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Mafia des transitaires dévoilée : Les dernières révélations de l’enquête sur les chèques du Trésor


Rédigé par leral.net le Mardi 17 Juin 2025 à 11:22 | | 0 commentaire(s)|

Mafia des transitaires dévoilée : Les dernières révélations de l’enquête sur les chèques du Trésor
Comme le révélait "LibérationC, trois carnets de chèques du Trésor, soit 150 chèques, ont été dérobés du bureau « Guichet et compte dépôt ». Une partie de ces chèques, pour un montant global de 7.863.447.070 Fcfa, a servi à régler des droits de douane au niveau de la Perception de Dakar-Port. L’enquête menée par la Division des investigations criminelles (Dic), dont les conclusions ont été transmises au parquet financier, a permis de mettre à jour un système occulte de versements de commissions, dont les véritables bénéficiaires restent encore à identifier formellement.

Ainsi, Mamadou Ly, gérant de la société Madina Transit, a reconnu devant les enquêteurs de la Dic, avoir reçu des chèques d’un montant de 675,850 millions et 689,922 millions FCfa, des mains de son voisin Pape Galaye Thiaw, qui tiendrait un magasin de téléphonie. Selon Ly, il ignorait la provenance des chèques, mais a concédé avoir versé à Thiaw des commissions représentant 10 % du montant global.

De son côté, lors de son audition, Lamine Bâ de la société Touba Darou Salam Transit (qui a encaissé respectivement 688,235 millions et 712,587 millions FCfa), a lui aussi déclaré avoir reçu deux chèques du même commerçant, contre une commission de 10 %. Ce dernier, par un tour de passe-passe, aurait disparu sans laisser de traces. Il est désormais quasi certain que ce commerçant qui aurait éteint ses téléphones, n’était qu’un lampiste, d’autant qu’il est improbable qu’il ait pu lui-même « pénétrer » au Trésor pour subtiliser les chèques.

Toujours selon les informations de "Libération", d’autres transitaires ont mis en cause un contrôleur du Trésor. Parmi eux, Mansour Kane, écroué dans l’affaire du faux chèque de 400 millions FCfa, un dossier qui avait poussé le parquet financier à diligenter des enquêtes approfondies auprès de la Dic. Extrait de sa cellule pour être entendu, Mansour Kane cité par Abdoulaye Bâ de la société Niani Transit comme lui ayant remis un chèque de 574,643 millions FCfa contre une commission de 12 %, a procédé à un véritable déballage lors de son audition.

Dès le début, il a contesté les déclarations de Abdoulaye Bâ, y compris lors de leur confrontation, avant de lâcher dans un procès-verbal : « Abdoulaye Bâ connaît tout le monde au Trésor (…) Toutefois, je n’accuse personne. Sur ce préjudice, je ne reconnais que les deux chèques que j’avais remis à Ahmed Tidiane Nam et Ramatoulaye Fall, objets de mon mandat de dépôt. Pour tout le reste, je ne le reconnais pas. Lors de mon arrestation, j’avais reconnu ce que j’avais fait. J’ai expliqué mon mode opératoire et je maintiens ma position. Je ne suis en train de protéger personne. C’est une faille dans le système que j’ai exploitée. Mais comme je suis le premier à être arrêté, les gens veulent tout mettre sur mon dos ».

Toujours très loquace, Mansour Kane a même orienté les enquêteurs vers d’autres pistes : « Je ne suis pas la seule personne qui pouvait leur proposer ce deal. Toutes ces personnes pourraient être associées à d’autres réseaux qui faisaient comme moi. Comme je suis en prison, les gens veulent mettre tout sur mon dos. Je n’irai pas jusqu’à faire des accusations gratuites. Une chose est sûre : ce trafic de chèques du Trésor est une pratique courante au sein du Trésor, que beaucoup d’autres personnes pratiquaient ».

Poursuivant ses révélations, rapportées encore par "Libération", il a ajouté : « Il faut également s’intéresser aux services qui effectuent les rapprochements entre les comptes de transfert des comptables centralisateurs, notamment le service Acct. Ce service doit vérifier régulièrement les rapprochements pour voir si la balance est soldée. Si elle ne l’est pas, cela signifie qu’il y a des montants non transférés, et cet écart doit apparaître systématiquement pour être régularisé par un rapprochement ». Avant de conclure : « Mais, chaque année, certains s’arrangent pour rendre le solde nul de manière artificielle, sans qu’il y ait de véritable régularisation. » Dans tous les cas, le dossier est désormais entre les mains du parquet financier.





Senenews

Mame Fatou Kébé