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La politicaille sénégalaise, nos politicailleurs et leurs politicailleries ! (Par Cheikh Sadibou Sèye)

Rédigé par leral.net le Mercredi 19 Avril 2017 à 10:22 | | 0 commentaire(s)|

Prenons pour prétexte les violences politiques pour se poser la question de la déontologie dans le champ politique sénégalais. En effet, bien moins qu’un champ de réflexion privilégié sur le devenir du Sénégal, sur le projet de société qui conviendrait pour l’essor de notre cher pays, la politique est devenue le lieu privilégié de démagogie, d’invectives, d’insultes obscènes et de querelles de bas étage entre des aspirants à l’acquisition ou à la conservation du pouvoir.
 
Cet état de fait semble devenu le seul moyen dont dispose nos politiques pour faire œuvre de leur métier, sans manifester une bribe de conscience sur l’état de mécontentement et de frustration qui gangrène notre société. La morale ! Bannie soit-elle! Il semble même hérétique de vouloir poser un tel débat. L’on nous dit souvent que notre société est celle où moult vertus gisent pour nous conforter dans la dynamique d’éviter, pour le bien de tous, ce qui n’est de l’intérêt de tout le monde.
 
Or, une telle assertion semble aller à l’encontre des « vertus » propres au champ politique sénégalais. Les dynamiques de confrontation entre partisans d’un même camp en sont largement illustratives, et même bien plus que ceux entre opposants. La plupart des politiques ne rechignent à utiliser un langage qu’ils savent n’être point du goût de la plupart des Sénégalais, juste par besoin de déstabilisation d’un adversaire.
 
Le respect ! Ineptie que cela est ! L’homme politique sénégalais fait montre d’une certaine bassesse lors des confrontations avec qui lui est opposé, soit-il du régime en place ou de ses opposants. L’on nous dit souvent qu’un peuple, on l’éduque. Et la charge de cette éducation est, en partie, du ressort de ses dirigeants. Si nous admettons qu’une telle affirmation soit vraie, l’on serait alors bien aisé en se posant la question de savoir si celui qui ne manifeste, la plupart du temps, que de la bassesse peut, en tant que dirigeant, éduquer son peuple ; si, plus encore, il peut devenir une référence pour les jeunes générations. Le patriotisme ! Tant que cela va dans notre intérêt !
 
L’on pourrait même dire que c’est pour la plèbe ! Au fond, beaucoup d’hommes politiques sénégalais, qui disent, à qui veut l’entendre, qu’ils sont plus patriotes que tout le monde, le sont-il réellement ? Une telle question trouve justification dans le fait qu’ils ne vont que là où se trouvent leurs intérêts. La transhumance est devenue à la mode dans le champ politique, sans que la bassesse d’un tel acte n’y indispose, réellement, quelqu’un. Les opposants au régime en place se mettent, dans un dogmatisme absolu, à critiquer ses actes, faisant fi de tout ce qu’il peut faire de bon. Les acolytes du Président en place, dans un dogmatisme absolu, se mettent à faire les louanges de tout ce que ce dernier décide, faisant fi de ce qu’il peut faire et qui va à l’encontre des intérêts du peuple, pourvu qu’il aille vers le leur.
 
En définitive, notre champ politique (la politicaille sénégalaise !) devient, de plus en plus, cette terre infertile où l’on ne trouve qu’un nombre très réduit de plantes. Bien plus encore, plusieurs hommes politiques (nos politicailleurs !) semblent s’affranchir de ce qu’on pourrait nommer, la déontologie politique. Leurs actes (leurs politicailleries !) vont à l’encontre de ce qu’on exige de la population sénégalaise, en termes de vertu et de comportement.
 
Ce qui crée une situation sociale de frustration quasi pérenne. Et en cela, les politicailleurs indisposent la plupart des Sénégalais. Parce que si, à l’origine la politique était perçue comme l’art de gouverner la cité , elle est devenue l’art de la duperie, la sournoiserie, des sornettes ainsi que de tout ce qui sape les règles de bienséance et de courtoisie. Et cela va, en empirant! Face à cette situation alarmante, se poser cette question s’impose : ne faudrait-il pas commencer à envisager la réflexion sur le nouveau visage de la politique pour le développement du Sénégal?
 
Une telle question est d’une actualité et d’une importance certaine. Car, en l’état actuel des choses, le discours de la plupart des politiques sénégalais n’apporte aucune plus- value relativement à la réflexion sur notre projet de société. Pis encore, le déphasage entre le social et le politique semble être de nature à éreinter le citoyen sénégalais de sorte à le pousser vers des situations, de défection(«exitoption ») ou de prise de parole (« voice option »), potentiellement crisogènes. Il est à admettre que, si notre politique n’est pas réadaptée, ce décalage alimentera, encore plus, un rejet de plus en plus poussé ; lequel réduira davantage la participation politique, mais encore la légitimation de l’action des politiques. Et tel ne sera que regret pour notre « émergence » !
 
Cheikh Sadibou Sèye
Doctorant en Science politique à l’UCAD