégalais, depuis les locales ?

Tout gagnant peut devenir un jour perdant. Nous avons vu que toutes les grandes villes ont été remportées par l’opposition, lors des élections locales. Mais, quelles que soient les difficultés auxquelles un parti peut faire face, il ne va pas vers des élections, en se disant qu’il va les perdre.

Depuis 4 ans, le Pds perd toutes les élections auxquelles il participe. Pourquoi ?

Ceci est dû à trois crises qu’a vécues successivement le parti. A savoir, la perte du pouvoir, la crise des investitures qui est un phénomène récurrent dans tous les grands partis. D’ailleurs, le cas d’Hélène Tine qui a quitté son parti, en pleine période d’investitures, en est une confirmation. Et enfin, les audits qui ne sont qu’un prétexte pour déstabiliser le Pds qui représentait l’adversaire le plus redoutable de Benno Bokk Yaakaar, pour ces élections législatives. Les convocations répétées des candidats investis et la saisie de leurs voitures les a beaucoup affaiblis et c’était le but visé. Ils se sont retrouvés sans moyen logistique pour se déplacer et c’est quelque chose de très déplorable, dans un pays de démocratie.

Ces crises alléguées ne sont-elles pas juste un prétexte pour refuser d’accepter que les Sénégalais vous ont simplement tourné le dos ?

Nous sommes partis seuls, sans aucune alliance face à de grandes coalitions et nous sommes venus en 2ème position. Nous avons, au moins, un groupe parlementaire et devançons, de loin, tous les autres adversaires. Nous pouvons même dire que nous sommes sortis victorieux des législatives, si nous prenons en considération les propos de Bokk Gis-Gis qui soutenaient que ces élections étaient comme des primaires et qu’ils allaient les remporter.

Où en êtes-vous avec les recours que vous avez brandis ?

Nous avons introduit des recours car, nous voulons un éclaircissement sur les résultats de certains départements. Toutefois, nous avons confiance en notre justice qui est la seule habilitée à trancher. Et quel que soit le verdict, nous allons l’accepter, puisque nous connaissons le jeu de la démocratie.

Le Pds, est-ce Abdoulaye Wade ?

Je ne vais pas me contredire, comme l’ont fait les leaders de Bokk Gis Gis. Je ne peux pas faire partie de ceux qui ont défendu le 3ième mandat de Me Wade et aujourd’hui, dire qu’il est inapte à diriger le parti, juste parce qu’il n’est plus au pouvoir.

Est-ce à dire que Pape Diop et compagnie se sont contredits ?

Oui. Ils sont même incohérents dans leurs propos. Et si Wade reste toujours à la tête du parti, c’est juste pour appuyer en retour ceux qui l’ont toujours soutenu. Autrement, il serait égoïste.

Wade appelle aux retrouvailles de la famille libérale et à une coalition avec Macky?

Il ne faut jamais dire jamais en politique. Mais, Wade a été clair dans ses propos. Il a juste dit qu’il ne rejetait aucune alliance, si ce n’est avec Bokk Gis-Gis. Par ailleurs, si les socialistes arrivent à s’allier avec les libéraux, pourquoi pas la famille libérale, elle-même. Toutefois, cela ne signifie pas que Wade veut faire chemin avec Macky

Qu’elle appréciation faites-vous des 100 jours de Macky Sall au pouvoir ?

Je déplore beaucoup sa façon de procéder. Surtout, en ce qui concerne les audits. Bref, je dirais que c’est parce que Macky appréhende la compétence de nos responsables qu’il s’attèle à des audits, de cette manière. Mais, ce qu’il ignore, c’est que des mouvements « réthiou » (regret en wolof) commencent à voir le jour.

Propos recueillis par Yaye Moussou TRAORE

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