Technicien en architecture dans une société de la place où il travaille comme chef de projets, El Hadji Matar Diallo est une personne à mobilité réduite qui a su s’imposer aussi bien dans le milieu professionnel que dans le sport. Athlète confirmé et décomplexé, il évolue au poste de meneur dans l’équipe de handisport de Pikine handi-basket club, sacrée championne du Sénégal ces trois dernières années.
El Hadji Matar Diallo, technicien en conception architecturale a été responsable du Service qualité, hygiène, sécurité, environnement, avant d’arriver au grade de chef de projets. Loin d’être complexé, cet homme à mobilité réduite jouit d’un respect total, aussi bien dans son milieu professionnel, sportif que familial. « El Hadji Matar Diallo est un élément essentiel dans notre dispositif de travail malgré son handicap que j’oublie toujours. Il a des contraintes de travail et d’horaires comme tout le monde. On se rend compte de son handicap que quand on travaille en hauteur, sinon pour le reste, il s’en sort à merveille », confie Seydou Bèye, Directeur général de l’entreprise où il travaille. Après le boulot, El Hadji Matar Diallo trouve toujours le temps d’aller en salle pour s’entraîner afin d’être prêt pour le championnat. Sportif de haut niveau, il pratique le handi-basket, discipline dans lequel son club, Pikine handi-basket club, est champion du Sénégal ces trois dernières années. Pour son entraîneur, le coach Asse Fall, El Hadji est un gosse responsable, solidaire et généreux. « J’ai même fait la proposition aux dirigeants de l’équipe pour qu’il devienne mon second car il en a les capacités », indique le technicien. Mouhamed Gaye, son coéquipier, le présente comme « un gars révolutionnaire, très engagé et très disponible, tant du point de vue financier que physique, qui est prêt à tout pour le bon fonctionnement du Parabasket ». Pour Yoro Niang, manager général du Club « son seul défaut est que dès que les entraînements sont durs, son épaule se déboite » ajoute-t-il, en riant.
Son handicap ne l’a jamais freiné dans son ambition. Après des études primaires à l’école Sacoura Badiane (Colobane 3), puis secondaires au Cem Mame Thierno Birahim Mbacké, El Hadji Matar Diallo rejoint le centre Delafosse pour sa formation professionnelle. « Il était très terrible et il a fait feux et flammes à Fass. Et à Bignona où on a été affecté, on allait ensemble à l’école qui se trouvait à plus d’un kilomètre de la maison. Je me souviens qu’il arrivait toujours tout en sueur », témoigne son ami d’enfance, Khaby. El Hadji réussit au concours d’entrée au centre de formation Delafosse (2003/2004) où il obtient un diplôme en dessin bâtiment, avant de se spécialiser en conception architecturale. Ce parcours montre la force de caractère et l’endurance de notre handi-sportif, selon ses proches. « Je n’ai jamais voulu rester dans les bureaux, c’est pourquoi je fais du contrôle dans les chantiers, il m’arrive parfois de devoir monter sur une échelle pour atteindre certains niveaux », confie El Hadji Matar Diallo. « Nous sommes un groupe d’ingénierie, mais grâce à son caractère dégourdi, il est parvenu à virer dans le génie civil, beaucoup plus contraignant du point de vue physique. Cela témoigne de sa volonté et de son courage », renseigne son patron Seydou Bèye. Le leadership et la ténacité ont toujours jalonné le parcours, mieux, la nature de El Hadj comme l’appellent affectueusement ses proches. « Parler d’El hadj est pour moi à la fois facile et difficile, car en plus d’être mon frère, il est aussi mon ami d’enfance. C’est quelqu’un qui est tellement courageux qu’on oublie son handicap. C’est un leader naturel qui, depuis l’enfance, n’a jamais voulu être second. Il a un esprit rassembleur, responsable et surtout, il est très droit », confie Ciré, son jeune frère. Pour Mama, sa petite sœur, El Hadj est « un guerrier », très disponible, très pieux et très sensible qui ne néglige personne. « C’est un responsable, même si cette qualité, chez lui, n’est pas liée à son âge », fait-elle savoir. « C’est une référence pour nous », ajoute son frère Ciré.
Dans l’émission « Door waar» diffusée sur une chaîne de télévision locale, on l’a vu arpenter les escaliers pour se rendre à des niveaux supérieurs pour inspecter les travaux. C’est cela qui caractérise sa vie de battant, toujours de prendre les escaliers pour atteindre le sommet.
Malgré son handicap, El Hadji Matar Diallo fait son bonhomme de chemin avec son épouse et toute sa famille, dans le bonheur et l’amour mutuel. Son ambition, c’est de réussir dans son travail et dans le milieu sportif.
Par Djibril NDIAYE
Source : https://lesoleil.sn/profil-el-hadji-matar-diallo-h...