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Exercice illégal de la médecine: Le faux médecin tente de soigner un cancéreux qui finit par mourir


Rédigé par leral.net le Samedi 26 Mars 2022 à 10:09 | | 0 commentaire(s)|

De nationalité camerounaise, Emmanuel Boniface Zou s’active dans la médecine sans avoir les qualités requises. Se présentant comme un spécialiste en cardiologie et en cancérologie, il a décidé de prendre en charge son ami Dr. Diop, qui avait un cancer au troisième degré. C’est ainsi qu’il a prescrit des perfusions au malade qui a rendu l’âme au bout de deux jours de traitement. Révoltée par la situation, la sœur du défunt, Aby Diop, a porté plainte contre Emmanuel Boniface Zou, pour exercice illégal de la médecine, faux et usage de faux dans un document privé, séjour irrégulier au Sénégal et homicide involontaire.

Le faux médecin risque 5 ans de prison ferme. Délibéré au 14 avril prochain.

Ayant perdu son frère Momar Diop dans des conditions étranges, renseigne "L'As", Aby Diop pense que ce dernier a été tué. De l’étranger où elle séjourne depuis longtemps, elle a décidé de rentrer au bercail lorsqu’elle a appris que son frère souffrait de cancer. Et le malade était traité par Emmanuel Boniface Zou, qui se fait passer pour un spécialiste en cardiologie et en cancérologie. C’est dans ces circonstances qu’il a administré à Momar Diop, des doses excessives en vitamine C, si l’on en croit sa sœur. Ce qui a intensifié les douleurs ressenties par le malade qui s’est retrouvé avec une jambe très enflée.

«Quand je l’ai appelé pour lui faire savoir que l’état de santé de mon frère a empiré, Zou nous a dissuadés d’aller à l’hôpital, mais je n’ai pas suivi ses conseils. Je lui ai suggéré de venir à la maison pour consulter mon frère, mais il a dit niet, sous prétexte qu’il avait d’autres patients qui sont dans la même situation. Deux jours après, mon frère a rendu l’âme. Il nous a envoyé une facture de 3 millions FCfa, avec un cachet de médecin en cardiologie», a expliqué la dame devant le juge du Tribunal Correctionnel de Dakar.

Elle demande à ce que justice soit faite. «Le prévenu a demandé 3 millions FCfa, car il doit acheter des cellules souches venant du Bénin. Le même jour, il est revenu avec des médicaments pour me dire qu’il va commencer le traitement. Le prévenu n’en est pas à son coup d’essai. Il était le médecin de la maman d’une de mes connaissances. Suite à ses traitements, la patiente est morte. Il a réclamé 6 millions à mon amie. Cette dernière était obligée de vendre son terrain pour le payer», a soutenu Aby Diop.

Traîné devant le tribunal correctionnel de Dakar pour homicide involontaire, exercice illégal de la médecine, faux et usage de faux dans un document privé et séjour irrégulier, le prévenu a nié les faits qui lui sont reprochés. Emmanuel Boniface Zou souligne qu’il est un médecin généraliste. Il avoue qu’il ne s’est pas inscrit à l’Ordre des Médecins du Sénégal et révèle avoir obtenu son doctorat en Ukraine. «Vous n’avez pas fait votre soutenance et le boss de l’école était votre ami. Vos attestations sont taxées de fausses. A l’hôpital Principal, le médecin qui était votre superviseur a dit que les traitements n’étaient pas conformes à leur étude», a déclaré le juge.

Mais selon Emmanuel Boniface Zou, le médecin de Fann ne dit pas la vérité. «Je suis allé au Canada et en Ukraine pour mes études, car j’avais déjà mes diplômes en médecine générale à l’université Bua au Cameroun. J’ai reçu les attestations, mais je n’ai pas reçu le diplôme », a renseigné le mis en cause, qui révèle avoir donné à son patient de l’antidouleur et de la vitamine.

Et le président du tribunal de rappeler au propriétaire qu’il est interdit de traiter le cancer à domicile. «Je ne le savais pas, mais en Europe, ce n’est pas illégal. Je suis au Sénégal depuis 2014, mais j’ai perdu mon papier de séjour. Notre cabinet Santé étoile 2 a pour but de vendre des médicaments légalement. Je l’ai consulté le 7 octobre et il est décédé le surlendemain. Je ne suis pas fautif de son décès», s’est-il défendu. Le prévenu risque 5 ans ferme.

Dans ses observations, le maître des poursuites a soutenu que le mis en cause n’a pas les qualités pour exercer la médecine. «Il vendait des produits pharmaceutiques et faisait des factures en sa qualité de cancérologue et de cardiologue. Il ne connaît pas les conditions d’admission et d’exercice de la médecine et il exerce ce métier. On devrait lui imputer le délit de meurtre parce qu’il a participé au décès de Momar Diop», a indiqué le représentant du ministère public qui a requis 5 ans de prison ferme. La défense a plaidé la relaxe. Délibéré au 14 avril prochain.

Mame Fatou Kébé