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Pr. Ibrahima Thioub, ancien recteur de l’Ucad : «Bolloré, Elf, Orange ne gagnent pas les marchés en Afrique par la loi de l'offre et de la demande"


Rédigé par leral.net le Jeudi 13 Avril 2023 à 11:58 | | 0 commentaire(s)|

Pr. Ibrahima Thioub, ancien recteur de l’Ucad : «Bolloré, Elf, Orange ne gagnent pas les marchés en Afrique par la loi de l'offre et de la demande"
Disséquant les liens entre l'Europe et l’Afrique, l'ancien recteur de l'Université Cheikh Anta Diop de Dakar (Ucad) affirme que l'économie a toujours besoin d'une «périphérie» en Afrique, où il n'y a pas de loi de l'offre et de la demande. C'est pourquoi, indique l'historien, les marchés des entreprises françaises comme Elf, Bolloré ou encore Orange, n'obéissent pas à la loi de l'offre et de la demande, informe "L'As".

Comment refonder les relations entre l'Europe et l'Afrique ? Telle est la problématique proposée par le Gingembre littéraire, rencontre organisée par le journaliste ElHadji Gorgui Wade Ndoye à Paris. Et cette refondation, si l'on se fie aux propos de l'historien Ibrahima Thioub, doit passer nécessairement par une décolonisation d'un certain discours sur l'Europe sur le plan économique, avec la politique de la canonnière du système monde. «Avec la loi de l'offre et de la demande, le capitalisme a dans les périphéries un espace où on n’applique pas la loi de l'offre et de la demande.

Derrière les marchands, il y a toujours des missionnaires et à côté il y a des militaires pour imposer une loi qui n'est pas celle du marché
», explique-t-il, avant d'ajouter : «Vous comprenez aisément que Bolloré, Elf et Orange ne gagnent pas les marchés par la loi de l'offre et de la demande». Dans le même ordre d'idées, l'historien souligne que cette politique de la canonnière s'est accompagnée d'une nouvelle conscience et autant de voiles comme l'émergence, pour camoufler injustement l'enveloppement de l'Afrique.

Par la même occasion, Pr. Thioub indique que la décolonisation n'a pas fait sortir du caractère toxique de la relation entre l'Europe et l'Afrique. Sans langue de bois, l'ex-recteur de l’Ucad pense que pour refonder les liens, il est nécessaire de réévaluer les cinq siècles de capitalisme européen appliqué à la périphérie africaine. «Car, dans le processus, l'Europe est allée dans l'atteinte de l'Afrique, de l'être de l'Afrique», renchérit l'historien, en marge de ce sommet qui réunit des sommités intellectuelles du Sénégal et du continent. A l’en croire, pour refonder les relations entre l'Afrique et l'Europe, il faut arrêter de les penser en termes d'extraction mais de dialogue et d'échanges entre humains.

Ndèye Fatou Kébé