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Cancer du sein: le guide pour aller mieux de jour en jour

Rédigé par leral.net le Vendredi 17 Mars 2017 à 16:14 | | 0 commentaire(s)|

L'annonce d'un cancer du sein est un véritable ouragan. Quand informations et émotions se bousculent, comment gérer la suite ? Nos conseils pour vous aider dans ces moments délicats : à l'annonce de la maladie, au moment du traitement, et après les soins.


Cancer du sein: le guide pour aller mieux de jour en jour
L'annonce
Quand la nouvelle tombe, les questions se bousculent. Enchaîner les examens, passer ou non par l'étape chirurgie avant ou après la chimio… il faut mettre en place le parcours de soins. Le vécu n'est pas le même en fonction du lieu où le diagnostic est posé, en ville ou à l'hôpital. On s'organise au cas par cas.

Au premier rendez-vous
Autant que possible, il faut prévoir d'être accompagnée. “La patiente a beaucoup de mal à enregistrer les informations, a constaté Agnès Lecas, déléguée du service action pour les malades de la Ligue contre le cancer. La personne accompagnatrice peut donc prendre des notes pour elle et, bien sûr, la soutenir”.

Que faire quand on se retrouve seule après ? Certaines associations de patients disposent de services d'écoute. C'est préférable aux échanges sur les forums de discussion, qui accentuent l'angoisse. Dans tous les cas, si on est tentée de surfer sur internet, c'est avec prudence et en privilégiant les sites comme celui du service Cancer Info, e-cancer.fr, où les données sont à jour.

Compter sur son médecin et les bons réseaux
En ville, le spécialiste est le mieux informé pour orienter vers le service d'oncologie compétent, et la coordination entre lui et l'établissement hospitalier se fera facilement. Pour les patientes diagnostiquées à l'hôpital, le médecin traitant reste important et l'on prend rendez-vous avec lui. “Certaines femmes consultent plusieurs spécialistes, a constaté le Pr Catherine Uzan, du service Chirurgie et cancérologie gynécologique et mammaire de la Pitié-Salpêtrière, à Paris. On peut le comprendre, mais mieux vaut éviter l'errance médicale, qui angoisse et n'aide pas à choisir”, observe-t-elle.

Parallèlement, il faut gérer l'aspect pratique. L'hôpital dispose d'un service d'assistance sociale, et il est bon de s'en rapprocher, même sans besoin déterminé. En ville, les associations de patients proposent aussi des réseaux qui apportent une aide administrative, financière, pour la garde des enfants, etc.

Gagner du temps
Certaines femmes reçoivent l'annonce comme un compte à rebours et veulent faire vite. De plus en plus de parcours “short track” se mettent en place en France, comme le service Accueil sein de la Pitié-Salpêtrière, dirigé par le Pr Uzan. “On a raccourci le temps de prise en charge pour diminuer le stress et optimiser les traitements”, explique-t-elle. Quand une patiente appelle, elle a rendez-vous le lundi suivant pour faire les examens et rencontrer le chirurgien. Elle a les résultats la même semaine et peut être opérée si nécessaire. Une rencontre est aussi prévue avec l'infirmière d'annonce, qui fait le tour des soins de support proposés (oncopsychologie, nutrition, sport, esthétique…). Pour être orientée vers les centres compétents, renseignez-vous auprès de Cancer Info ou de la Ligue contre le cancer".

Pendant le traitement
Même si le traitement de la maladie fait sans cesse des progrès, les soins contre le cancer entraînent encore des effets secondaires comme la douleur, la fatigue, les gonflements, les douleurs articulaires. Heureusement, on peut en limiter les effets. On mise sur les “soins de support”

Hypnose, sophrologie, relaxation, acupuncture… il est devenu évident que les médecines dites “alternatives” ou “complémentaires” sont devenues indispensables pour rendre plus supportable la chimiothérapie ou la radiothérapie. D'ailleurs, 63 % des Français les jugent importantes, selon une enquête réalisée par l'Institut Curie. A l'hôpital, ces disciplines sont regroupées dans les services “de soins de support”. En clinique, ce type de service n'existe pas toujours. Mais l'oncologue est en réseau avec des professionnels qui savent prendre en charge les femmes atteintes d'un cancer du sein. Il vous guidera vers ce qui vous convient le mieux.

L'homéopathie contre les effets secondaires
En France, environ un tiers des femmes traitées recourent aux médecines complémentaires avec, en tête, l'homéopathie car elle propose des traitements personnalisés contre les aphtes, les bouffées de chaleur, les pertes de sensibilité des doigts dus aux traitements lourds. Il est essentiel de se faire traiter “à la carte” par un homéopathe.

Pour en savoir plus, un livre, Cancer et homéopathie, du Dr Jean-Lionel Bagot (éd. Unimedica) et un site, soscancerdusein.org.

La diététicienne pour garder son poids et son immunité
Les traitements contre le cancer modifient le tube digestif et peuvent entraîner douleurs, nausées et perte d'appétit. La diététicienne explique comment fractionner ses repas pour les rendre plus digestes, privilégier les aliments froids, moins odorants, moduler ses boissons plutôt avant et après les repas que pendant.

Grâce à elle, vous saurez tout sur les aliments pro ou anti-cancer. En général, on conseille un régime pauvre en graisse animale, riche en légumes et en fruits. En cas de perte de poids, il est recommandé d'augmenter les purées et les soupes, faciles à digérer et riches en vitamines. Mais 40 à 50 % des patientes prennent au contraire au moins 3 kg. Il faut alors, en accord avec la diététicienne, revoir son régime à la baisse. Faire la traque aux sucres rapides, desserts, sodas…, est indispensable. Pour en savoir plus sur la recherche : le réseau Nacre (Réseau national alimentation cancer recherche).

Parler, c'est capital
Le psychothérapeute aide à mettre des mots sur les angoisses et à s'adapter aux changements de vie. Mais le “face-à-face” n'est pas la seule option. De nombreux services d'oncologie organisent des groupes de parole qui permettent aux femmes d'échanger, ensemble, sur leur vie et leur expérience.

Et après
Le sport, prévention contre les rechutes
Après un cancer, le meilleur moment pour reprendre une activité physique est à décider avec l'oncologue. Dans un premier temps, des séances de kinésithérapie sont nécessaires. “Le kinésithérapeute permet de remettre en place l'épaule opérée, car les femmes ont tendance, pour protéger la cicatrice, à se recourber en avant et à avancer l'épaule. Il s'occupe de la cicatrice en assouplissant les tissus, explique Jocelyne Rolland, kinésithérapeute, créatrice de la méthode Rose Pilates, un Pilates spécialement adapté aux femmes opérées d'un cancer.

Puis il faut passer à l'activité physique proprement dite pour ne pas prendre de poids. Les cellules graisseuses sont inflammatoires et augmentent les risques. L'exercice combat les effets secondaires et permet de mieux supporter l'hormonothérapie.” A chaque femme son ordonnance sportive, l'idéal étant de combiner deux types d'entraînement : l'activité d'endurance (marche, vélo, natation) qui augmente le rythme cardiaque en douceur pendant 30 à 45 min, 3 à 5 fois par semaine. Et en parallèle, une activité qui muscle : de la gym par exemple.

Mais on peut joindre les deux : nager avec des palmes, de la marche avec des bâtons pour travailler les bras… Il existe aussi des gyms spécifiques, comme cette méthode Rose Pilates : “Les exercices permettent de reprendre confiance en soi, de se servir et de s'appuyer sur le bras du côté opéré, de s'allonger sur le ventre. Bref de retrouver un corps solide en lequel on a confiance”, poursuit Jocelyne Rolland.

Un cancer, ça change quoi ?
L'annonce d'un cancer bouleverse une vie. “Chaque femme a une représentation différente de la maladie”, souligne Sarah Dauchy, psychiatre, chef du département des soins de support (DISSPO) et de l'unité de psycho oncologie (UPO) à l'institut Gustave-Roussy. Ce n'est pas la même chose quand le diagnostic survient chez une femme qui a perdu sa mère de la même maladie ou chez une autre dont c'est le premier accident de vie et qui réalise sa vulnérabilité…

Mais une malade sur deux éprouve vraiment des difficultés d'adaptation, qui se manifestent par des troubles émotionnels, 15 % d'entre elles subissent une véritable déprime. Or, on sait que cette maladie multiplie par trois le risque d'abandon des traitements qui évitent la rechute. 30 à 50 % des femmes cessent avant trois à cinq ans.

L'impact de la maladie remet parfois en question les choix professionnels, le couple, le désir d'enfant. C'est un vrai test sur la solidité des liens : des amis disparaissent, alors que d'autres, insoupçonnés, se rapprochent. “Mais les couples qui se séparent avaient souvent déjà des problèmes auparavant”, a constaté la spécialiste. Dans l'entreprise, c'est la même chose. La malade rappelle à chacun sa vulnérabilité. Certains collègues ont peur et s'écartent. D'autres sont extrêmement solidaires, font don de leurs RTT, etc.

Le conseil : s'entourer. D'amis, de la famille, de spécialistes… pour ne pas accepter un licenciement sans l'avoir désiré. Ne pas entamer un divorce sans savoir quelle est sa motivation profonde. Et surtout, bien observer son traitement. Il faut un accompagnement psychologique et des services pour soigner le psychisme, la douleur, le besoin de faire du sport…, sur la durée.

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