L’instabilité notée dans le Sahel central (Mali, Burkina Faso, Niger) n’épargne pas les enfants particulièrement exposés aux groupes armés pour diverses raisons.
« Analyse du Sahel central sur le niveau de risque pour les enfants recrutés par des groupes armés ». Tel est l’intitulé d’une étude financée par Save the Children, coordonné par le Pr Aly Tandian, sociologue et directeur de l’Observatoire sénégalais des migrations et du laboratoire Germ et Faits de société de l’Université Gaston Berger de Saint-Louis. Il a rédigé ce document en compagnie d’Éric Hazard et d’Emmanuel Dori de Save the Children international. L’étude a permis d’interroger 168 personnes (65 au Mali, 55 au Niger et 48 au Burkina Faso), dans 23 sites, entre le 4 mai et le 28 juin 2021, sur ce phénomène qui touche de nombreux enfants au Sahel central (Mali, Burkina Faso, Niger).
Selon la note, cette exposition des enfants trouve ses racines dans des causes multiples dont les pressions économiques, sociales et le besoin de protection. La diversité des trajectoires des enfants recrutés par les Groupes armés non étatiques (Gane) témoigne aussi des multiples leviers utilisés pour faciliter leur enrôlement : le recrutement « volontaire », celui par association avec les familles ou tuteurs, l’enrôlement forcé ou encore par le prêche.
L’étude s’est fixée comme objectifs de collecter des données de terrain afin d’informer les États du Sahel et les acteurs des droits de l’enfant sur le risque lié à leur recrutement dans la région, en raison de la détérioration de la situation de conflit, des fermetures d’écoles et des risques pour les enfants non scolarisés. Aussi, la survenue de la Covid-19, avec la fermeture des écoles, a accentué ce phénomène d’enrôlement des enfants par les groupes armés.
Pour inverser cette tendance, les experts appellent à des actions concertées et commandent aux États et aux organismes sous-régionaux de reconnaître la situation nouvelle, inquiétante et spécifique que vivent les enfants au Sahel central, notamment à travers l’intégration, et la prise en compte des besoins spécifiques de protection des enfants dans les plans de réponses humanitaires.
L’étude les invite également à trouver des canaux d’échange avec les ailes politiques des groupes armés pour amoindrir la violence civile. Cela permettrait de faire reconnaître et respecter les droits et les besoins spécifiques des enfants. Par ailleurs, le marketing social contribuerait à infléchir les tendances lourdes qui facilitent leur enrôlement.
Amadou Maguette NDAW (Correspondant)
Source : http://lesoleil.sn/enfants-exposes-aux-groupes-arm...