LE FOOTBALL SÉNÉGALAIS FACE À L’ÉPREUVE DU RENOUVEAU

À l’approche de l’élection à la présidence de la Fédération Sénégalaise de Football (FSF), les ambitions se dévoilent et les manœuvres s’activent. Alors que de nombreuses voix réclament une alternance après de longues années de règne d’Augustin Senghor, il est essentiel d’examiner de près les profils qui émergent pour porter ce renouveau.

Parmi eux, Abdoulaye Fall intrigue. Ancien cadre du Trésor public, il se distingue par une présence financière impressionnante qui suscite interrogations. D’où vient cette force de frappe économique ? Que retenir de son passage dans l’administration ? Son ambition à diriger la FSF mérite-t-elle un regard critique sur son passé et sa gestion ?

Au-delà des hommes, c’est la méthode qui interroge. Le football sénégalais est-il condamné à évoluer dans un système de clientélisme, de jeux d’alliances et de deals d’appareil ? Les clubs, à l'image de ceux qui vivent sous perfusion de subventions publiques, ont-ils les moyens de s’épanouir dans un tel environnement ? Ce manque d’exigence dans le choix des dirigeants fragilise la base même du football local.

L’exemple de Ziguinchor est particulièrement révélateur. Seydou Sané, président du Casa Sports et fidèle soutien du président sortant, affiche désormais son soutien à Abdoulaye Fall. Pourtant, dans son propre fief, le vent tourne : nombreux sont les Casamançais à réclamer son départ du club. Ancien membre du Comité exécutif, Seydou Sané incarne pour certains une figure usée, identifiée à l’ancien régime politique de l’APR.

Ce basculement d’un camp à l’autre, sans réelle remise en question des pratiques, montre combien certains acteurs cherchent avant tout à préserver leurs intérêts personnels. Si le fond du système ne change pas dans sa vision, son éthique et sa gouvernance, le football sénégalais restera enfermé dans un cycle de stagnation.

Il ne s’agit pas ici de faire le procès de tel ou tel acteur, mais de poser les bonnes questions. Le football sénégalais a besoin d’une gouvernance transparente, portée par des hommes intègres, compétents et animés par l’intérêt général. Ce que redoutent les amateurs de ballon rond, c’est de voir les mêmes lobbies revenir avec les mêmes méthodes, sous des visages à peine renouvelés.