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Dr. Mohamed Lamine Ly, spécialiste en Santé publique: «Pour pouvoir parler d’épidémie, il y a certains critères techniques…»

Rédigé par leral.net le Lundi 25 Septembre 2023 à 20:49 | | 0 commentaire(s)|

Dr Mohamed Ly se prononce sur la flambée des cas de grippe constatée dans les structures sanitaires. Le spécialiste en santé publique donne les critères qui doivent être remplis pour pouvoir parler d’épidémie. Il partage aussi les mesures à prendre pour contrer la maladie.  Entretien.  Les cas de grippe flambent à Dakar et dans la […]

Dr Mohamed Ly se prononce sur la flambée des cas de grippe constatée dans les structures sanitaires. Le spécialiste en santé publique donne les critères qui doivent être remplis pour pouvoir parler d’épidémie. Il partage aussi les mesures à prendre pour contrer la maladie.  Entretien. 

Les cas de grippe flambent à Dakar et dans la banlieue. Peut-on parler d’épidémie ?        

Les experts en surveillance épidémiologique préfèrent parler de syndrome grippal ou syndrome de type grippal. Cela répond à la définition de cas suivante : toute personne, enfant ou adulte, présentant un brusque accès de fièvre supérieur à 38 ºC et une toux ou des maux de gorge, sans qu’aucun autre diagnostic ne permette d’expliquer la maladie.  Le cas confirmé de grippe serait alors un cas répondant à la définition du cas clinique et confirmé en laboratoire (les analyses de laboratoire doivent montrer la présence du virus de la grippe). Cela est dû au fait que beaucoup d’affections tropicales ressemblent à ce qui est communément défini sous le vocable de grippe, à savoir le paludisme, la fièvre typhoïde, les méningites, la dengue, etc., surtout en début de maladie, là où le diagnostic précoce revêt d’autant plus d’importance qu’elle conditionne une prise en charge rapide et efficace garante d’un pronostic favorable.

Vous voulez dire que c’est encore prématuré de parler d’épidémie ?

Tous ces rappels qui peuvent paraître un peu longs avaient pour objectif de montrer l’importance de la surveillance épidémiologique de la grippe, d’autant que les virus grippaux évoluent constamment, d’où la nécessité de collecter et de caractériser en continu les données sur ces virus. Les virus grippaux peuvent subir des modifications brusques et significatives qui aboutissent à un virus très différent de ceux actuellement en circulation.  Les données issues de la surveillance permettent d’estimer la charge de morbidité associée à la grippe (en cas de maladie grave, d’hospitalisation et de décès) et contribuent ainsi aux études sur l’efficacité des vaccins et à la mise au point de nouveaux. Mais pour pouvoir parler d’épidémie, il y a certains critères techniques qui doivent être remplis comme le dépassement d’un seuil prédéfini ou la survenue d’un nombre anormalement élevé de cas et/ou une perturbation de niveau variable dans les écoles, les services de soins, sur les lieux de travail et aux points d’entrée.

Mais comment expliquer ce nombre élevé de cas de grippe ?                    

Il faudrait donc confirmer, par des données probantes, la réalité de l’épidémie. Toujours est-il que la situation est devenue encore plus complexe avec l’apparition de maladies dites émergentes avec les grippes dues à de nouveaux sous-types, particulièrement la grippe aviaire. Il y a aussi les fièvres hémorragiques virales comme celle de Crimée-Congo, dont quelques cas ont été rapportés dans notre pays et surtout la Covid-19. Plusieurs symptômes de la grippe comme la fièvre, les maux de tête, les douleurs musculaires, les éternuements et la toux sont semblables à ceux de la Covid-19. Pour cette dernière, on observe en outre des symptômes spécifiques tels que l’anosmie qui est la perte de l’odorat ou du goût des aliments.

Les cas se multiplient dans les structures sanitaires. Que faire donc pour limiter la circulation de la maladie ?             

Les mesures-barrières édictées lors de la dernière pandémie de COVID-19 et avant cela lors des flambées de divers syndromes grippaux et autres infections respiratoires aiguës sévères restent parfaitement valables.

Peut-on faire un lien entre cette recrudescence des cas de grippe et le contexte marqué par la pluie et les inondations ?                   

C’est le temps froid et sec qui serait plutôt un facteur favorisant des affections grippales et respiratoires, en général. Il faut dire que le confinement combiné avec la diffusion d’aérosols, en cas de présence du virus, sont les facteurs les plus déterminants dans la propagation de l’affection.

Hormis la grippe, y a-t-il d’autres pathologies qui préoccupent présentement les agents de santé ? 

Oui, bien sûr et je crois en avoir parlé à l’entame de mes propos. Actuellement, ce sont les grippes dues à d’autres sous-types, comme le paludisme, les méningites, la fièvre typhoïde, la dengue et les fièvres hémorragiques qui préoccupent les agents de santé de notre pays. Des pathologies, du reste, qui sont très bien prises en charge.

Propos recueillis par Abdoulaye DIALLO

 



Source : https://lesoleil.sn/dr-mohamed-lamine-ly-specialis...