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SIX ROUTIERS SÉNÉGALAIS ENLEVÉS AU MALI

Rédigé par leral.net le Samedi 6 Septembre 2025 à 01:14 | | 0 commentaire(s)|

L'incident concerne deux chauffeurs et quatre apprentis sur le corridor Bamako-Kayes, selon l'Union des Routiers du Sénégal. Ni Dakar ni Bamako n'ont encore réagi officiellement à cette prise d'otages attribuée aux djihadistes par l'organisation

(SenePlus) - L'enlèvement de six routiers sénégalais au Mali par des groupes djihadistes vient confirmer les craintes les plus sombres des professionnels du transport transfrontalier. Cette nouvelle attaque, révélée vendredi par l'Union des Routiers du Sénégal (URS), frappe au cœur d'un secteur vital pour l'économie des deux pays et illustre la dégradation continue de la situation sécuritaire dans la région.

L'incident touche directement l'un des piliers de l'économie sénégalaise. Selon les données rapportées par l'APA, "le Mali reste le premier partenaire africain du Sénégal, ayant absorbé en 2024 plus de 802 milliards FCFA d'exportations sénégalaises, soit plus de la moitié des ventes vers le continent et environ 21% des exportations totales du Sénégal."

Les victimes - "deux chauffeurs et quatre apprentis" - incarnent parfaitement cette réalité économique. Ces professionnels "sont engagées dans le transport transfrontalier et contribuent quotidiennement aux échanges entre le Sénégal et le Mali", souligne le communiqué de l'URS confirmé par le service de communication de l'organisation.

Cette attaque vise directement "le corridor Bamako-Kayes, où l'enlèvement a eu lieu, selon l'URS", un axe qui "transporte quotidiennement une part significative de ces flux commerciaux, notamment les produits pétroliers, le ciment, les denrées alimentaires et d'autres biens manufacturés."

Cet enlèvement s'inscrit dans une dynamique d'aggravation continue de la situation sécuritaire. L'incident survient dans un contexte particulièrement tendu puisque "le 4 septembre, le groupe djihadiste JNIM a proclamé un blocus sur Kayes et Nioro du Sahel, fermant plusieurs axes majeurs et ciblant explicitement les sociétés de transport opérant dans la région."

Cette stratégie d'étranglement économique n'est pas nouvelle. Déjà "début juillet, l'URS avait appelé ses membres à suspendre temporairement leurs trajets vers le Mali face à l'intensification des attaques dans l'Ouest malien." Ces mesures préventives n'ont visiblement pas suffi à protéger les professionnels sénégalais.

L'organisation professionnelle dénonce dans son communiqué que cet enlèvement constitue "une atteinte grave à la sécurité des travailleurs et de leurs familles, mais représente également une menace pour la libre circulation et le commerce régional."

Cette attaque révèle la vulnérabilité particulière des professionnels du transport dans un contexte sécuritaire dégradé. L'URS rappelle avec force que "les acteurs routiers sont en première ligne de l'intégration africaine et ne doivent en aucun cas être pris pour cibles dans ces conflits."

Cette déclaration souligne le paradoxe tragique de la situation : ceux qui contribuent le plus concrètement à l'intégration économique régionale se retrouvent transformés en cibles privilégiées des groupes armés qui cherchent à déstabiliser les États de la région.

Les transporteurs sénégalais, véritables chevilles ouvrières des échanges commerciaux entre Dakar et Bamako, paient aujourd'hui le prix fort de l'instabilité malienne. Leur rôle économique crucial ne leur offre aucune protection face à des groupes djihadistes qui ont fait de l'économie leur nouveau terrain de bataille.

Au-delà du drame humain que représente cet enlèvement, les conséquences économiques pourraient être considérables. Les 802 milliards de FCFA d'échanges commerciaux entre les deux pays dépendent largement de la sécurité de ces corridors de transport.

Si les attaques contre les transporteurs se multiplient, c'est tout l'équilibre économique régional qui pourrait être remis en question. Le Sénégal, qui réalise plus de la moitié de ses exportations africaines au Mali, verrait ses débouchés commerciaux considérablement réduits.

Cette situation illustre également l'interconnexion des économies sahéliennes et leur vulnérabilité face aux crises sécuritaires. Un État en crise peut rapidement déstabiliser l'ensemble de ses voisins, particulièrement quand les liens économiques sont aussi étroits.

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Farid


Source : https://www.seneplus.com/societe/six-routiers-sene...