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BAKEL SOUS COUVRE-FEU POUR LES DEUX-ROUES

Rédigé par leral.net le Samedi 26 Juillet 2025 à 22:50 | | 0 commentaire(s)|

Les autorités ont interdit la circulation des motocyclettes entre minuit et 6 heures, une mesure d'urgence adoptée après les attaques jihadistes menées début juillet dans l'ouest du Mali, à quelques centaines de mètres de la frontière

(SenePlus) - Les autorités ont imposé une interdiction de circulation nocturne des motocyclettes dans le département de Bakel, une mesure d'urgence qui traduit l'inquiétude croissante face aux ambitions expansionnistes du Groupe de soutien à l'islam et aux musulmans (GSIM).

Cette décision, matérialisée par un arrêté préfectoral daté de jeudi dernier, intervient dans un contexte sécuritaire particulièrement tendu. Selon Jeune Afrique, « pour des raisons de sécurité, la circulation des motocyclettes et cyclomoteurs est interdite dans le département de Bakel de minuit à 6 heures pour la période allant du 24 juillet 2025 au 24 août 2025 ». Une mesure stricte qui épargne néanmoins « les véhicules des personnels de santé, des forces de sécurité et de défense », précise le média panafricain.

Le choix du département de Bakel n'est pas anodin. Cette zone de l'est du pays se trouve dans l'épicentre d'une escalade sécuritaire régionale qui préoccupe au plus haut niveau. La proximité géographique avec le Mali, théâtre de violences jihadistes récurrentes, place cette région en première ligne des préoccupations sécuritaires nationales.

L'élément déclencheur de cette mesure restrictive remonte aux attaques coordonnées du 1er juillet dernier. Ces opérations, revendiquées par le GSIM (également connu sous l'acronyme arabe JNIM), ont visé « des positions de l'armée dans plusieurs villes de l'ouest du Mali, causant la mort d'au moins un civil », rapporte Jeune Afrique. Parmi les localités ciblées, Diboli revêt une importance stratégique particulière : située « tout près de la frontière avec le Sénégal et à moins de 500 mètres de la localité sénégalaise de Kidira », elle illustre la porosité dangereuse des frontières sahéliennes.

L'analyse des mouvements du JNIM révèle une stratégie d'expansion particulièrement préoccupante pour les autorités sénégalaises. Selon une étude du Timbuktu Institute, un cercle de réflexion basé à Dakar et citée par Jeune Afrique, « le JNIM cherche à s'implanter au Sénégal et en Mauritanie depuis la région frontalière commune du sud-ouest du Mali, où le mouvement jihadiste a augmenté ses activités de façon exponentielle ».

Cette progression géographique s'accompagne d'une sophistication tactique inquiétante. Le groupe utilise « ces dernières années la région de Kayes (sud-ouest du Mali) comme base arrière pour pénétrer la Mauritanie et le Sénégal voisins », détaille l'étude publiée fin avril. Cette approche méthodique témoigne d'une planification à long terme qui dépasse le cadre des incursions opportunistes.

Le JNIM, « groupe jihadiste le plus influent au Sahel », selon Jeune Afrique, étend progressivement son emprise territoriale. « Largement présent au Mali, au Niger et au Burkina Faso », le mouvement affilié à Al-Qaïda « étend de plus en plus son influence vers les pays du Golfe de Guinée ». Cette dynamique expansionniste place le Sénégal dans une position délicate, à la fois pays de transit potentiel et cible stratégique.

La réaction des autorités sénégalaises s'inscrit dans une démarche sécuritaire plus large, mise en œuvre depuis plusieurs années. « Le Sénégal a renforcé depuis quelques années les mesures de sécurité à sa frontière avec le Mali où des patrouilles sont régulièrement menées, notamment avec les forces militaires de ce pays en proie à une profonde crise sécuritaire », indique Jeune Afrique.

L'interdiction nocturne des deux-roues dans le département de Bakel répond à une logique opérationnelle précise. Les motocyclettes constituent en effet un moyen de transport privilégié des groupes armés dans la région, offrant mobilité, discrétion et facilité d'usage sur les terrains difficiles du Sahel. En restreignant leur circulation durant les heures les plus propices aux infiltrations, les autorités cherchent à limiter les capacités de mouvement des éléments hostiles.

Cependant, cette mesure d'urgence, bien qu'adoptée « plus de trois semaines après les attaques ayant ciblé notamment Diboli », soulève des questions sur la temporalité de la réponse sécuritaire. L'administration territoriale locale, contactée par l'AFP selon Jeune Afrique, « n'a pas voulu commenter cette décision », maintenant un certain flou sur les détails opérationnels de cette restriction.

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Farid


Source : https://www.seneplus.com/societe/bakel-sous-couvre...