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Dialogue national : Les raisons de la volte-face de Macky Sall

Les vraies raisons du boycott du Dialogue national par l’APR, sont désormais connues : Macky Sall, consentant au départ, a déchiré l’invitation à la suite de la convocation de son fils Amadou Sall par le parquet.


Rédigé par leral.net le Mercredi 14 Mai 2025 à 17:13 | | 0 commentaire(s)|

Dialogue national : Les raisons de la volte-face de Macky Sall
« Point Actu » est en mesure de révéler les vraies raisons de la grosse reculade de l’Alliance pour la République (APR). La formation politique de l’ancien président Macky Sall avait, en fait, bel et bien composté son billet pour le Dialogue national du 28 mai prochain. Mais le 9 mai dernier, les apéristes ont fait face à la presse, pour décliner l’invitation du Président Bassirou Diomaye Faye.

Le parti du président Macky Sall qui a posé un pas en avant, puis cent autres en arrière en un laps de temps, a surpris plus d’un. Tout est parti de la convocation du Pool judiciaire financier (PJF) d’Amadou Sall, fils de l’ancien chef de l’Etat. Tout était, en effet, bien ficelé, pour l’opinion et les membres de l’APR, jusqu’à cette fameuse conférence de presse du 9 mai. Ce jour-là, le porte-parole du parti, Seydou Guèye, est monté au créneau et la tempête de ses propos résonnent encore dans nombre de cervelles. « (…) C’est un simulacre de dialogue, qui semble avoir pour seul objectif de justifier des règlements de comptes politiques. (…) Nous ne pouvons cautionner un processus biaisé, où l’arbitraire remplace le Droit, où des ministres dits ‘indépendants’ abusent de leur position, pour mener une chasse aux sorcières et où les institutions sont instrumentalisées au mépris des principes républicains.

L’Apr ne renonce pas au dialogue, mais exige un cadre transparent, inclusif, respectueux des forces politiques et des règles démocratiques. Ce n’est qu’à ces conditions que nous pourrons contribuer de manière responsable et constructive, à la consolidation de notre démocratie
».

Il ajoute enfin : « Depuis quelques semaines, l’opinion nationale est témoin d’une campagne d’acharnement injustifié contre les membres du régime sortant. Ce qui se joue actuellement, sous couvert d’un processus de dialogue, ressemble davantage à une tentative de décapitation politique de l’Alliance pour la République (Apr) qu’à une volonté sincère de concertation nationale ».

Ce revirement n’est pas gratuit et il n’est non plus guère surprenant. Le 21 avril dernier, l'expert des droits humains et fondateur d'Afrikajom Center, Alioune Tine, a reçu le responsable de l’APR, Pape Malick Ndour. Les deux personnalités ont échangé autour de la gouvernance politique sur laquelle la Cour des comptes a dressé un rapport « explosif ». De cette rencontre, on apprend que le père de Pape Malick Ndour est un ancien collègue et ami de longue date d’Alioune Tine, à l’université Cheikh Anta Diop de Dakar (UCAD). La visite n’est guère une affaire de civilité à l’africaine. Pape Malick Ndour, fer de lance depuis quelques temps de l’APR, est parti présenter à M. Tine, un rapport alternatif sur les finances publiques soumis au Fonds monétaire international (FMI). Le document est une sorte de réplique au rapport de la Cour des comptes qui accable la gouvernance de Macky Sall.

Alioune Tine magnifie l’acte sur les réseaux sociaux. « Il est encourageant de voir des voix internes au pouvoir, oser proposer des lectures alternatives et objectives sur les finances publiques. Dans un contexte où s’exprimer avec indépendance et lucidité demande du courage, cela mérite d’être salué », affirme-t-il. Alioune Tine écrit avoir réaffirmé son appel à une rencontre entre l’ancien président Macky Sall, son successeur Bassirou Diomaye Faye et son Premier ministre Ousmane Sonko. L’objectif ? Apaiser le climat politique et régler les différends par la voie du dialogue. « Ma proposition a été bien accueillie », confie Tine.

« Je demeure optimiste. Le Sénégal a toujours su puiser dans ses ressources profondes pour surmonter les épreuves. Sa capacité de résilience est remarquable, même dans les moments d’agitation », a déclaré M. Tine.

Ce qu’il n’écrit pas sur les réseaux sociaux c’est que Pape Malick Ndour a appelé, au téléphone, son mentor Macky Sall, puis il a passé l’appareil à Alioune Tine. Au cours de leur entretien, le président Sall a avoué son intention de participer au Dialogue national. Seulement, voilà, le 28 avril dernier, le contexte politique se dégrade. La presse annonce, en effet, qu’à la suite de l’enquête sur les plus de 125 milliards de francs Cfa de transactions douteuses tracés dans le rapport de la Centif, le Parquet financier a convoqué Amadou Sall, fils aîné de l’ancien président Macky Sall. Le face-à-face est fixé au 7 mai dernier. Et au menu de la rencontre, figure une transaction de 10 milliards FCfa. Une partie de cette manne financière aurait transité dans le compte de la société Woodrose Investment Ltd logé à la banque NSIA et géré par la dame N. S. Ndiaye, visée aussi dans le réquisitoire introductif du parquet.

Selon "L’Observateur", « l’enquête de la Centif mentionne que Ndèye Seynabou Ndiaye avait fait une procuration à Amadou Sall, pour gérer le compte. Ce qui laisse croire qu’il en serait le bénéficiaire économique ». Macky Sall, dont une partie de son temps se passe au téléphone et sur les réseaux sociaux, pique une colère noire. Il ameute ses lieutenants de l’APR et leur enjoint de ne plus participer au Dialogue national. C’est la stupéfaction dans les rangs du parti, où on ne comprend nullement ce revirement à 360°. La conférence de presse du 9 mai dernier est convoquée pour annoncer la position des apéristes. Sans emporter la conviction de nombre de ténors !

Une source proche de l’APR indique, en effet, que plusieurs hauts responsables ont décidé de se désolidariser du mot d’ordre de boycott du Dialogue. Cette éventualité risque d’imploser le parti de l’ancien chef de l’Etat qui, poursuit la même source, tente de colmater les brèches. « Macky Sall appelle un à un les candidats au Dialogue, pour les convaincre de se ranger derrière la consigne du boycott », soupire notre source, qui a souhaité garder l’anonymat. Reste à savoir s’il parviendra à circonscrire le feu des défections annoncées.

Ousseynou Wade