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La Turquie vers un second tour inédit pour la présidentielle

Rédigé par leral.net le Dimanche 14 Mai 2023 à 23:24 | | 0 commentaire(s)|

Un second tour inédit semble se profiler dimanche soir en Turquie, suspendue aux résultats du dépouillement de l’élection présidentielle, qui donnent le président Recep Tayyip Erdogan au coude à coude avec son adversaire Kemal Kiliçdaroglu. Le chef de l’Etat de 69 ans, au pouvoir depuis 20 ans, perdait dans la soirée l’avance dont le créditaient […]

Un second tour inédit semble se profiler dimanche soir en Turquie, suspendue aux résultats du dépouillement de l’élection présidentielle, qui donnent le président Recep Tayyip Erdogan au coude à coude avec son adversaire Kemal Kiliçdaroglu.

Le chef de l’Etat de 69 ans, au pouvoir depuis 20 ans, perdait dans la soirée l’avance dont le créditaient les médias officiels sur son rival social-démocrate, passant sous la barre des 50%, selon l’agence étatique Anadolu.

Même si ces chiffres sont encore susceptibles d’évoluer, pour le troisième homme de cette élection, Sinon Ogan, dissident du parti nationaliste MHP crédité d’environ 5% des voix, ces résultats ouvrent la voie à un deuxième tour le 28 mai. Ce qui constituerait une première pour la République turque, centenaire cette année.

« Nous allons avoir 15 jours difficiles devant nous en cas de deuxième tour », a-t-il prévenu en refusant de dire quel candidat il soutiendrait. Pour être déclaré vainqueur, l’un des deux candidats de tête doit obtenir une majorité de 50% des voix plus une.

Dans l’attente des résultats définitifs, les deux camps se sont livrés une bataille de chiffres, enjoignant leurs observateurs respectifs à rester sur les lieux de dépouillement « jusqu’au bout ».  « Nous sommes en tête », a affirmé Kemal Kiliçdaroglu.

L’un de ses bras droits, le maire d’Istanbul Ekrem Imamoglu, a appelé « les citoyens à ne pas tenir compte des chiffres donnés par Anadolu ».  « Nous ne croyons pas Anadolu » a-t-il asséné.

A Istanbul, la mégapole de 16 millions d’habitants, les 20% des bulletins qui restaient à dépouiller pourraient aider M. Kiliçdaroglu à réduire l’écart.

A Diyarbakir, la grande ville à majorité kurde du sud-est du pays, Kemal Kiliçdaroglu a obtenu plus de 71% des voix sur les quatre-cinquièmes des bulletins dépouillés, selon Anadolu.

Toute la journée, les urnes se sont remplies de grosses enveloppes couleur moutarde déposées par des électeurs qui ont parfois attendu plusieurs heures devant les écoles transformées en bureaux de vote.

Le taux de participation, semble-t-il proche de 90%, n’a pas été communiqué officiellement. En jeu: le choix du treizième président de la République turque, qui fête son premier siècle, et l’avenir du chef de l’Etat qui espère se maintenir au pouvoir à l’issue de ce scrutin que les sondages avaient prédit serré.

Le vainqueur doit obtenir une majorité de 50% des voix plus une, sous peine d’un deuxième tour le 28 mai – date anniversaire symbolique du plus grand mouvement de contestations populaire qui a secoué le pouvoir en 2003. Les 64 millions d’électeurs devaient aussi choisir les 600 députés qui siègeront au parlement monocaméral à Ankara.

En 2018, lors de la dernière présidentielle, le chef de l’Etat l’avait emporté au premier tour avec plus de 52,5 % des voix. Un ballotage constituerait déjà pour lui un revers. AFP 

ÉLECTIONS EN TURQUIE

Ce qu’il faut savoir sur le scrutin de dimanche

Soixante millions d’électeurs turcs sont appelés, ce dimanche 14 mai, à voter pour élire leur Président de la République et les 600 députés pour les cinq prochaines années.

Les 60 millions d’électeurs turcs, sur une population estimée à 85 millions d’habitants, sont appelés à voter, ce dimanche 14 mai 2023, à la fois pour la présidentielle et les législatives. Pour l’élection présidentielle, quatre candidats étaient en lice. Avant-hier, le leader du Parti du pays natal (Memleket partisi), Muharrem Ince, instituteur de 59 ans, a jeté l’éponge. Cet ancien du Parti républicain du peuple (Chp), candidat à l’élection présidentielle de 2018, était arrivé en deuxième position avec 30 % des voix.  Sinan Ogon, un ancien député de 55 ans du Parti d’action nationaliste (Mhp), une formation d’extrême droite dont il a été exclu en 2015, fait partie des candidats pour la présidentielle. Il dirige une coalition baptisée Alliance des ancêtres, regroupant des ultranationalistes, des panturquistes et des antimigrants.

Le plus sérieux challenger au Président sortant, Recep Tayyip Erdogan, est Kemal Kiliçdaroglu, ancien fonctionnaire de la sécurité sociale de 74 ans. Il préside depuis 2010 le Parti républicain du peuple (Chp). Ce kémaliste, héritier du parti unique d’Atatürk, a pris de l’assurance après 2017, lorsqu’il a pris la tête d’une « marche pour la justice  » entre Ankara et Istanbul. Son parti a remporté toutes les grandes villes turques lors des élections municipales de 2019. Il est à la tête de l’Alliance de la Nation dite aussi « Table des six ». Cette coalition hétérogène regroupe des sociaux-démocrates, des nationalistes et des islamistes. Fait notable, elle a recueilli le soutien implicite du parti prokurde Hdp qui a choisi de ne pas présenter de candidat.

Président et fondateur du Parti de la justice et du développement (Akp), Recep Tayyip Erdogan, 69 ans, candidat à sa propre succession, est au pouvoir depuis mars 2003. Il est sorti vainqueur de toutes les élections auxquelles il s’est présenté depuis : législatives en 2003, 2007, 2011, 2015 et 2018, présidentielle en 2014 et 2018… Comme pour le dernier scrutin, il a noué une alliance avec plusieurs partis d’extrême droite, dont les Loups gris du Parti d’action nationaliste (Mhp) et l’Alliance de la République.

Si aucun des candidats n’obtient 50 % des voix au premier tour, un second tour départagera les deux meilleurs le 28 mai. En plus du Président de la République, les Turcs doivent élire 600 députés. Seuls les partis obtenant au moins 7 % des suffrages auront des élus. Deux grandes coalitions se partagent l’essentiel du paysage politique. Il s’agit de l’Alliance de la Nation ou Table des six, regroupant le parti kémaliste, le Chp et ses alliés, et l’Alliance de la République, formée autour d’Erdogan et de son parti, l’Akp. Ces alliances ne se font pas sur des bases idéologiques puisque chacune regroupe aussi bien des formations islamistes et conservatrices que des partis nationalistes issus des Loups gris.

Aly DIOUF

 



Source : https://lesoleil.sn/la-turquie-vers-un-second-tour...