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Gabon: Quand le Chat n'est pas là, les souris dansent !

Rédigé par leral.net le Samedi 15 Décembre 2018 à 18:25 | | 0 commentaire(s)|

La nature a horreur du vide dit-on.. Et la situation actuelle que connaît le Gabon, pays pétrolier d'Afrique Centrale ne saura contredire cet adage.


A titre de rappel, le Président du Gabon, Ali Bongo Ondimba, avait été victime d'un "malaise" lors d'un déplacement en Arabie Saoudite à l'occasion du forum économique Future Investment Initiative.


C'est ainsi que le 25 octobre dernier, Ali Bongo Ondimba était hospitalisé à Riyad au sein de l'hôpital King Faisal où il recevra notamment la visite du prince héritier Mohamed Ben Salmane. Après une amélioration de son état de santé, Ali Bongo, accompagné de son épouse et de l'un de ses fils, se rendirent à Rabat au Maroc sur invitation du Roi Mohamed VI, avec qui la famille Bongo entretient des relations historiques et fraternelles.


L'exécutif gabonais annoncera, à la suite d'une audience avec la Présidente de la Cour Constitutionnelle, le Vice-Président et le Premier Ministre, que la période de convalescence aurait lieu dans ce pays et que le Chef de l'Etat traiterait les dossiers depuis l'ambassade du Gabon au Maroc.

 
Cette situation inédite a fait apparaître son lot de fake news et d'opportunisme pour de nombreux acteurs de la place qui voyaient en cette "crise", une opportunité de pouvoir (re)trouver une place au soleil. L'indisponibilité temporaire du président gabonais fit alors surgir des querelles internes auxquelles les hommes de l'ombre du pouvoir s'adonnaient sans aucune retenue, multipliant les incidents et développant une atmosphère délétère dans tout le pays.


Entre annonce de fausse mort, bilan de santé frauduleux, guerre d'influence et abus de pouvoir, l'indisponibilité d'Ali Bongo Ondimba déliera les mains de certains qui n'auront aucun scrupule à envoyer leurs chiens de guerre vers des personnes du "camp présidentiel". L'exemple le plus frappant de cette guerre d'influence semble la cabale menée contre le cabinet présidentiel d'Ali Bongo Ondimba, avec pour principale cible, l'omniprésent directeur de cabinet, Brice Laccruche Alihanga. 

Au-delà d'articles "commandés" pour ternir l'image de ce proche collaborateur d'Ali Bongo, ce dernier s'était vu refusé à plusieurs reprises la sortie du territoire par la Police des Airs et des Frontières (PAF) alors qu'il tentait de rejoindre le Président de la république à Riyad, puis à Rabat. Ce service de la police, sous l'autorité du Ministre de l'intérieur Lambert Matha, empêchera la sortie de nombreux hauts fonctionnaires de la première institution du pays et ce, malgré une levée d'interdiction de sortie du territoire signée du Procureur Général de la République gabonaise.


Ce dernier fait amènera les populations et instances internationales à se poser la question de la légalité des actions menées et de la provenance des ordres. Le Ministre d l'Intérieur ne pouvant refuser de se soustraire à l'autorité judiciaire, les regards se tournent tous aujourd'hui, vers le Directeur des Service Spéciaux Frédéric Bongo Ondimba, demi-frère d'Ali Bongo et proche de Maixent Accrombessi (ancien directeur de cabinet NDLR), qui ne serait pas à son coup d'essai dans les manoeuvres d'intimidation et les jeux de pouvoir.

Cette personne décriée de nombreuses fois par les gabonais et la classe politique pour ses méthodes allant à l'encontre de la démocratie et de l'état de droit, semble ne plus vouloir masquer ces intentions malgré la fin de non-recevoir reçue de la part des autorités françaises, quelques semaines auparavant.

Des guerres intestines, encore sourdes il y a peu, semblent avoir pris un autre tournant après que la Direction Générale des Recherches (DGR) se soit mise à attaquer les plus proches collaborateurs de Brice Laccruche Alihanga.

Ainsi ne pouvant se permettre une attaque frontale envers ce dernier, Frédérique Bongo semble opter pour une approche plus fine mais tout aussi radicale: prendre en otage les personnes dites plus faibles. Ce sont ainsi plusieurs personnes qui se sont vues mises aux arrêts sans explication et base légale aucune, laissant à penser qu'en l'absence du Chef de l'Etat, la notion de démocratie s'est elle aussi absentée. Dernier fait en date ? La mise aux arrêts ce matin d'une proche collaboratrice d'Ike Ngouoni (Conseiller Spécial du Président et Porte-Parole de la Présidence) au sein de la Présidence de la République, qui a été relâchée en début d'après-midi après un interrogatoire musclé.

Combien de temps perdureront ces agissements ? Quelle solution pour dénouer ce panier de crabes ?

Les différents évènements relatés amènent à penser qu'un retour rapide du Chef de l'État sera nécessaire afin de mettre un terme aux différents calculs et manoeuvres dont la seule véritable victime est la population gabonaise.

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L'AUTEUR
KRYS MICHAUD