Berceau de l’humanité, l’Afrique est aussi à l’origine des religions monothéistes. Dans son dernier ouvrage «L’Afrique, Moïse et le monothéisme», l’écrivain sénégalais Sogué Diarisso, qui ausculte l’origine de la spiritualité à la lumière des travaux du Pr. Cheikh Anta Diop et d’autres savants, invite les Africains à se réapproprier ces religions en rapport avec leur histoire et l’essence de leurs croyances. Ceci, dans l’objectif de faire face au péril religieux qui mine le continent.
Par Ibrahima BA
Et si le salut de l’Afrique se trouvait dans sa capacité à réinventer les religions monothéistes étrangères qui ont inondé le continent au fil des siècles ? Dans son nouvel ouvrage, l’écrivain Sogué Diarisso apporte des réponses précises à cette question peu banale. L’auteur de «L’Afrique, Moïse et le monothéisme» pose un regard critique, mais lucide, sur la problématique de la spiritualité. Une démarche audacieuse au regard du caractère dogmatique des religions, surtout dans le contexte africain où des vies sont souvent abrégées et du sang coulé au nom de la foi. Aux misères qui déchirent le continent, difficultés économiques et retard face au reste du monde, Sogué Diarisso est formel : «L’Afrique est minée par le péril religieux et aucune perspective unitaire n’est envisageable sans une réponse conséquente à ce fléau».
Dans ce livre qui vient de paraître aux Éditions L’Harmattan Sénégal, en convoquant des faits historiques, il montre comment les religions pratiquées «nous ont été transmises par des oppresseurs ou esclavagistes, et certains oppressent aujourd’hui encore». Pourtant, en se basant sur les travaux de grands intellectuels dont l’éminent égyptologue, le Professeur Cheikh Anta Diop, M. Diarisso précise que ces religions sont d’essence africaine à travers l’Égypte et la Nubie (Soudan méroïtique). «Le monothéisme, dans toute son abstraction, existait en Égypte qui l’aurait elle-même emprunté à la Nubie », écrit-il. Aussi, révèle l’écrivain, cette conception déiste «très» proche de la philosophie de l’unité des musulmans, les ancêtres centrafricains la connaissaient parfaitement déjà plus de 3000 ans avant l’avènement de l’Islam. Ces derniers étaient aussi au fait des principes fondamentaux du christianisme «comme l’Immaculée Conception, la doctrine de la trinité…».
Seulement, au cours de l’histoire, l’Occident et l’Orient, pense l’auteur, ont dépouillé les religions africaines antiques de ce qu’ils considéraient comme des gangues pour les adapter à leurs us et coutumes. Pour l’Afrique, l’enjeu actuel est de trouver une spiritualité en rapport avec son histoire, «l’essence de ses croyances, les grands enjeux du monde». Cela, afin de pouvoir faire face aux «démons de la division» et trouver une «âme fédératrice qui permettra de transcender les conflits ethnico-religieux qui minent le continent». Il s’agira, au regard de l’auteur, de procurer à l’Afrique les ressorts d’une renaissance qui l’amènera à réaliser de très grandes œuvres, comme les civilisations qui ont su adapter le monothéisme originel de ses ancêtres à leurs réalités.
Apologie de Cheikh Amadou Bamba
Sogué Diarisso, contrairement à Sigmund Freud, qui conçoit la religion comme «la névrose obsessionnelle universelle de l’humanité», pense qu’elle est l’un des éléments «essentiels qui fonde l’espoir d’un avenir meilleur pour l’homme, parce que celui-ci, à travers le respect des rites, cultes et prescriptions, réunit dans son intellect et dans son inconscient toutes les conditions favorables à la paix du cœur dans ce monde et de celle de l’âme dans l’au-delà.»
En Afrique, l’inquiétude de l’auteur se justifie par le fait que celui qui tient «la spiritualité d’un peuple plante dans son subconscient les germes d’une soumission éternelle». Il invite ainsi à une renaissance spirituelle qui permet de briser les chaînes, «lever le voile qui nous empêche de voir». C’est pourquoi il juge nécessaire de promouvoir l’apologie de Cheikh Amadou Bamba dont la vie et l’œuvre constituent des exemples et une richesse inestimable à offrir à l’humanité. D’après l’auteur, les réalisations de cet homme de Dieu dépassent «les mythes et légendes auxquels nous croyons». Dans sa conception, le fondateur du Mouridisme doit être l’âme unificatrice de l’Afrique chrétienne et musulmane, parce que ce mystique sénégalais, qui fut déporté en 1895 au Gabon par le pouvoir colonial, est «dépositaire de la lumière de Jésus et du Prophète de l’Islam». Avec 145 pages, «L’Afrique, Moïse et le monothéisme» offre également un voyage dans le passé des grandes religions monothéistes avec un accent sur le personnage de Moïse.
Directeur de la Prévision et de la Statistique du Sénégal, Directeur de l’Agence pour la mise en œuvre de la plateforme de Diamniadio, Directeur de la Recherche et de la Statistique de la Bceao, Directeur du Bureau opérationnel de suivi du Pse à la Présidence de la République…Sogué Diarisso a occupé de prestigieux postes dans sa carrière. Il est détenteur d’un diplôme d’ingénieur statisticien économiste.
Source : http://lesoleil.sn/livre-lafrique-moise-et-le-mono...