Leral.net - S'informer en temps réel

Revivez sur LERAL TV - Le gouvernement face à la presse ce 24 Novembre 2020

Rédigé par leral.net le Mardi 24 Novembre 2020 à 10:23 | | 0 commentaire(s)|

Le «Gouvernement face à la presse». Tel est le nouveau concept du pouvoir pour combler le vide après la suppression des questions d’actualité à travers lesquelles le premier ministre, accompagné de son équipe, faisait face aux députés pour répondre à leurs préoccupations. En 2012, juste après l’arrivée au pouvoir de Macky Sall, une stratégie similaire a été adoptée et était modérée à l’époque par Abdou Latif Coulibaly. Mais, cela a fait long feu.

La presse va désormais se substituer à l’Assemblée nationale. Les questions d’actualité qui se tenaient à l’hémicycle sont déplacées au building administratif où les ministres devraient, tous les 14 jours, faire face à la presse pour se prononcer sur les sujets brûlants de l’heure. Cet exercice se fera en présence du ministre porte-parole du Gouvernement. Une manière certainement d’affiner la communication gouvernementale qui est souvent jugée chaotique. Mais jusqu’où ira ce nouveau concept ? En tout cas, par le passé, une stratégie du genre a été adoptée par le pouvoir et modérée à l’époque par le ministre Abdou Latif Coulibaly. Il n’y a eu que deux à trois séances avant que l’exercice ne soit arrêté.

Toujours est-il que le premier acte prévu aujourd’hui va réunir le ministre porte-parole du gouvernement et huit de ses collègues. Il s’agit du ministre de l’Intérieur Antoine Félix Abdoulaye Diome, du ministre de la Santé et de l’Action sociale Abdoulaye Diouf Sarr, du ministre de l’Agriculture et de l’Equipement rural Moussa Baldé, du ministre de l’Eau et de l’Assainissement Serigne Mbaye Thiam, du ministre de la Pêche et de l’Economie maritime Alioune Ndoye, du ministre du Commerce et des PME Aminata Assome Diatta, du ministre de l’Emploi, de la Formation professionnelle Dame Diop et du Secrétaire d’État chargé des Sénégalais de l’extérieur Moïse Sarr.

IBRAHIMA BAKHOUM : «CETTE NOUVELLE INITIATIVE NE DOIT PAS ETRE JUSTE UN MOYEN DE PROPAGANDE»

Pour pérenniser cette nouvelle stratégie de communication, certains spécialistes soutiennent qu’elle doit avoir l’action comme soubassement. C’est l’avis d’Ibrahima Bakhoum, journaliste et spécialiste en communication qui estime que cette nouvelle démarche ne doit pas être juste un moyen de propagande. «Elle doit être basée sur des faits qui aideront le gouvernement à faire comprendre à la population l’état d’avancement de ses programmes à travers des discours clairs et vérifiés. D’autant que, indique M.Bakhoum, cette forme de communication permettra, à travers les journalistes, de relayer leurs messages et évitera de faire consommer au public des rumeurs. «Plus il y aura d’informations, moins il y aura des rumeurs, parce que la rumeur tue l’information. Quand elle occupe l’espace public, cela peut être préjudiciable dans l’établissement de la vérité».

De l’avis d’Ibrahima Bakhoum, cela évitera notamment les conférences de presse où certains ministres font juste des déclarations sans aucune question des journalistes. Il précise par ailleurs que les ministres doivent être bien préparés et capables de dépasser les polémiques, avec un discours rigoureux et rassurant. «Parce qu’une fois fois qu’il y a des impairs, les journalistes ne les rateront pas. Et cela causera des problèmes», prévient M. Bakhoum.

DR SAHITE GAYE : «IL FAUDRAIT L’INSCRIRE DANS LE CALENDRIER DU GOUVERNEMENT»

Abondant dans le même sens, Dr Sahite Gaye, enseignant-chercheur en communication au Cesti, souhaite que cette nouvelle stratégie de communication ne soit pas un effet d’annonce. «Pour que cette communication puisse avoir un impact, elle doit être inscrite dans la durée. Il faudrait l’inscrire dans le calendrier du gouvernement pour qu’elle soit efficace et durable par rapport aux objectifs fixés et ne pas changer stratégie pour juste changer. Sinon, elle devient une communication cosmétique», souligne Dr Gaye qui émet quelques réserves sur la faisabilité de cette stratégie. « En effet, plus de 8 ministres pour une conférence de presse, cela ressemble à un mini conseil des ministres», relève l’enseignant-chercheur.