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GILLES YABI A L’OCCASION DES 10 ANS DE WATHI : « La région a réussi le triste exploit de créer les conditions de sa fragmentation dans un monde dangereux et brutal »

Rédigé par leral.net le Samedi 27 Septembre 2025 à 14:48 | | 0 commentaire(s)|

GILLES YABI A L’OCCASION DES 10 ANS DE WATHI : « La région a réussi le triste exploit de créer les conditions de sa fragmentation dans un monde dangereux et brutal »

 
 
 
A l'occasion du 10e anniversaire de Wathi, son fondateur et directeur exécutif, Gilles Yabi, estime que la région ouest-africaine n’est pas dans un bel état et les perspectives, non plus, ne sont pas éclatantes. A l’en croire, la région a réussi le triste exploit de créer les conditions de sa fragmentation, de son affaiblissement collectif dans un monde dangereux et brutal. Pour le professeur Bathily, il y a une véritable crise de leadership dans le monde et seuls les éclairages des think tanks peuvent ouvrir la voie d’un monde meilleur.
 
 
 
La célébration du 10e anniversaire de Wathi, think tank citoyen de l’Afrique de l’Ouest sur le thème : « L’évolution des think tanks en Afrique de l’Ouest face aux mutations démocratiques et sécuritaires », a été présidée par le Pr Abdoulaye Bathily, en présence des chercheurs, des universitaires, des acteurs de la société etc. Une occasion pour l’Envoyé spécial du président de la République pour le Sahel de rendre hommage au travail de Wathi qui, à l’en croire, est une fierté pour le travail qui a été fait pendant ces dix ans, par la profondeur de sa réflexion. « On peut mesurer l'importance de sa contribution à la réflexion sur les problèmes non seulement en Afrique de l’Ouest mais au-delà », indique le Pr Bathily.
 
Abdoulaye Bathily : « Il y a une véritable crise de leadership dans le monde »
 
Poursuivant , il estime que le monde est dans une période de basculement comme en atteste le discours qui fait froid dans le dos à la tribune des Nations-Unies de celui qu’il appelle le plus grand leader de la planète. Cependant, en dépit de ce qui se passe, que personne, dit-il,  n’aurait pu imaginer, il estime que le monde et les peuples réussiront à transcender cette période sombre de l’histoire de la trajectoire humaine. « C’est pourquoi nous avons besoin d’organisation comme Wathi, de think tanks pour réfléchir, pour nous sortir de cette impasse dans laquelle certains veulent nous convier. Il nous faut rester optimiste en l’avenir d’une humanité meilleure. Il faut rester optimiste en la capacité des hommes et des femmes  de surmonter les épreuves actuelles. Nous avons besoin de vos éclairages en ces temps de crise de leadership dans le monde. Il y a une véritable crise de leadership dans le monde et nous avons besoin de l’éclairage des think tanks pour ouvrir la voie d’un monde meilleur », déclare le Pr Bathily.
 
Gilles Yabi : « la résignation n’est pas une option face aux voix et aux idées qui créent les conditions de la radicalisation, de la violence … »
 
« La région n’est pas dans un bel état, le monde non plus. Pour ceux qui doutaient du caractère effrayant des tendances actuelles sur le plan politique et géopolitique, l’écoute de quelques-uns des discours à l’Assemblée générale des Nations-Unies suffit à mettre fin au doute. Face à cette tendance, nous devons continuer à faire ce que nous faisons. La résignation n’est pas une option face aux voix et aux idées qui créent les conditions de la polarisation, de la radicalisation, de la violence, de la destruction de notre humanité, de notre planète », ajoute pour sa part le Directeur exécutif de Wathi, Gilles Yabi, qui révèle que les perspectives à court terme dans la région ne sont pas éclatantes. Il en veut pour preuve la situation politique instable déclenchée par un coût d’Etat militaire au Mali. Une crise qui, à l’en croire, n’a cessé de se complexifier et de s’aggraver. « Malgré tout, personne n’imaginait il y a dix ans que la suite serait aussi catastrophique pour l’Afrique de l’Ouest. On n’imaginait pas que le Burkina et le Niger connaîtraient des coups d’État militaires. On n’imaginait pas que le périmètre de l’insécurité, de la peur s’étendrait à autant de régions des pays de l’Afrique de l’Ouest. On n’imaginait pas que le processus d’intégration régional ambitieux porté par la Cedeao aurait pu se trouver aussi brutalement menacé malgré toutes nos alertes, tous nos messages. La région a réussi le triste exploit de créer les conditions de sa fragmentation, donc de son affaiblissement collectif dans un monde dangereux et brutal », se désole de constater l’initiateur du think tank Wathi.
 
Gilles Yabi : « le débat pour comparer l’Aes et la Cedeao est d’une grande futilité »
 
Poursuivant, il rappelle que Wathi est par essence un vecteur de l’intégration régional et de l’intégration africaine. « Pour nous, le débat pour comparer l’Alliance des Etats du Sahel (Aes) et la Cedeao pour savoir qui va gagner et qui va perdre est d’une grande futilité. Ce qui est en train de se jouer, c’est l’avenir de chacun des pays, l’avenir de toute la région ouest-africaine. Et derrière les pays, ce sont les populations. Ce qui se joue aujourd’hui, c’est le contexte dans lequel vivront nos enfants. Ce n’est pas qui va gagner ou qui va perdre », précise M. Yabi. En outre, il est d’avis que le travail de Wathi n’est possible qu’avec un minimum de liberté. Ce qui n'est pas le cas, dit-il, dans beaucoup de pays. « Si nous entourons d’un épais silence tous les dérives des pouvoirs autoritaires militaires ou civils, nous aurons accepté la résignation progressive des espaces de libertés individuelles et collectives dans la majorité des pays de la région », avise le fondateur de Wathi.
 
M. CISS
 
 
 
 
 
CHEIKH GUEYE PLAIDE POUR L’INDEPENDANCE FINANCIERE DES THINK TANKS DANS SON DISCOURS INAUGURALE SUR L'IMPORTANCE DES THINK TANKS, DE LA RECHERCHE ET …
 
 
 
« La dépendance aux financements extérieurs fragilisent l’économie »
 
 
 
Lors du 10e anniversaire du think tank Wathi, le discours inaugurale a été prononcé par le facilitateur du dialogue national, Cheikh Gueye sur l’importance des think tanks, de la recherche et du débat public pour faire progresser nos sociétés. D’emblée, Cheikh Guèye est convaincu que pour des politiques publiques bien conçues qui mieux que les think tanks peuvent contribuer à éclairer les décisions et à nourrir le débat public. « Ces institutions démontrent qu’au-delà de la recherche académique, il est possible de produire des analyses utiles et proches des préoccupations des populations », indique-t-il. Comme en atteste,  dit-il, la réforme des subventions agricoles au Sénégal en 2015 menée par l’Ipar ; le rejet des Partenariats économiques (Ape) ; et l’adoption de la politique fiscale sur le tabac et l’adoption d’une directive de la Cedeao pour une taxation plus efficace du tabac. Ce qui démontre que les think tanks influencent certaines décisions des décideurs publics. « En me recevant, le président de la République m’a affirmé qu’il continuait à lire les productions du Rasa (think tank) et j’en ai profité pour lui remettre les derniers ouvrages collectifs que nous avons publié sur l’agenda national de transformation. Il est important de viser le plus haut niveau en termes de transmission de nos productions scientifiques parce que cela a un impact sur la pensée du développement notamment dans un contexte où il faut le regretter nos hommes politiques ne lisent pas beaucoup et ne s’ouvrent pas en dehors de leur cercle restreint », fait remarquer Cheikh Guèye qui estime que les think tanks ne sont pas seulement des producteurs d’idées, mais aussi des facilitateurs de processus démocratiques, économiques, sociaux, etc. Revenant sur l’avenir des think tank en Afrique de l’Ouest, il préconise de renforcer l’indépendance financière. « La dépendance aux financements extérieurs fragilisent l'économie. La faible diversification des sources de financement est un problème récurrent. Améliorer la communication et la traduction des savoirs, produire de bonnes idées ne suffit pas, il faut les vulgariser, les médiatiser et les adapter à différents publics. La médiation du savoir reste limitée par manque de ressources. Il faut également assurer la relève générationnelle et la rétention des talents. La fuite des cerveaux et le turnover élevé des chercheurs menacent la continuité de nos efforts », explique M. Guèye. S’agissant des opportunités, il relève que le numérique offre des canaux puissants pour diffuser des idées et toucher plus directement les citoyens. La jeunesse africaine, ajoute-t-il, est une opportunité importante. « Elle est avide de savoir et d’innovation. Elle représente un vivier extraordinaire pour renouveler la recherche et le plaidoyer », renchérit le conférencier qui appelle les think tanks en Afrique à se positionner comme de véritables acteurs de confiance : « des espaces autonomes capables de produire des idées fortes et d’éclairer les choix collectifs ».
 
M. C
 
 
 
 
 
 
 
 



Source : https://www.jotaay.net/GILLES-YABI-A-L-OCCASION-DE...