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Les bombardements israéliens et l'aide humanitaire «ridiculement insuffisante» forcent les Gazaouis à fuir

Rédigé par leral.net le Mercredi 21 Mai 2025 à 11:42 | | 0 commentaire(s)|

Selon un bilan établi ce mercredi 21 mai, la défense civile de la bande de Gaza a fait état d'au moins 19 personnes tuées dans des frappes israéliennes contre le territoire palestinien dans le courant de la nuit. Les Émirats arabes unis ont conclu un accord avec Israël pour permettre la livraison d'aide humanitaire urgente à Gaza. Cette aide autorisée, une centaine de camions depuis lundi selon les autorités israéliennes, « n'est qu'un écran de fumée », dénonce de son côté l'ONG Médecins sans frontières. De fait, la population est forcée de se déplacer.


Les bombardements israéliens et l'aide humanitaire «ridiculement insuffisante» forcent les Gazaouis à fuir
« Nos équipes ont transporté 19 morts, dont la plupart étaient des enfants, et des dizaines de blessés après des raids aériens effectués par les avions de guerre israéliens dans diverses zones de la bande de Gaza la nuit dernière et tôt aujourd'hui », a déclaré ce mercredi matin un porte-parole de la défense civile. Ces derniers jours, l'armée israélienne a intensifié son offensive dans la bande de Gaza, dans le but affiché d'anéantir le Hamas et de récupérer les otages israéliens retenus dans le territoire palestinien.

Ce mercredi, l'ONG Médecins sans frontières (MSF) a accusé Israël de ne laisser entrer à Gaza qu'une aide « ridiculement insuffisante » face aux besoins du territoire, seulement pour ne pas être accusé « de famine imposée à la population. [...] Ce plan est une manière d'instrumentaliser l'aide, en la transformant en outil au service des objectifs militaires des forces israéliennes », a déclaré Pascale Coissard, coordinatrice des urgences MSF à Khan Younès, à Gaza, dans un communiqué.

Le pape Léon XIV évoque « le prix atroce payé par les enfants »
Lors de sa première audience générale hebdomadaire en public place Saint-Pierre depuis son élection, ce mercredi matin, le pape Léon XIV a appelé à laisser entrer « une aide humanitaire décente » à Gaza et à « mettre fin aux hostilités », « dont le prix atroce est payé par les enfants, les personnes âgées et les malades ». « La situation dans la bande de Gaza est préoccupante et douloureuse », a ajouté le pape.


Mahmoud Abbas salue l'annonce de l'Union européenne

Quant au président palestinien Mahmoud Abbas, il a salué le refus exprimé à l'étranger « du blocus et de la famine » imposés à Gaza, au lendemain de l'annonce par l'Union européenne du réexamen son accord d'association avec Israël. « Nous [...] saluons les positions des pays de l'Union européenne, [...] des pays donateurs, et [...] du comité ministériel arabo-islamique, a déclaré Mahmoud Abbas dans un communiqué. Ils ont appelé à un cessez-le-feu immédiat et à l'entrée immédiate et sans entrave de l'aide humanitaire par l'intermédiaire des Nations unies » et « ont également rejeté l'utilisation de l'aide par Israël comme une arme et un outil politique pour atteindre ses objectifs illégitimes », a-t-il ajouté.

Accord conclu entre les Émirats arabes unis et Israël pour la livraison d'aide

Les Émirats arabes unis ont conclu un accord avec Israël pour permettre la livraison d'aide humanitaire urgente à la bande de Gaza assiégée, selon un communiqué publié mercredi par l'agence de presse officielle émirienne WAM. Le chef de la diplomatie émirienne, Abdallah ben Zayed Al-Nahyane, « s'est entretenu par téléphone avec Gideon Saar, ministre israélien des Affaires étrangères, ce qui a conduit à un accord autorisant la livraison d'une aide humanitaire urgente en provenance des Émirats arabes unis, selon le communiqué. L'aide répondra, dans une première phase, aux besoins alimentaires d'environ 15 000 civils dans la bande de Gaza », précise le communiqué.

L'initiative fournira « des produits essentiels pour soutenir le fonctionnement des boulangeries dans la bande de Gaza, ainsi que des articles indispensables pour les soins aux nourrissons, tout en garantissant un approvisionnement continu afin de répondre aux besoins persistants des civils », selon la même source.

« À Gaza, il n’y a aucun endroit sûr »

À Gaza, la mort et la dévastation sont toujours le lot quotidien de la population. Actuellement, les bombardements visent principalement le nord et le sud de l’enclave. Des frappes meurtrières qui provoquent des déplacements massifs de la population, rapportent nos correspondants à Gaza, Rami El Meghari et à Jérusalem, Sami Boukhelifa.

Jusqu’au bout, Abu Ghassan, 77 ans, a résisté, refusé de quitter sa terre, sa maison pourtant détruite dans le nord de la bande de Gaza : « C’est la première fois que je suis déplacé. Lors du précédent siège, j’ai préféré rester chez moi. J’ai été assiégé durant 105 jours, le ventre vide. Mais je n’étais pas prêt à revivre cette expérience. Alors cette fois, je suis parti, parce que je n’avais plus de nourriture, plus d’eau... il ne me restait plus rien. »

Comme ce vieil homme, Abeer, et ses quatre enfants, n’ont jamais quitté le nord de l’enclave. Mais plus le choix. Direction désormais le centre de la bande de Gaza, relativement épargné par les frappes. « Cette fois, la situation semble beaucoup plus dangereuse. Lorsque les bombes s’abattent et que vous voyez les cadavres de vos voisins au sol, lorsque le nord se vide de tous ses habitants, lorsque Beit Lahia est rayée de la carte, vous prenez vos affaires et vous partez à la recherche d’un endroit sûr. Même si à Gaza, il n’y a aucun endroit sûr. »

Dans le centre de l’enclave, Rawan, jeune femme de 32 ans, cherche désespérément un endroit où planter sa tente : « Ce n’est pas la première fois qu’on est déplacés. Pourtant, en début d’année, lorsque nous avons été autorisés à rentrer chez nous dans le nord durant la trêve, nous tous, les déplacés, nous nous étions promis de ne plus jamais repartir. On s’était dit : les Israéliens pourraient venir nous décapiter, nous ne fuirons plus. Mais on a dû se rendre à l’évidence, rester c’est affronter une mort certaine. »

Plus de 53 000 personnes ont été tuées par l’armée israélienne depuis le début de la guerre.