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Municipalité de Diamniadio: Messieurs les autorités, arrêtez votre jeu !

Rédigé par leral.net le Mercredi 23 Septembre 2020 à 11:00 | | 0 commentaire(s)|

La décentralisation s’inscrit dans une logique de gestion rapprochée des affaires publiques. Par conséquent, quand les populations sont dans la tourmente, les premières autorités qui devraient les soutenir et les accompagner, sont celles qui se trouvent dans les communes, dernier échelon de la décentralisation derrière le département et la région.

Une municipalité est un service public doté de compétences et d’une organisation administrative, dont la vocation première est de gérer les préoccupations de la population dans les domaines prévus par les lois et règlements. C’est que la gestion du service public local n’est pas un jeu comme le pensent les autorités locales mais un exercice sérieux, car l’avenir de toute une communauté en dépend. Malheureusement, la municipalité de Diamniadio, semble ignorer cette évidence.

Même si on passe sous silence la pusillanimité de leurs actes et discours, on ne peut s’empêcher de constater les carences politiques et administratives des autorités municipales de Diamniadio. On se limitera dans ce court texte, à effleurer quelques faits qui ont marqué le contexte actuel et qui traduisent l’apprentissage politico-administratif dans lequel les autorités locales de Diamniadio gèrent l’institution qu’elles dirigent. Tout de même, à titre préventif, nous signalons que c’est la parole du citoyen inquiet pour le devenir de sa commune qui jaillit dans ces écrits.

Dans un contexte marqué par les inondations qui ont atteint les populations dans leur quiétude, l’autorité municipale de Diamniadio, a encore raté le coche. L’attitude de l’exécutif local permet en tout cas de l’affirmer sans avoir tort. La première chose qui est intriguante dans la réaction des autorités, est le manque d’organisation dans leurs interventions. L’institution municipale semble rouler à deux vitesses avec une communication plurielle qui va dans tous le sens. Mais cela ne nous étonne point, car l’exécutif local est constellé en permanence par une guerre déguisée de positionnement politique.

On sait que le maire est le chef de l’exécutif local et il est secondé par ses adjoints. Mais à Diamniadio, il est déplorable de constater que le maire et son adjoint sont en concurrence politique. Pourquoi, après une première descente sur le terrain, coordonnée par le maire et les équipes techniques, le premier adjoint a-t-il jugé nécessaire de faire une autre descente ? La réponse à cette question est plus qu’évidente. Le maire et son adjoint essaient tous les deux d’être devant, oubliant que leur guerre politique ne doit pas porter atteinte à l’homogénéité de l’institution municipale. Cette structure est un service public qui ne doit souffrir d’aucune coloration politique, ethnique ou religieuse. Cette bataille politicienne est ressentie dans la communication éparse qui est utilisée par les autorités locales. Je reviens brièvement sur les réponses aporétiques et indignes apportées par l’institution municipale aux interpellations des populations sur la question des inondations à Diamniadio.

Dans un premier temps, la municipalité, par la voix de son chef des services techniques, a essayé de se dédouaner en arguant que l’installation des usines qui sont à l’origine des inondations, est antérieure à l’érection de Diamniadio en commune et qu’en matière d’étude d’impact environnemental, la mairie n’est compétente que pour organiser l’audience publique qui en est le cadre.

Ensuite, toujours dans leur entreprise de fuite de responsabilités, l’adjoint au maire surgit de nulle part pour nous servir un discours d’une rare légèreté. Il nous fait croire que l’assainissement n’est pas une compétence transférée aux collectivités locales car elles n’en ont pas les moyens. Poursuivant ses palabres, il désengage totalement l’institution municipale et soutient que c’est « l’Etat qui a la clé de tous les problèmes », c’est à lui de « régler les problèmes des Sénégalais ». Je me limiterai à récuser ces quelques puérilités pour éviter de gaspiller ma réflexion sur les réponses infâmes apportées par leur soit-disant chargé de communication, dans une récente vidéo.

Dans leurs prétendues réponses, il y a un anachronisme et beaucoup de versatilité qu’il m’échoit de relever pour ne pas laisser les populations, titulaires d’un droit à l’information juste et vraie, sombrer dans ces papotages auxquels on nous a habitués. D’abord, il faut signaler que la municipalité ne peut pas se dédouaner de sa responsabilité dans ces inondations quels que soient les arguments évoqués. Les usines qui bloquent les passages d’eaux ont été installées à Diamniadio depuis 2013. Pour s’en convaincre, il suffit de consulter les sites officiels de ces entreprises, tamou.sn et delphinus-sn.com.

En outre, au-delà de la simple compétence organisationnelle dans la procédure d’étude d’impact environnemental, la mairie a la possibilité de donner un avis sur les résultats de cette étude. En effet, l’article R 11 du code de l’environnement donne au maire, la possibilité de donner un avis sur l’étude d’impact dans un délai d’un mois à compter de la date de communication de ses résultats. La mairie de Diamniadio avait-elle usé de cette faculté pour faire savoir avec des arguments techniques, que le lieu où les usines sont installées constitue un passage d’eau pluviale ?

Ces éclaircissements auraient pu suffire pour montrer les inconvenances remarquées dans la communication de l’autorité municipale de Diamniadio. Mais je m’en voudrais de ne pas corriger les errements constatés dans l’intervention de l’adjoint au maire. Sachez, Monsieur l’adjoint au Maire, que l’assainissement n’est pas une compétence exclusive de l’Etat comme vous l’insinuez. Je vous renvoie sur ce point aux articles L 7 et suivants du code de l’assainissement, qui précisent les responsabilités des communes dans le financement des investissements et l’exploitation des ouvrages de collecte et d’évacuation des eaux pluviales, notamment les canaux à ciel ouvert.

Toute commune doit être dotée d’un plan directeur d’assainissement qui définit la politique en matière d’assainissement de la collectivité locale à court et moyen terme. L’existence du plan directeur d’assainissement suppose l’élaboration par la commune d’un plan directeur d’urbanisme. Dans un pays qui a une longue tradition en matière de décentralisation, il est improductif de considérer que c’est l’Etat central qui a « la clé de tous les problèmes ». Les collectivités locales ont des responsabilités importantes dans l’élaboration et l’exécution des politiques publiques. Je suis au regret de constater que vous ne mesurez pas l’importance de votre rôle dans la dynamique de territorialisation des politiques publiques.

Cette communication débandée, désorganisée et pauvre en arguments, est inacceptable pour une institution qui gère les intérêts de toute une communauté. Elle est le fruit d’un tâtonnement perpétuel que vous essayez d’habiller avec des éléments techniques pour échapper aux critiques. La bataille politique que vous menez au sein de l’exécutif local n’est mue que par l’intérêt que vous accordez à vos fauteuils. Les intérêts de la population sont mis entre parenthèse, le temps que vous déroulez vos stratégies politiciennes. Essayez d’être du bon côté de l’histoire et mettez fin à votre jeu.





Moussa DABO,
Diamniadio le 22/09/2020