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Dame Justice tient bon : Malgré les tempêtes politiques, les prétoires restent debout

Le bras de fer entre l’APR et le Pastef ne faiblit pas. Des urnes aux réseaux sociaux, en passant par les tribunaux, les deux camps se livrent à une guerre sans répit. Dernier épisode en date : l’affaire Assane Guèye, plus connu sous le nom d’Azoura Fall, activiste réputé proche du Premier ministre Ousmane Sonko. Comme le rapporte "Enquêteplus.com", son arrestation a provoqué une levée de boucliers au sein du parti Pastef et de ses soutiens.


Rédigé par leral.net le Mercredi 14 Mai 2025 à 17:19 | | 0 commentaire(s)|

Députés, Directeurs généraux, avocats et sympathisants se sont succédé pour dénoncer ce qu’ils considèrent comme une « injustice ». Mais la justice n’a pas cédé. Azoura a d’abord été placé en garde-à-vue, puis mis sous mandat de dépôt. Il a comparu en flagrant délit mardi, selon son avocat Me Bamba Cissé, également conseil du Premier ministre.

Ce dernier s’était montré préoccupé à la veille de la confrontation avec le procureur. Trois issues étaient alors envisagées : un classement sans suite, une instruction ou un jugement immédiat. Le parquet a tranché pour la voie médiane : pas d’instruction longue, mais pas non plus d’abandon des poursuites. Ainsi, le sort de l’activiste repose désormais entre les mains du juge des flagrants délits. D’après "Enquêteplus.com", il encourt jusqu’à deux ans de prison et une amende pouvant atteindre 300 000 FCfa, selon l’article 56 et suivants du Code pénal.

Deux poids, deux procédures ?

Pendant ce temps, l’autre protagoniste de la bataille politico-judiciaire, Abdou Nguer, chroniqueur proche de l’APR, reste en détention préventive. Inculpé pour diffusion de fausses nouvelles, son dossier a été confié à un juge d’instruction depuis le 17 avril, mais il n’a toujours pas été entendu, s’indignent ses avocats.

Me El Hadj Diouf, l’un d’eux, dénonce une détention abusive : « On parle de fausses nouvelles, mais personne ne peut dire de quelle nouvelle il s’agit », rapporte "Enquêteplus.com". L’avocat affirme que la vidéo incriminée ne comporte aucune révélation et que Nguer n’est pas l’auteur du post qui a circulé. Le propriétaire de la page en question aurait même été arrêté à Thiès, preuve selon lui, d’une confusion manifeste dans l’enquête.

Pour certains observateurs, il est exagéré de comparer les deux dossiers. Là où Azoura est poursuivi pour injures et propos jugés contraires aux bonnes mœurs, les faits reprochés à Nguer relèvent davantage de la désinformation publique, tout comme dans le cas d’Assane Diouf, emprisonné depuis mars, sans jugement à ce jour.

Une justice sous pression mais droite dans ses bottes

Loin des plaidoyers passionnés, Dame Justice avance à son rythme, entre pressions politiques, mobilisation militante et attentes de l’opinion. Me Bamba Cissé plaide qu’Azoura a déjà payé pour son passé : une longue détention d’un an et deux mois sous le régime précédent, suivie d’une amnistie, mais sans réparation réelle. Il dénonce aussi les conditions carcérales ayant affecté la santé de son client.

Mais pour d’autres, l’émotion ne saurait faire loi. L’ancien prisonnier Assane Diouf, dans une situation comparable, n’a pas bénéficié d’autant de clémence ni de soutien. À l’APR, on insiste : Abdou Nguer n’a commis aucune infraction méritant la prison.

Reste un mystère non élucidé : qui finance les bataillons d’avocats mobilisés dans ces affaires ? Les ténors du barreau, de part et d’autre, se succèdent à l’audience. Simple engagement militant ou soutien discret de puissants commanditaires ?

Quoi qu’il en soit, conclut "Enquêteplus.com", cette double affaire illustre bien comment les prétoires deviennent les prolongements de l’arène politique, dans un pays où la démocratie se jauge aussi dans la solidité de ses institutions judiciaires.