Leral.net - S'informer en temps réel

[Feuilles d’hivernage] «Jom», «kersa», «soutoura», «ngor» …: Des valeurs cardinales à l’épreuve de la désuétude

Rédigé par leral.net le Lundi 16 Août 2021 à 19:10 | | 0 commentaire(s)|

Les Sénégalais ont toujours été socialisés aux valeurs telles  le « jom » (abnégation), le « kersa » (pudeur), le « ngor » (dignité), le « soutoura » (discrétion). Aujourd’hui, la société est à l’épreuve du changement. La pirogue des valeurs tangue dangereusement et on observe une déviance de ces normes qui ont toujours été une force.   De tout temps, le Sénégalais s’est […]

Les Sénégalais ont toujours été socialisés aux valeurs telles  le « jom » (abnégation), le « kersa » (pudeur), le « ngor » (dignité), le « soutoura » (discrétion). Aujourd’hui, la société est à l’épreuve du changement. La pirogue des valeurs tangue dangereusement et on observe une déviance de ces normes qui ont toujours été une force.

 

De tout temps, le Sénégalais s’est distingué par sa discrétion, sa détermination, son abnégation, sa dignité, sa pudeur, sa personnalité. Des valeurs qui se transmettent de génération en génération, qui participent à singulariser le type Sénégalais et à faire de lui un modèle, une référence partout où il se trouve. Aujourd’hui, on assiste à un retournement de situation, matérialisé par une absence de discipline qui fait tanguer dangereusement la pirogue des valeurs.

Professeur de philosophie et Imam, Moussa Ndiaye soutient que ces valeurs assez « démocratiques » et « humaines » que tout le monde peut s’approprier, comportent des caractéristiques fondamentales, parce qu’étant relatives, rationnelles, immatérielles. Au Sénégal, fait-il remarquer, le « jom », le « kersa » et le « soutoura » apparaissent comme des valeurs immatérielles et cardinales que nul ne peut nier. « Ces valeurs, nous les avons héritées de nos ancêtres avant même l’implantation et/ou l’expansion de l’islam en Afrique de l’Ouest. Elles sont véhiculées aussi par l’islam ». Ce sont sur ces valeurs qu’était, jadis, bâtie la société traditionnelle sénégalaise, renseigne-t-il. L’arrivée de l’islam a considérablement consolidé ces acquis. Aussi, « ces valeurs étaient manifestes dans toutes les pratiques de notre vie quotidienne, que ce soit dans les relations humaines, le travail et le port vestimentaire ».

Dans le même registre, le docteur Djim Ousmane Dramé, chercheur au Laboratoire d’Islamologie de l’Ifan à l’Université Cheikh Anta Diop (Ucad), soutient que ces valeurs tirent leurs sources de nos traditions, de nos pratiques sociales de référence, de nos habitudes et fondamentalement de notre religion. « Elles font partie de notre patrimoine historique voire même culturelle, des valeurs fondamentales du Sénégalais qui existe depuis longtemps dans ce pays et qui sont renforcées par les trois religions révélées que sont l’islam, le judaïsme et le christianisme qui militent et encouragent les gens à se comporter, à avoir ces valeurs-là », indique l’islamologue et chercheur à l’Ifan.

Ces valeurs sont déterminantes, selon le Professeur Moussa Ndiaye, puisque, fait-il savoir, « sans aucune volonté ferme, sans lois, sans morale, aucune société ne subsiste et n’est point durable ». Ces principes, selon Dr Dramé, ont une influence extrêmement importante sur nos comportements, nos manières de vivre, nos pratiques quotidiennes. « C’est cela qui différenciait le Sénégalais parce que si l’on retirait ces valeurs d’un individu, il ne resterait rien absolument », indique-t-il.

Pour le docteur Djim Dramé, ces valeurs ne sont pas comme un habit qu’on peut mettre ou ôter selon ses humeurs. « Ce sont des valeurs intrinsèques qui accompagnent l’individu partout où ils se trouvent. Elles ont toujours gardé leur quintessence. Le Sénégalais peut avoir des changements, mais ce qui était bon depuis mille ans le reste, ce qui était mauvais également », affirme le chercheur. Il est convaincu que l’homme est né saint. « C’est l’éducation et l’environnement familial qui vont déterminer sa formation religieuse, sa relation sociale humaine. Tous ces facteurs contribuent à faire de l’homme bon ou mauvais, mais ces valeurs-là restent les mêmes, ne changent pas. C’est l’homme qui change », indique-t-il.

 

Des valeurs rangées dans les tiroirs

Aujourd’hui, ces valeurs cardinales semblent bafouées, piétinées. Pour le Professeur Sara Ndiaye, Chef de section sociologie de l’Université Gaston Berger de Saint-Louis, « nous sommes plus dans une production de la société avec plusieurs sortes d’étrangetés véhiculées par une culture d’extraversion de plus en plus manifeste que dans une reproduction sociale qui maintiendrait nos états sociaux et comportementaux ». Et au regard des faits divers quotidiens de cas de tricheries, de délits grossiers, de scènes obscènes, d’injures publiques et de refus d’observance des règles de toutes sortes, « c’est comme si le Sénégalais a maintenant horreur des interdits, de la loi, de la règle et de la norme », soutient-il.

Le docteur Djim Dramé pointe du doigt les parents. Selon lui, il y a un problème de transmission des valeurs, de père en fils. « Autant les parents, autrefois, se préoccupaient de l’enseignement, de l’éducation et de la formation de leurs enfants, autant on constate actuellement une certaine démission des parents de ce qui se faisaient auparavant », affirme-t-il. « Rares sont ces parents qui vérifient ce que leur enfant a fait dans la journée. Ils n’ont pas le temps de leur inculquer les valeurs familiales, religieuses et sociales. C’est ce qui pose problème avec comme conséquence directe la crise des valeurs », ajoute-t-il.

Pour le Professeur Moussa Ndiaye, « on assiste à la fin du processus de dégradation de la société, à une éclipse sans ambages du théologique, à un désenchantement spirituel au profit d’un mercantilisme exacerbé ». À son avis, « les sociétés de notre ère sont enclines à développer plus volontiers le volet matériel au détriment des valeurs comme le « jom », le « kersa » et le « sutura », bafoués et rangés dans les tiroirs ».

Une société, de l’avis du docteur Djim Ousmane Dramé, ce sont des rapports familiaux, sociaux, de vivre ensemble, de paix, de parfaite entente. « Si l’on retire tout cela de notre vécu quotidien, il ne restera absolument rien », assure-t-il. Le respect de ces valeurs, dit-il, ne dépend pas de la foi religieuse de l’individu. « Même si l’on n’est pas musulman, chrétien ou juif, on doit garder ces valeurs qui sont humaines avant d’être religieuses. C’est une responsabilité lourde pour tout un chacun, gouvernant comme gouverné, de travailler à ce que l’on puisse garder ces valeurs qui nous contrôlent dans nos sociétés », préconise-t-il. Il est, à son avis, plus bénéfique de miser sur la construction de l’homme. « Ce sera beaucoup plus bénéfique, durable et intéressant »…

 

—————————————————

 

L’antidote

Ces valeurs cardinales sont essentielles pour une société de qualité et pour les préserver, Serigne Mouhamedou Abdoulaye Cissé donne la solution. L’Imam de la grande mosquée Ihsaane de Saint-Louis estime qu’il faut un sens de la maîtrise de l’émotion. « Quand quelqu’un arrive à pouvoir maîtriser ces émotions aussi bien négatives que positives, cette personne a de la personnalité. Dès le bas âge, on doit inculquer à l’enfant le sens de la maîtrise de ses émotions, cela l’aidera à forger sa dignité ». Selon lui, le concept de l’intelligence émotionnelle mérite d’être inséré dans le système éducatif sénégalais. « C’est fondamental aujourd’hui que dans nos foyers, nos écoles primaires et maternelles, collèges et lycées, on y intègre cette notion qui permet aujourd’hui de mettre sur la balance les émotions positives et négatives et de pouvoir les maîtriser », soutient-il. « Dans la vie, on est venu pour apprendre, remplir notre mission sur terre. Il faut donc que tout ce qu’on entreprend se fasse dans la pertinence. Quand un projet est pertinent, on le fait rouler sur un tapis de cohérence. Il faut aussi qu’on soit accompagné par la qualité et la responsabilité. Ce sont ces différents concepts, accompagnés de l’intelligence émotionnelle, qui doivent faire l’éducation de notre nation », note l’Imam Cissé. « Si l’on ne l’intègre pas, on fait du mimétisme. On prend ce qui se passe en Europe ou ailleurs, alors que les réalités sociales, sociologiques, religieuses, coutumières sont différentes », prévient-il. Conséquence, après le baccalauréat ou la maîtrise, on se retrouve avec des jeunes avec un diplôme et qui ne savent pas à quel saint se vouer. « On créée des individus hybrides, qui se cherchent parce qu’ils ne sont ni Français, ni Américains et ne sont plus Sénégalais. C’est la ruée vers l’extérieur. On ne se retrouve plus dans notre système ». Pour l’Imam Cissé, il est fondamental d’organiser la refonte du fichier de l’éducation nationale pour y intégrer ces bases afin que l’enfant grandisse avec ces notions. Ainsi, assure-t-il, on aura une génération de leaders, imprégnée de bonnes valeurs, d’hommes et de femmes dignes, pudiques, responsables. Tous ces maux qui gangrènent la société et que personne n’apprécie disparaîtront.

Aujourd’hui, le mal est très profond, estime l’Imam et Professeur Moussa Ndiaye. Si certains pessimistes soutiennent que ces valeurs n’ont plus des chances de survie, le philosophe reste cependant optimiste. « J’ai espoir qu’une nouvelle intelligentsia responsable pourra redorer le blason et emboîter le pas aux pionniers, aux grands hommes du pays dont les qualités sont parées des vertus du sérieux et de la droiture », avance-t-il. Pour le docteur Djim Ousmane Dramé, « seul un engagement résolu dans un dynamisme constant, un sérieux toilettage des cœurs souillés par la haine, la méchanceté et les péchés et une foi réelle en Dieu pourront efficacement impulser un lendemain meilleur, un Sénégal de paix, de bonheur perpétuel, de « jom », de « kersa », de « sutura », de cohésion et de prospérité à jamais ». Le devoir de tout un chacun si l’on veut construire une nation de valeur, soutient-il, c’est de « continuer à inculquer ces valeurs à nos enfants qui vont le transmettre à leur tour à leurs enfants, de génération en génération ».

 

L’AVIS DU SOCIOLOGUE

M. SARA NDIAYE, CHEF DE LA SECTION SOCIOLOGIE À L’UGB

« Nous sommes à l’ère de la caricature des bonnes mœurs »

 

Le « jom », le « kersa » et le « sutura » s’érigent en normes pour une société vertueuse. C’est la conviction de Sara Ndiaye, l’enseignant-chercheur à l’Ufr des Lettres et sciences humaines de l’Université Gaston Berger de Saint-Louis. Pour le sociologue, il est clair que le désenchantement et la déshumanisation auront un bel avenir là où ces valeurs sont absentes.

 

Les valeurs cardinales que sont le « jom », le « kersa » et le « sutura » font partie de ces comportements sans effets secondaires et sans date de péremption, selon le Professeur Sara Ndiaye. « C’est comparable à l’oxygène pour un organisme, à l’humidité pour une plante, au plumage pour la volaille. On en a besoin tout le temps et en toute circonstance. Ça nous élève dans la structure sociale. Ça entretient notre dignité et rend fiers nos parents et amis. Réunis chez une personne, elles sont des comportements qui nous installent au tableau d’honneur dans notre monde social », explique le sociologue. Le Sénégalais est naturellement socialisé à ces valeurs. Mais aujourd’hui, regrette-t-il, ces valeurs sont en train de perdre du relief. « La génération actuelle, une bonne partie en tout cas, les a désacralisées. Nous sommes au désenchantement, à l’ère de la caricature des bonnes mœurs », relève-t-il.

Si toute société est à l’épreuve du changement, celui de la société sénégalaise reste anomique, estime le sociologue, parce que, soutient-il, « il introduit des modèles de comportements aux antipodes de nos valeurs ». « Nos normes sociales semblent obsolètes. En tout cas, elles ne sont pas assez représentatives parmi nos référentiels pour évaluer nos pratiques et nos manières d’être », ajoute le Professeur Sara Ndiaye, qui précise que dans la stratification sociale, les jeunes ne sont pas des sujets, mais des objets, c’est-à-dire des êtres sociaux en devenir. Ces derniers, fait-il remarquer, sont sous la tutelle des adultes (parents) et des instances de socialisation (milieu initiatique, « daara », école, atelier, champ, espace domestique, etc.). Or, note-t-il, les dynamiques actuelles ont propulsé les jeunes au rang de « forces sociales » et d’acteurs. « Les jeunes prennent part activement dans un conflit de générations, usent de slogans assez hostiles et profitent de canaux d’expression impossibles à censurer. On se demande d’ailleurs quel type de Sénégalais notre jeunesse actuelle socialisera lorsqu’arrivera son tour de socialiser les plus jeunes », laisse-t-il entendre. À ce rythme, croit savoir le sociologue, il est illusoire de penser à une restauration du modèle social sénégalais. L’Internet, indique-t-il, a déjà proposé des anti-modèles aux jeunes. Cependant, il invite à montrer le bon exemple aux plus jeunes en toute circonstance. « La pédagogie recommande d’ailleurs que c’est par l’exemple que l’adulte parvient à socialiser efficacement les plus jeunes », indique-t-il. S. O. FALL

CITATION DU JOUR

« Être libre, ce n’est pas seulement se débarrasser de ses chaînes, c’est vivre d’une façon qui respecte et renforce la liberté des autres ».

Nelson Mandela

PETIT MÉTIER, GROS PROFIT

AROUNA KANE, CORDONNIER

Mal chaussé, mais pas fauché

 

L’adage selon lequel il n’y a pas de sot métier colle bien à Arouna Kane. Ce cordonnier, parti de rien, assure, aujourd’hui, plusieurs charges dont la dépense quotidienne de sa maison. Ce, grâce à ce métier qu’il exerce avec passion et engouement depuis près d’une trentaine d’années.

 

Dans un petit coin d’une ruelle de la Sicap liberté 4, Arouna Kane ne passe pas inaperçu. La chéchia bien ajustée sur la tête, sourire aux lèvres, Arouna est toujours assis confortablement devant son étalage de piles de chaussures abîmées et les raccommode avec dextérité au grand bonheur de sa clientèle. Les personnes qui empruntent souvent cette ruelle le connaissent bien pour son assiduité et sa bonne humeur. « J’occupe cet espace depuis 1994. J’y suis arrivé très jeune. C’est grâce à la générosité de cette famille, pointant du doigt un bâtiment qui jouxte son étalage, que j’ai pu m’installer dans ce coin de la ruelle, il y a de cela 27 ans », se remémore-t-il.

Depuis lors, « Rône », comme l’appellent affectueusement ses clients, y exerce son métier de cordonnier et parvient à subvenir aux besoins et charges de sa famille. Parti de rien, Arouna a mené un véritable parcours du combattant dans la capitale sénégalaise. Venu fraîchement de son village natal, Oréfondé, dans le Fouta, après des études coraniques, il a appris à raccommoder et à rapiécer des chaussures abîmées grâce à l’aide d’un vieil homme originaire des îles du Cap-Vert qui s’adonnait lui aussi à ce métier. « J’ai débuté comme apprenti à l’âge de 20 ans. Je venais chaque soir au marché de Liberté 6 pour tenir compagnie à ce gentil homme que je considérais comme un père. Il finira par m’apprendre les rudiments de ce métier que j’ai fini par adopter comme profession », narre-t-il nostalgique.

À ses débuts, en 1992, Arouna Kane sillonnait quelques quartiers de Dakar en faisant du porte-à-porte avant de finir par s’installer définitivement à la Sicap liberté 4 en 1994. Âgé aujourd’hui d’une cinquantaine d’années, Arouna ne compte pas arrêter d’exercer la cordonnerie. Pour lui, il n’y pas de retraite en vue tant qu’il est en bonne santé. Il quitte chaque matin son domicile sis au quartier populaire de Grand Yoff et n’y retourne qu’aux environs de 20 h ou 21h.

Avec ce métier de cordonnier, Arouna Kane gagne dignement sa vie. « Je rends vraiment grâce à Dieu. Il m’arrive d’empocher la somme de 6000 FCfa, voire 10 000 FCfa, par jour. J’avoue que c’est grâce à ce métier que j’ai pu me marier en 1999. Et jusqu’à présent, c’est avec les pécules de ce petit boulot que je prends en charge toute ma progéniture », confie-t-il.

Il insiste sur le fait qu’il n’y a pas de sot métier. À son avis, tout métier a une valeur et requiert de la détermination pour y réussir.

Maguette Guèye DIÉDHIOU

 

 

AU CŒUR DES ARCHIVES DU SOLEIL

POUR SAUVER SON COUPLE

La nouvelle mariée commandite l’assassinat de la fille de son époux

Pour connaître le bonheur dans son ménage, Sanou Mansaly était prête à tout. Quitte même à commanditer, sur  ordre d’un charlatan, l’assassinat de la fille de son époux et de la jeter dans le fleuve Casamance. Les faits se sont déroulés en 1992 à Ziguinchor.

L’amour et la quête du bonheur peuvent parfois rendre fou. Certaines femmes, pour marquer leur territoire et préserver leur ménage, ne reculent devant rien, n’hésitent pas à commettre l’irréparable. La dame Sanou Mansaly, qui a convolé en justes noces avec le chauffeur de taxi Kébouté Camara, est de celles-là. Voulant sécuriser son couple, elle avait consulté un charlatan. Ce vendeur de bonnes aventures lui avait fait croire que son ménage était sur le point de voler en éclats et qu’elle pouvait même y laisser la vie si elle n’y prenait garde. Elle devait, pour éloigner ce mauvais présage, s’acquitter d’un sacrifice humain. Et la victime désignée n’était autre que la fille de son époux, S.C., âgée de seulement quatre ans et orpheline de mère. Elle devait juste la plonger dans un puits ou la jeter dans un cours d’eau.

Pour effectuer sa sale besogne, la nouvelle mariée avait trouvé un bourreau, Mamadou Ba, alias Kandé. Ce mécanicien devait ôter la vie de la pauvre fillette moyennant la modique somme de…2000 FCfa. Après une première tentative qui avait fait choux blanc le lendemain de la Tabaski, Mamadou Ba passa à l’offensive un dimanche, pendant que le père de l’enfant était au boulot. Après avoir récupéré la fillette vers 14 heures par l’intermédiaire d’un garçon envoyé par Sanou, il l’amena dans une école et y resta jusqu’à la tombée de la nuit pour ensuite la conduire au fleuve. Il resta avec elle dans une barque un bon moment. Dans la pénombre, il profita du sommeil de l’innocente pour la prendre par les jambes et la plonger plusieurs fois dans l’eau. Il l’étrangla ensuite avant de jeter son corps, ni vu ni connu, dans le fleuve Casamance.

Alerté par le comportement pour le moins suspect de sa femme, Kébouté Camara, fortement affecté par la mort de sa fille, lui mit la pression. Il menaça d’aller en Guinée-Bissau s’en référer au bois sacré et quiconque serait trempé dans la mort de sa fille mourra dans les 24 heures. Paniquée, Sanou reconnut les faits et cracha alors le morceau. Son époux porta plainte auprès de la Police. Les enquêteurs n’eurent le moindre mal à arrêter la marâtre. Mamadou Ba fut aussi arrêté à son tour. Il reconnut avoir tué la petite S.C. sur ordre de Sanou Mansaly. Suffisant pour qu’ils soient tous deux inculpés d’assassinat.

Samba Oumar FALL (sources Jean LOPY, Le Soleil du 4 juillet 1992)

DRÔLE D’HISTOIRE

 

Une Barbie à l’effigie de la co-créatrice du vaccin d’Astra Zeneca

Le fabricant de jouets Mattel a annoncé avoir créé une poupée Barbie en l’honneur de la scientifique britannique Sarah Gilbert, co-créatrice du vaccin d’Oxford/Astra Zeneca contre la Covid-19, au succès mitigé dans le monde, mais source d’une immense fierté au Royaume-Uni.

Sarah Gilbert, Professeure de vaccinologie à l’Université d’Oxford, a d’abord trouvé cette initiative « très étrange », mais a déclaré, dans un communiqué de la firme, espérer que cela « inspirerait une prochaine génération de jeunes filles pour travailler dans le domaine des sciences, de la technologie, de l’ingénierie et des mathématiques ».

Plus d’un milliard de poupées Barbie ont été vendues dans le monde depuis son lancement par Mattel, il y a 60 ans. Face aux critiques sur l’image superficielle du jouet, la marque diversifie ces dernières années son look. Outre Sarah Gilbert, elle a révélé cinq nouveaux modèles mettant à l’honneur des femmes travaillant dans le domaine des sciences, expliquant vouloir « inspirer la prochaine génération pour prendre exemple sur ces héros ». Ces modèles de collection, qui ne seront pas en vente à grande échelle, représentent les soignantes américaines Amy O’Sullivan, infirmière aux urgences de l’hôpital Wycoff (New York), et Audrey Cruz, médecin à Las Vegas qui combat les discriminations, ainsi que la Docteure canadienne Chika Stacy Oriuwa, la scientifique brésilienne en recherche biomédicale Jaqueline Goes de Jesus et la médecin australienne Kirby White, co-créatrice d’une blouse réutilisable pour le personnel soignant.

lapresse.ca

Laissez-passer

Bleu de chauffe

Elhadji Ibrahima THIAM

Au début du train à vapeur, au 19ème siècle, les cheminots, chargés de faire chauffer l’eau et faire monter la pression dans les locomotives, se distinguaient par leur accoutrement. Ils portaient une veste bleue appelée « bleue de chauffe ». Au 20ème siècle, les ouvriers et les artisans ont naturellement adopté cet habit. Nous empruntons cette image pour maquer le démarrage des « Feuilles d’hivernage » du nom de ce cahier que « Le Soleil », depuis toujours, gratifie ses lecteurs durant les vacances.

Exit donc le rouge du cabochon, votre journal se pare de bleu, à l’image des cheminots d’autres fois. Non pas pour faire chauffer l’eau et faire monter la pression, mais pour vous mettre l’eau à la bouche et faire monter l’adrénaline. Rompre donc avec le train-train quotidien pour un voyage en toute allure où vous aurez le loisir de voir défiler un panorama fait de récits de vie et de grands reportages de terrain dans le Sénégal des profondeurs mais également des villes.

Ainsi donc, en 2021, la tradition sera respectée. Cette philosophie qui fait l’originalité des « Feuilles d’hivernage » du « Soleil » sera maintenue avec une thématique générale adossée à l’actualité politique et sociale. Le Sénégalais a-t-il changé ? Ce questionnement constituera le fil rouge des « Cahiers vacances » de cette année. À travers cette interrogation, il s’agit de tenter de percer les phénomènes de violence dans l’espace public, qu’il s’agisse de la scène politique, des médias, des réseaux sociaux et, généralement, dans la société. Nous questionnerons aussi ce qui fait notre spécificité en tant que Sénégalais. Ce qui reste, à l’ère des réseaux sociaux et de la libération de la parole, des valeurs cardinales qu’on aime tant chanter. Nous essaierons de nous projeter pour avoir une idée de l’homo senegalensis qu’enfanteront, dans quelques années, les mutations en cours de la société sénégalaise.

Mais, les « Feuilles d’hivernage » de cette année ne s’intéresseront pas qu’aux questions existentielles. Au fil des jours, nous vous ferons découvrir des localités avec leurs us et coutumes, nos réalités socioculturelles qui résistent encore aux bouleversements de notre époque, nos savoirs endogènes dans un contexte de crise sanitaire aiguë. Nous vous conduirons à la rencontre de Sénégalais lambda qui, malgré la conjoncture difficile, refusent de céder à la fatalité et tentent de se construire un destin à travers de petits métiers. Bref, nous allons vous raconter la vie de petites gens et de nos communautés, de nos cultures dans leur diversité ; ce qui font de nous une Nation.

Les « Cahiers vacances » seront donc la locomotive de votre canard préféré pendant les 45 prochains jours sur 38 éditions. Le train des « Feuilles d’hivernage » a sifflé, destination fin septembre !



Source : http://lesoleil.sn/feuilles-dhivernage-jom-kersa-s...