La lettre que les avocats de Khalifa Sall ont adressée au Président Macky Sall pour lui demander de retirer la constitution de partie civile de l’Etat sur l’affaire précitée et de retenir « la meute d’aboyeurs » qui violeraient ainsi la présomption d’innocence de leur client, est une forme de recours hiérarchique inhabituelle, pour ne pas dire inédite dans une affaire judiciaire en cours.
En effet, lorsqu’une affaire est portée devant les juridictions, les seules personnes habilitées à intervenir sont le Parquet, les avocats du mis en cause et le tribunal qui intervient pour dire le droit. Ici, les avocats, consciemment, sont en train de demander au Président Sall de s’immiscer dans une affaire judiciaire en cours.
De quoi s’agit-il ? Ils estiment en effet que l’Agent judiciaire de l’Etat n’est pas fondé à se constituer partie civile au nom de l’Etat pour des raisons liées notamment, au caractère autonome de l’administration des collectivités locales. Si un tel argument prospère, c’est devant le juge que les avocats doivent le défendre et non devant le Président de la République ou l’opinion publique. Demander à Macky Sall d’intervenir, c’est faire peu confiance au système judiciaire, c’est lui demander de reconnaître qu’il est derrière les poursuites dont il peut modifier certains aspects.
Ce « recours » informel est sans doute inédit.
Entre nous, si la défense de Khalifa Sall est bâtie sur le fait que le dossier est politique, ces attaques qui peuvent être versées au dossier, sont des preuves des motivations supposées de l’accusation et font l’affaire des avocats. Mais, là, on ne dirait pas. Les avocats doivent pourtant savoir que le juge qui va dire le droit, se souciera peu des arguments avancés par tel ou tel autre partisan de Macky dans un des organes de presse de la place. Depuis quand la défense prend comme argument le dénigrement de leur client par voie de presse ? Nous pensons sérieusement que les avocats de Khalifa Sall, des ténors du Barreau, font fausse route parce qu’ils frappent à la mauvaise porte.
A moins d’essayer piéger la Présidence de la République pour essayer de lui faire dire quelque chose de compromettant quant à l’immixtion de l’Exécutif dans le Judiciaire, nous pensons que ces vaillants avocats ont tout le temps de préparer une bonne défense de leur client. Des arguments qui devront être portés devant le Juge qui se déterminera en toute conscience. Mais saisir Macky Sall par un courrier qui a des allures de lettre ouverte, est un coup d’épée dans l’eau, pour ne pas dire une perte de temps.
Assane Samb