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Comment Donald Trump s'est retrouvé dans le collimateur de la justice américaine

Rédigé par leral.net le Jeudi 15 Juin 2017 à 23:59 | | 0 commentaire(s)|

L’information du «Washington Post» fait effet d’une nouvelle bombe: le procureur spécial chargé de l’enquête sur une éventuelle ingérence de Moscou dans la campagne électorale braque ses projecteurs sur le président américain. Avec cette question que tout le monde se pose à Washington: Donald Trump a-t-il fait ou non entrave à la justice?

Cette affaire russe devient décidément de plus en plus embarrassante pour le président américain. A tel point que la Maison-Blanche ne communique plus sur le sujet. C’est l’avocat de Donald Trump, maître Kasowitz, qui se charge de donner des explications à la presse. Il n’a pas hésité à qualifier les nouvelles fuites sur l’enquête publiée par le Washington Post (en anglais) de « scandaleuses, inexcusables et illégales ».

Le président n’a pas tardé lui non plus, à réagir. Et comme d’habitude, il a envoyé sa charge via Twitter. « Ils ont fabriqué une collusion bidon, avec l'histoire russe, a écrit Donald Trump, ils n'ont trouvé aucune preuve, et donc maintenant ils se lancent dans l'entrave à la justice sur cette histoire bidon. Sympa ».

 

Mais ce n’est pas tout. Dans un deuxième tweet, il dénonce – n’ayant visiblement pas peur des superlatifs – « la plus grande chasse aux sorcières de l'histoire politique des Etats-Unis ».

 

 

Sur quoi s’appuie le procureur général ?

D’après le Washington Post, le FBI a lancé cette enquête sur Donald Trump quelques jours après le limogeage du directeur de la police fédérale James Comey, en mai dernier. Comey avait d’ailleurs déclaré,lors d'une audition devant le Sénat, qu’il subissait des pressions de la part du président américain. Donald Trump lui aurait demandé d'abandonner l'enquête sur Michael Flynn, son ancien conseiller à la sécurité nationale soupçonné d’entretenir des liens avec des responsables russes.

Comey a opposé une fin de non-recevoir à cette demande présidentielle, mais Donald Trump est revenu à la charge. Il aurait demandé au directeur du Renseignement, Daniel Coats, qui chapeaute toutes les agences, d’intervenir auprès de Comey pour qu’il cesse de cibler Michael Flynn. Cette conversation a eu lieu en tête-à-tête, mais le directeur du Renseignement en a informé ses collaborateurs.

Quelques jours plus tard, Trump a procédé à une nouvelle tentative: il a appelé Coats et le directeur d’une autre agence, la NSA, leur demandant de déclarer publiquement qu'il n'existe aucune preuve de collusion entre les membres de son équipe de campagne et la Russie.

Mais les deux hommes ont refusé de se plier à la volonté du président. Cette conversation téléphonique a fait l’objet d’une note écrite par l’adjoint du directeur de la NSA. Richard Ledgett sera d’ailleurs interrogé par le procureur spécial Robert Mueller dans les prochains jours, tout comme les chefs des deux agences, le Renseignement et la NSA.

Que risque Donald Trump ?

L'enjeu est considérable pour le président américain. Si des preuves d'entrave à la justice étaient réunies, cela pourrait en théorie ouvrir la voie à une procédure de destitution. C’est au Congrès d’en décider. Les deux Chambres sont contrôlées par les républicains. Pour activer la procédure de destitution, il faut un premier vote à la majorité simple à la Chambre, et ensuite, un vote à la majorité de deux tiers. Mais il existe une autre option : si le procureur concluait qu’il y a eu entrave, la loi américaine permettrait aussi au ministère de la Justice d’inculper le président. Ce scénario est toutefois très improbable.

En attendant, la direction du parti républicain a donné à ses élus quelques éléments de langage pour communiquer sur cette affaire. Elle serait montée de toutes pièces, il n’y a jamais eu de collusion avec la Russie et d'entrave à la justice, que le vrai scandale, c’est la fuite des informations dans la presse.

Et qu’il faut arrêter tout ce cirque et revenir à des sujets qui intéressent vraiment les Américains. D'après un sondage, ceux-ci estiment à une large majorité – 68 % – que le président a effectivement essayé d’intervenir dans l’enquête sur l’affaire russe.

source: RFI