Le groupe «Khidma» vient de sortir un single intitulé «Nattou». Cette formation musicale sénégalaise, dont certains membres résident en Espagne, s’illustre dans la musique fusion faite de sonorités africaines et européennes.
Des relents de guitare flamenco traversent les mélodies du groupe «Khidma», composé, entre autres, de Pape Touré Mbaay et Birame Mbengue. Les paroles de leur chanson «Sant Serigne Bamba» sont un hymne au combat du fondateur de la confrérie mouride. Elles évoquent son odyssée en mer pour rejoindre le Gabon où il fut exilé par les colons français, son procès à Saint-Louis, ses panégyriques dédiés au Prophète Mohamed (Paix et Salut sur Lui) et son compagnonnage avec Cheikh Ibrahima Fall à qui Serigne Fallou Mbacké (deuxième khalife) a dédié le cinquième minaret de la mosquée de Touba, sorte de balise pour tout voyageur vers la ville sainte. Le groupe vient juste de sortir un single intitulé «Nattou» dans lequel Birame Mbengue, Pape Touré Mbaay et le chanteur gambien Mame Balla mettent l’accent sur les vertus de l’endurance face aux épreuves de la vie.
Selon Khadim Mbaay, installé en France et manager du groupe, trois singles ont déjà été produits, ainsi que trois clips vidéo, en perspective de l’album international à paraître. On y remarque le titre «Yeessal» dédié à Cheikh Ahmadou Mbacké, fils de Serigne Chouhaïbou et petit-fils de Serigne Touba. Ces chansons font partie de la compilation «Sans Frontières» produite par une structure mise sur pied en Espagne, France et Sénégal, avec la présence d’autres artistes sénégalais et espagnols. Le projet musical intègre d’autres artistes de la diaspora sénégalaise tels que Cheikh Bâ, El Hadji Soumaré, Sidy Ngom, Cheikh Cissé, ainsi que des musiciens espagnols, russes, turcs, camerounais et maliens. L’objectif est d’élargir la palette mélodique et humanitaire, la décloisonner au-delà des frontières tout en permettant des échanges et mouvements d’artistes entre le Sénégal et l’Espagne pour présenter l’initiative solidaire dans les deux pays. «Nous avons des projets avec d’autres artistes dans la même veine de musique fusion élargie à d’autres styles. En notre qualité de porteurs de voix, nous devons mener un combat de sensibilisation envers tous ces jeunes prêts à sacrifier leur vie pour aller en Europe», assurent les musiciens de «Khidma». Une deuxième compilation est d’ailleurs en cours avec d’autres musiciens.
CENTRES DE FABRICATION D’INSTRUMENTS TRADITIONNELS
Parmi ses projets, le groupe souhaite aussi construire des centres de formation afin que les instruments traditionnels africains tels que la kora, le khalam, le djembé et le tama soient conservés et mieux connus des nouvelles générations. Ces objets musicaux, très prisés par les Occidentaux, sont malheureusement délaissés au profit d’instruments modernes parfois sans âme. Selon les initiateurs, il est nécessaire pour les Africains de conserver leurs cultures et valeurs afin de mieux affronter la vie et ses vicissitudes. L’autre objectif est de combattre l’émigration clandestine qui touche principalement les jeunes du continent. Ces centres de fabrication d’instruments traditionnels pourraient ainsi créer des emplois, tout en attirant des touristes amateurs de musique africaine. Les produits issus des ateliers peuvent même être vendus à l’extérieur et favoriser le développement du secteur musical.
Un autre projet consiste à mettre sur pied des «daaras» modernes d’enseignement coranique et de la religion musulmane qui permettraient de consolider la foi. «Ce savoir peut être perpétué dans des villes comme Touba, capitale du mouridisme, avec en prime la construction de centres de formation aux métiers de soudeur, d’électricien, de maçon, de menuisier, etc.», expliquent-ils. Les pensionnaires pourraient ainsi avoir une profession au lieu de s’adonner à la mendicité ou au petit commerce dans les rues des grandes villes sénégalaises ou européennes. Selon les membres de «Khidma», le projet devrait mobiliser tous les Sénégalais désireux d’apporter leur modeste contribution, en offrant aux pensionnaires des marteaux, des tournevis, des scies et divers autres outils. Le but est d’apprendre le Coran et les préceptes de l’Islam, tout en ayant une profession. Une sorte de sacerdoce qui rejoint la philosophie du «Khidma», l’un des socles du mouridisme qui recommande de travailler inlassablement pour rendre service à la communauté.
Modou Mamoune FAYE
Source : http://lesoleil.sn/musique-foi-et-insertion-profes...