Au village de Bouyouye, situé dans la commune de Diembéring, département d’Oussouye, il est formellement interdit à un homme de faire la cour à la femme d’autrui. Cela a été décidé par les sages dudit patelin, il y a plusieurs siècles. Tout homme qui s’adonne à cette pratique, verra tout son corps gonfler et peut mourir, à moins qu’il se confesse dans la grande cour du village et devant tout le monde. Ce code de bonne conduite local, bannit l’adultère et protège les femmes.
Par Gaustin DIATTA (Correspondant)
ZIGUINCHOR- Bouyouye fait partie des villages du département d’Oussouye les plus attachés aux traditions ancestrales, à l’image de Djivente où réside le « procureur » du tribunal traditionnel de la zone Boubadioumai (de Nianbalang à Essaout),sous la tutelle du roi d’Oussouye, Sibiloumbaye Diédhiou. Pour rallier ce hameau des interdits, nous avons emprunté, à partir de la ville de Ziguinchor, la route nationale qui mène à Cap Skirring et traversé les communes d’Oussouye et d’Oukout, les villages de Nianbalang, Karounate, Édioungou, Boukitingho et Diakène Diola.
Ce périple vers Bouyouye, a eu lieu le 01 août dernier, lors de la Journée nationale de l’Arbre célébrée dans ce village. Nous étions dans la délégation du Gouverneur de la région de Ziguinchor. Sur la route, et à bord du véhicule, nous apercevons dans les champs, à hauteur de Diakène Diola, quelques jeunes, torses nus, avec leur « kadiandou ». C’est la période de la culture arachidière. Après moins d’une heure de route, nous voici à Cap Skirring, ce gros village qui, au fil du temps, est devenu une station touristique incontournable. Une destination privilégiée pour les nationaux et les touristes étrangers. C’est l’un des derniers terroirs avant Bouyouye. Puisque juste après Cap, il y a le village de Boucotte Diembéring.
À partir de Cap Skirring, nous empruntons la route qui mène à Diembéring, chef-lieu de commune. Quelques minutes plus tard, on abandonne la route nationale pour emprunter une piste latéritique qui mène à Bouyouye. Les véhicules roulent au ralenti. On découvre les gigantesques fromagers de ce village fondé, dit-on, il y a plus de 1000 ans de cela. Sous une pluie fine, la délégation débarque à Bouyouye, terre de traditions anciennes et d’interdits. Un village paisible, calme, mais qui a toute sa particularité. Bouyouye se singularise des autres par cette règle numéro un qui avait été introduite dans le dispositif de code de conduite local par les premiers habitants. Ici, il est formellement interdit à un homme de courtiser la femme de l’autre. Et nul ne l’ignore. Cette règle a un caractère impersonnel et immuable. Quiconque la transgresse, déshonore sa famille et sa communauté, et peut trouver la mort à tout moment s’il refuse de se confesser devant tous les villageois. Ce tribunal est réservé aux coureurs de jupon et l’audience est publique.
Outre Étame Boudiale et Kadiakaye, Bouyouye fait partie également des trois villages les plus anciens de la commune de Diembéring. Seulement, dans cette terre, tout n’est pas permis. « Dans notre village, il est totalement interdit de faire la cour à la femme d’autrui parce que nous considérons que nous sommes tous des frères. Si quelqu’un insiste en voulant braver cet interdit, un jour, il verra tout son corps commencer à gonfler. Et s’il ne fait pas vite, c’est la mort qui l’attend, car il n’existe aucun moyen de guérison autre que de demander pardon et d’avouer à tous les habitants que tu as fait la cour à la femme de tel. C’est de cette façon que la victime peut recouvrer sa santé », confie Antoine Mandio Diatta. Dans ce processus, le porte-parole du chef de village de Bouyouye précise que le coupable ne doit pas se confesser devant un nombre réduit et dans un endroit autre que la place publique du village. Ce dernier doit le faire devant tout le monde. Au cas contraire, il peut d’ores et déjà délivrer un message d’adieu à sa famille parce qu’étant sûr de mourir. « Quand on dit que c’est interdit, c’est interdit. Et c’est valable pour tout le monde. Cette règle a été instaurée par nos ancêtres et doit être respectée par tout le monde. Cette pratique est intolérable. En plus de cet interdit, le vol est aussi banni dans ce village », poursuit M. Diatta, rappelant que personne n’a le droit de toucher ce qui appartient à l’autre.
Une femme enceinte ne meurt pas à Bouyouye
En plus de la règle qui a banni l’adultère, les ancêtres avaient eu la clairvoyance de prier dans leurs fétiches pour épargner leur village de la mortalité maternelle. À Bouyouye, tous sont parvenus à un accord qu’une femme ne doit « jamais mourir » en voulant donner la vie. C’est encore interdit. Le Diola dit « nieyenieyi », et c’est tout. « Nous n’avons même pas ce cimetière », clarifie Antoine Mandio Diatta. De plus, le Conseiller municipal à la Mairie de Diembéring indique que cela a été décidé à l’unanimité par leurs ancêtres. Bouyouye, dit-il, n’a jamais connu un tel cas « et ne connaitra jamais cela ».
Aller plus loin dans la forêt pour échapper aux colons
Le nom Bouyouye vient de « oubouyal » qui signifie littéralement en diola « partons dans la discrétion se réfugier quelque part ». Avant de trouver refuge dans le site actuel qui abrite ce village traditionnel, Bouyouye était plus proche de la route nationale. Du temps de la colonisation, Bouyouye a vu quelques-uns de ses fils être amenés de force par le colon. Pour échapper à cette saignée humaine, les Bouyouyois avaient décidé de quitter cet endroit et de s’installer en profondeur, au risque de se retrouver avec un village de « vieillards ». Depuis lors, Bouyouye se trouve à quelques jets de pierre du fleuve. De l’avis du porte-parole du chef de village, il fallait procéder de cette façon pour se protéger du colon. « Les ancêtres de ce village avaient compris les enjeux, car si tous les jeunes partaient, ils auraient de sérieux problèmes pour cultiver leurs champs. Voilà pourquoi nous sommes là aujourd’hui. La stratégie était de s’y installer afin d’échapper à tout assaut. En trouvant refuge à quelques mètres du fleuve, nos arrière-grands-parents pouvaient échapper à n’importe quelle attaque en passant par le fleuve », souligne-t-il.
Étant l’un des premiers villages de la commune de Diembéring, les habitants de Bouyouye ont peuplé le reste des bourgs du département d’Oussouye et même de Bignona. Selon Antoine Mandio Diatta, on peut trouver des Bouyouyois dans le royaume d’Essaout, dans la commune de Santhiaba Manjacque, à Mlomp et à Tendouck (Bignona). Village de récolteurs de vin de palme (300 FCfa le litre) et de cultivateurs, ancré dans le conformisme, Bouyouye, électrifié avec le système solaire grâce au soutien de l’État du Sénégal et d’un partenaire belge, s’ouvre et vit au rythme de la modernité. En attendant la construction de son campement villageois digne de ce nom et source d’emplois pour les jeunes, Bouyouye conserve jalousement ses géants fromagers et ses femmes « intouchables », protégées par le code de conduite local. Dans une ambiance sereine, celles-ci continuent à s’adonner à leurs activités principales : la cueillette et vente des huitres mais aussi la vente de l’huile de palme pour redonner le sourire à leurs progénitures.
PETIT METIER, GROS PROFIT
FATOU NGOM, VENDEUSE DE POISSON
Femme pleine de pêche
Vendeuse de poisson au marché des Hlm grand Médine situé sous le pont « Sénégal 92 », actuel « Pont Aliou Sow », Fatou Ngom a passé 27 bonnes années dans la vente de ce produit halieutique. Un travail qu’elle trouve aussi valorisant que tout autre métier.
Assise devant son étalage de poisson, Fatou Ngom range soigneusement en tas son produit en fonction des espèces et de leur taille tout en guettant l’arrivée de clients. Les habitués du marché des poissons des Hlm Grand Médine la connaissent de par la qualité de ses gros poissons mais également de par son commerce facile. Habillée souvent en robe traditionnelle ou taille base wax, un petit foulard sur la tête, sacoche en bandoulière, Fatou Ngom ne cesse de héler les clients. Une technique qu’elle maîtrise bien pour avoir duré dans le commerce de poisson dans la capitale sénégalaise. Originaire de Bambey, Fatou Ngom est confiée très jeune à sa tante paternelle. Celle-ci habitait l’Unité 22 des parcelles assainies, à quelques encablures de l’école Dior. « J’ai commencé très jeune mes activités de commerce chez ma tante en 1992. A mes débuts, je vendais du sel et des glaces pour son compte. Habituée à ce petit commerce, j’ai décidé de me lancer dans la vente de poisson, un métier qui m’a toujours séduit et passionné depuis mon tendre enfance », raconte-t-elle nostalgique.
Cependant ne disposant pas assez d’argent, Fatou Ngom était obligée de faire le linge dans les maisons accompagnée d’une femme plus âgée avec qui elle partageait leurs revenus. C’est avec ces gains qu’elle entama sa carrière de vendeuse de poisson. « J’ai commencé à vendre à la sauvette des sardinelles à Yoff. A l’époque, je ne vivais plus avec ma tante mais je résidais toujours aux parcelles assainies unité 22 dans une autre famille. Je me réveillais tôt le matin pour m’en procurer et j’arrivais à tout écouler aux environs de 11 heures », confie-t-elle.
La brave dame en avançant par petites étapes, a fini par atteindre son objectif. En 2000, sa sœur domiciliée à Yarakh l’a mise en rapport avec un mareyeur qui l’aide à acheter facilement le poisson. Depuis lors, elle s’est lancée dans la vente de plusieurs espèces, telles que les sompates (carpes blanches), les dorades etc. « A l’époque, je vendais vers l’hôpital Nabil Choucair où on étalait nos poissons à même le sol. Par la suite, ce marché des Hlm Grand Médine a été mis en place au grand bonheur des vendeurs et vendeuses », se rappelle-t-elle.
Fatou Ngom reconnait qu’à l’époque, la vente de poissons rapportait beaucoup en termes de revenus. « J’en ai même profité pour acheter un terrain à Keur Ndiaye Lô où je réside actuellement avec ma famille. Mais, de nos jours, avec la rareté du poisson et la conjoncture difficile, la vente de poisson n’est plus aussi rentable », dit-elle.
Mariée et mère de trois enfants, la dame Fatou Ngom, la quarantaine, quitte chaque jour, à 4 heures du matin, son domicile sis à Keur Ndiaye Lô pour se procurer du poisson soit à Mbour, Kayar ou encore à Ndiangal. Elle revient chez elle aux environs de 11 heures, le temps de déjeuner, de prendre soin de sa famille avant de reprendre la route dans l’après-midi. Cette fois-ci, à destination du marché au poisson des Hlm Grand Médine où elle écoule son produit jusqu’à 22 heures.
Maguette Guèye DIEDHIOU
DROLE D’HISTOIRE
Antivax jusqu’à son lit d’hôpital, un responsable républicain meurt du Covid
Il aura eu au moins le mérite de porter ses idées jusqu’au bout. Pressley Stutts, un responsable républicain de 64 ans, a trouvé la mort jeudi 19 août après avoir contracté le Covid-19. Membre du parti républicain de Caroline du Sud, Stutts était un fervent partisan des théories du complot autour de la pandémie, qu’il aura continué de répandre jusqu’aux soins intensifs.
Le sexagénaire estimait que la Covid « est une arme biologique mortelle exercée contre la population du monde par des ennemis étrangers et peut-être domestiques ». Cependant, s’il croyait donc bien à l’existence et à la dangerosité du virus, il était aussi vent debout contre les mesures sanitaires.
Déjà hospitalisé avec des symptômes graves de la Covid, l’homme politique continuait de s’opposer aux obligations de vaccination ainsi que de port du masque. Son État, la Caroline du Sud, fait face à une recrudescence des cas à cause du variant Delta, et seule 42% de la population est vaccinée.
Complotisme chevillé au corps
Stutts était aussi persuadé que Donald Trump a bien gagné les élections présidentielles l’an dernier. Une théorie du complot qu’il se félicitait de mettre en avant même à des moments peu opportuns.
Sur Facebook, Stutts expliquait que « chaque jour à l’unité de soins intensifs, ils me font passer un test cognitif en me posant des questions comme la date, où je suis etc. Ils me demandent toujours qui est le président et je leur réponds à chaque fois que le président est toujours Donald J. Trump ! Ils ne vont pas m’avoir avec un poseur qui s’appelle Joe ! »
Stutts peut reposer en paix, sa relève est déjà assurée. Le sexagénaire était un soutient majeur de Lin Wood, un avocat pro-Trump disciple de QAnon, à l’élection à la tête du parti républicain de Caroline du Sud. Après l’intubation de Stutts, Wood a conseillé sur Telegram d’« éviter les hôpitaux à tout prix».
www.slate.fr
CITATION DU JOUR
« Un homme peut vouloir faire ce qu’il ne doit pas, juste pour impressionner les autres ; il trouvera toujours des gens de son espèce pour l’encourager. Il lui arrivera même de traverser un fleuve sans pont, dans le seul but de convaincre les autres qu’il est un spécialiste du passage des fleuves écumants ».
John Weakly Marangwanda
Légende Arrêt sur image
Avec la pluie, les désagréments ne se limitent pas seulement aux maisons et quartiers inondés. Elle engendre également, dans certaines zones, des restrictions pour les déplacements. Comme ici à Thiaroye où les usagers des transports en commun, angoissés, peinent à trouver un moyen de transport.
Photo : Pape SEYDI
Source : http://lesoleil.sn/feuilles-dhivernage-bouyouye-ic...