Qu’on ne m’oppose pas les actes d’indélicatesse de quelque brebis galeuses, je veux chanter un corps et une vocation. A toi enseignant, quel que soit le lieu où tu défends la nation contre les assauts de l’ignorance et de l’obscurantisme, je dirai avec Jalal Rum Adini, « au-delà des valeurs du bien et du mal, il y a un champ, c’est là-bas que je te retrouverai » ! Car si la nation était une personne humaine, tu en serais l’âme ; si le Sénégal était une vie, tu en serais le souffle sagace. Tu es la racine qui produit la sève qui nourrit et fixe l’arbre qu’est l’humanité solidement dans le sol de la civilisation. Tu est la lumière qui chasse les ténèbres, car en instruisant, tu éduques. L’enseignant porte le monde sur ses épaules, car comme l’a si bien dit Cicéron, « un champ si fertile ne peut pas produire, et c’est la même choses pour l’âme sans enseignement ».
Gloire donc à toi qui cultive le vrai seul jardin, celui dont les fruits se régénèrent et deviennent plus doux au fur et à mesure qu’ils sont consommés. Blâme donc à celui qui te sous-estime et qui déprécie ton statut social. Une société qui n’accorde pas à l’enseignant le statut qui est naturellement le sien, n’est pas pérenne, et elle est sans ambition réelle. L’éducation n’est pas seulement le ciment de la société, elle en est le limon fertile, le levain, car c’est le cordon ombilical entre le présent et l’avenir.
Si nous ne voulions pas que nos enfants perpétuent l’œuvre de civilisation que nous bâtissons, nous ne les soumettrions pas à l’épreuve de l’école. Comment peut-on alors décrédibiliser celui qui est censé veiller sur le socle ultime de la civilisation et espérer un avenir prometteur à sa descendance ? Annah Arendt a raison de définir l’éducation comme : « le point où se décide si nous aimons assez le monde pour en assumer la responsabilité, et de plus, le sauver de cette ruine qui serait inévitable sans ce renouvellement et sans cette arrivée de jeunes et de nouveaux venus ».
Cette définition de l’éducation en fait le point de convergence de toutes les stratégies de développement, car on ne saurait concevoir un développement en dehors de l’énergie et de la disponibilité de la jeunesse.
Malheureusement dans notre pays, l’éducation n’est guère une priorité et on laisse le système se dégrader. Les enseignants se meurent, ils meurent chaque année par dizaines, et c’est très intrigant ! Dans un pays normal, les services du ministère de l’éducation et ceux du ministère de la santé travailleraient en synergie pour au moins chercher la cause de tous ces décès. Oui, nos collègues morts jeunes sont des mortels comme tous les autres hommes, mais ce rythme de mortalité dans nos rangs mérite qu’on s’y attarde. On changera de gouvernement, de Président, de députés et de magistrats, mais tant qu’on ne changera pas radicalement notre système éducatif, nous n’avancerons pas d’un iota. Il nous faut redonner à l’école, ses lettres de noblesse ; et pour commencer, il faut redonner espoir et sérénité à l’enseignant.
Il y a trop de stress, trop de charges émotionnelles et énormément de débauche d’énergie parce que nous voulons vivre décemment ! C’est notre droit naturel ! Nous sommes certes des soldats du savoir, mais nous sommes avant tout des êtres humains. Cette injustice qui frappe les enseignants, vilipendés et exposés à la vindicte populaire, ne peut pas ne pas déteindre négativement sur la qualité des enseignements. Un enseignant ne devrait pas être forcé à faire un travail à la tâche ou du servage pur et simple pour avoir un minimum de confort.
Une société qui réserve un sort si affligeant à ses enseignants et les traite de façon si indécente, ne mérite pas le développement. Nous continuerons à végéter dans les tréfonds des poubelles de l’histoire tant que nous ne ferons pas de l’enseignant, le fer de lance de nos politiques économiques. Un pays comme le Sénégal n’a pas besoin de ministre de l’éducation : c’est au Premier ministre d’assurer à la fois les fonctions de ministre de l’Education, celles de ministre de la Recherche scientifique et celles du ministre de la Culture. Mieux, tous les ministres devraient travailler pour le ministre de l’Education et les ministères devraient être conceptualisés pour exclusivement, servir l’éducation.
Nous sommes incompris, jusque dans nos familles, surexploités, traités de pingres et exposés à toute sorte de maladies. Diangalékat dafa nay ! Comment peut-on débiter une absurdité pareille ? Comment tout un corps professionnel peut-il être frappé d’une même tare comme si c’était une sorte de malédiction ? La logique voudrait que le revenu maigre et leur niveau de conscience incompatible avec le gaspillage, soient les clés de lecture pour expliquer la réticence des enseignants à mener une vie dispendieuse comme l’exige une certaine tradition. Mais comme nous sommes dans une société où les gens aiment les conclusions faciles, pour ne pas avoir à réfléchir, on est obligé de débiter des énormités de ce genre.
Alassane K. KITANE
Professeur au Lycée Serigne Ahmadou Ndack Seck de Thiès
SG du Mouvement citoyen LABEL-Sénégal
Gloire donc à toi qui cultive le vrai seul jardin, celui dont les fruits se régénèrent et deviennent plus doux au fur et à mesure qu’ils sont consommés. Blâme donc à celui qui te sous-estime et qui déprécie ton statut social. Une société qui n’accorde pas à l’enseignant le statut qui est naturellement le sien, n’est pas pérenne, et elle est sans ambition réelle. L’éducation n’est pas seulement le ciment de la société, elle en est le limon fertile, le levain, car c’est le cordon ombilical entre le présent et l’avenir.
Si nous ne voulions pas que nos enfants perpétuent l’œuvre de civilisation que nous bâtissons, nous ne les soumettrions pas à l’épreuve de l’école. Comment peut-on alors décrédibiliser celui qui est censé veiller sur le socle ultime de la civilisation et espérer un avenir prometteur à sa descendance ? Annah Arendt a raison de définir l’éducation comme : « le point où se décide si nous aimons assez le monde pour en assumer la responsabilité, et de plus, le sauver de cette ruine qui serait inévitable sans ce renouvellement et sans cette arrivée de jeunes et de nouveaux venus ».
Cette définition de l’éducation en fait le point de convergence de toutes les stratégies de développement, car on ne saurait concevoir un développement en dehors de l’énergie et de la disponibilité de la jeunesse.
Malheureusement dans notre pays, l’éducation n’est guère une priorité et on laisse le système se dégrader. Les enseignants se meurent, ils meurent chaque année par dizaines, et c’est très intrigant ! Dans un pays normal, les services du ministère de l’éducation et ceux du ministère de la santé travailleraient en synergie pour au moins chercher la cause de tous ces décès. Oui, nos collègues morts jeunes sont des mortels comme tous les autres hommes, mais ce rythme de mortalité dans nos rangs mérite qu’on s’y attarde. On changera de gouvernement, de Président, de députés et de magistrats, mais tant qu’on ne changera pas radicalement notre système éducatif, nous n’avancerons pas d’un iota. Il nous faut redonner à l’école, ses lettres de noblesse ; et pour commencer, il faut redonner espoir et sérénité à l’enseignant.
Il y a trop de stress, trop de charges émotionnelles et énormément de débauche d’énergie parce que nous voulons vivre décemment ! C’est notre droit naturel ! Nous sommes certes des soldats du savoir, mais nous sommes avant tout des êtres humains. Cette injustice qui frappe les enseignants, vilipendés et exposés à la vindicte populaire, ne peut pas ne pas déteindre négativement sur la qualité des enseignements. Un enseignant ne devrait pas être forcé à faire un travail à la tâche ou du servage pur et simple pour avoir un minimum de confort.
Une société qui réserve un sort si affligeant à ses enseignants et les traite de façon si indécente, ne mérite pas le développement. Nous continuerons à végéter dans les tréfonds des poubelles de l’histoire tant que nous ne ferons pas de l’enseignant, le fer de lance de nos politiques économiques. Un pays comme le Sénégal n’a pas besoin de ministre de l’éducation : c’est au Premier ministre d’assurer à la fois les fonctions de ministre de l’Education, celles de ministre de la Recherche scientifique et celles du ministre de la Culture. Mieux, tous les ministres devraient travailler pour le ministre de l’Education et les ministères devraient être conceptualisés pour exclusivement, servir l’éducation.
Nous sommes incompris, jusque dans nos familles, surexploités, traités de pingres et exposés à toute sorte de maladies. Diangalékat dafa nay ! Comment peut-on débiter une absurdité pareille ? Comment tout un corps professionnel peut-il être frappé d’une même tare comme si c’était une sorte de malédiction ? La logique voudrait que le revenu maigre et leur niveau de conscience incompatible avec le gaspillage, soient les clés de lecture pour expliquer la réticence des enseignants à mener une vie dispendieuse comme l’exige une certaine tradition. Mais comme nous sommes dans une société où les gens aiment les conclusions faciles, pour ne pas avoir à réfléchir, on est obligé de débiter des énormités de ce genre.
Alassane K. KITANE
Professeur au Lycée Serigne Ahmadou Ndack Seck de Thiès
SG du Mouvement citoyen LABEL-Sénégal