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Oumar Sarr, cheval de Troie du pouvoir: des frères libéraux dans un prochain gouvernement ?


Rédigé par leral.net le Mardi 3 Septembre 2019 à 14:18 | | 0 commentaire(s)|

Le trio frondeur du PDS (Oumar Sarr, Amadou Sall et Babacar Gaye) a compris que son avenir politique hors de la dynastie des Wade, est plus qu’hypothéqué. Autrement dit, suite à la décision du patriarche de mettre en orbite Karim, frustrés, fâchés et abusés qu’ils sont, ils auraient pu simplement quitter le Pds.

Ces responsables libéraux auraient pu faire comme l’avaient courageusement fait un Idrissa Seck et surtout, un Macky Sall en son temps, qui en récoltera les bénéfices dont il jouit encore. Mais ils n’ont pas des épaules assez larges pour une telle option. Eux qui, à une époque récente encore, étaient d’accord avec les désirs et les envies du pape du Sopi, se sont donc retournés contre lui, en lançant dans la foulée, «And Suqqali Sopi».

Ces barons prétendent mener la fronde anti-Karim à l’intérieur même du Pds. Le Vieux qui les a, à l'oeil, a vite pris des mesures pour contrer leur stratégie de défiance. Abdoulaye Wade a ainsi lancé le renouvellement de toutes fédérations et de la diaspora. Ce qui a coûté à Babacar Gaye, l’ex-porte-parole du parti, son poste de Secrétaire général de la fédération départementale de Kaffrine. C’était à l’issue de l’Assemblée générale de ladite structure tenue samedi dernier.

L’alliance pour la République (Apr) est un parti qui accueille tout transhumant. Oumar Sarr, Me Amadou Sall et Babacar Gaye, vont certainement être exclus du Pds pour l’affront qu’ils ont osé opposer au père Wade. Et cette décision va faciliter leur probable transhumance vers la majorité présidentielle. Puisque le projet de rejoindre le pouvoir a manifestement existé bien avant que Me Wade ne prenne « une batterie de mesures ayant abouti à un remaniement du secrétariat national qui écarte littéralement ces principaux responsables légitimes sans aucun débat à l’interne». Oumar Sarr y jouait déjà le rôle du cheval de Troie pour le pouvoir.

«Des visites nocturnes au palais»

Dans une tribune intitulée «La face cachée des opposants», signée par Emmanuel Desfourneaux, publiée le 12 juillet 2019 sur Seneplus, l’auteur faisait une révélation qui mérite toute l'attention à propos des frères libéraux. «Tout Palais présidentiel renferme bien des secrets du pouvoir. Pourquoi ne pas croire par conjecture, à des tractations secrètes conduites au Palais de la République du Sénégal entre Macky Sall et certains pontes de l’opposition, en particulier des anciens frères libéraux? Il me faut dépasser l’hypothèse d’école, et en avoir le coeur net», écrit l’éditorialiste, avant de se faire plus précis. «Après plusieurs appels téléphoniques passés auprès de certaines sources dignes de confiance, trois noms ont été dénichés: Oumar Sarr, Mamadou Diop Decroix et Me Amadou Sall».

Opposants cherchent du travail

Concrètement, ces visites nocturnes ont pour but, selon Desfourneaux, l’entrée prochaine dans un gouvernement d’union nationale de ces opposants. M. Desfourneaux dit que l’info lui est passé sans précision par Madame Nafi Diallo, porte-parole adjointe du PDS. Sans précision avant que lui ne fasse ses propres recoupements. Pour Oumar, ce n’est pas très étonnant puisque l’homme était au dialogue national contre l’avis du parti et a assumé son choix face aux caméras, quitte à s’attirer la colère et les foudres du pape du Sopi, qui veut tout pour son fils et rien pour les autres.

«Les trois protagonistes des réunions nocturnes ont un mobile politique: faire partie d’un possible gouvernement d’union nationale qui se profilerait vers la fin du 2e semestre. Eloignés des fastes du pouvoir depuis 7 ans, c’est assurément long ! A plus forte raison, lorsque l’un de leur frère libéral gouverne, rien ne les sépare politiquement, le sacrifice de «l’agneau Wade» les conduit vers une impasse !»

Le double jeu d’Oumar Sarr, Janus du Pds

Oumar Sarr serait en effet, l’initiateur de telles tractations souterraines, en vue de rapprocher Macky Sall et les anciens libéraux. Plus stupéfiant encore, c’est qu’au plus fort du boycottage de la présidentielle du 24 février par le Pds, que l’ancien bras droit aurait été reçu par le Président Macky Sall. Si ce n’est pas impossible, c’est à peine croyable que les choses se fussent ainsi passées. Problème de cohérence.

«Le numéro 2 du premier parti de l’opposition parlementaire s’est converti en une sorte de Janus du PDS, dieu introducteur et garantissant le passage des portes entre l’opposition et la majorité. C’est en effet par son entremise, et ce, après les élections présidentielles, que Mamadou Diop Decroix et un peu plus tard, Me Amadou Sal,l auraient obtenu une audience auprès du locataire du Palais de Dakar», affirme l’éditorialiste. Rappelons que Mamadou Diop Decroix de And Jëf, vieil allié du Pds, était comme Oumar Sarr au dialogue politique rejeté par Abdoulaye Wade.

De la duplicité des politiciens

Cette duplicité montre à suffisance comment les hommes politiques peuvent se jouer et se sont toujours joués du peuple. En public, on est opposant, pugnace et tenace. On apparaît virulent, acerbe, voire exagéré envers l’adversaire politique et on trompe son monde. Mais en privé, on a d’autres visées et d’autres intérêts à défendre. On rencontre en catimini cet adversaire supposé. Où est donc la cohérencé? C’est quoi la ligne politiqué? Quel respect on doit à ses militants qui croient avoir des leaders avec qui ils mènent un combat?

Bien entendu, on ne va pas en vouloir aux gens de retourner leurs vestes quand ils veulent, mais on peut s’étonner de voir des militants bernés constamment. C’est gênant qu’on tente de faire croire aux autres ce qu’on ne croit pas soi-même.

Le plus surprenant pour ces visiteurs nocturnes, c’est que lors de la dernière présidentielle, ils avaient en effet martelé que si Karim Wade, leur leader, n’était pas autorisé à concourir pour la présidentielle, il n’y aurait pas élection. Ils l’ont martelé un million de fois. Mais l’élection s’est bel et bien tenue sans encombre, suivie des législatives. C’est vrai aussi que Karim, l’arlésienne, s’est bien joué d’eux. Maintenant qu’ils sont échaudés par Wade, ils pourraient plus facilement rejoindre le pouvoir puisque «And Suqqali Sopi» n’a pas chance d’aller loin.

Les libéraux peuvent-ils rebondir?

Ce qui est certain, c’est que le Parti démocratique sénégalais n’est certainement pas au top de sa forme. Il est atteint par des échecs électoraux successifs depuis 2012, affecté par l’exil forcé de Karim à qui le père veut léguer le parti, touché par le départ de certains cadres qui ont rejoint le pouvoir.

Mais alors, qu’on espérait que le temps passant, le pape du Sopi, sous le poids des âges, laisserait s’exprimer d’autres leaderships, il n’en n’a rien été. Le père Wade considère toujours le parti comme son patrimoine personnel. Ce qui explique le remaniement des instances à sa convenance. Soit on l’accepte, soit on dégage. Mais les membre de «And Suqqali», ne l’acceptent pas et ne veulent pas non plus dégager. Puisque dégager, c’est signer leur mort politique. Par contre, rester en l’intérieur du Pds leur permet s’il doit rejoindre leur ancien frère libéral, d’y aller avec un certain poids politique.

Un si long chômage politique

Depuis 2012, les libéraux sont au chômage. Ils ne peuvent pas se faire embaucher par la République. Le parti évolue selon les humeurs de son chef, Me Wade. Or, il se trouve que la majorité au pouvoir, elle, a besoin de se massifier. Même s’il n’y avait pas eu des tractations auparavant, l’Apr pourraient s’y intéresser maintenant. Ces anciens camarades libéraux vont être du pain béni pour agrandir les rangs du pouvoir puisque d’autres rendez-vous démocratiques se profilent à l’horizon. Cela permet aussi de donner du poids à l’Apr, attendu que le président en est à son dernier mandat et qu'il aurait voulu que le nouveau président soit issu de son parti.

Selon un récit circonstancié, ce serait Oumar Sarr, le Secrétaire général adjoint du PDS, qui serait à l’initiative de manoeuuvres souterraines pour un rapprochement entre la majorité et l’opposition. C’est lui-même, en pleine campagne présidentielle, donc avant le 24 février 2019, mais surtout en plein boycottage des élections par son parti, qui aurait été reçu en personne par le Président Macky Sall.





Par Noël SAMBOU

La rédaction de leral...