Leral.net - S'informer en temps réel

Sénégal: "Pour payer mes études, j'ai dû me prostituer"

Rédigé par leral.net le Jeudi 10 Octobre 2019 à 16:31 | | 0 commentaire(s)|

‘’Pour moi, les études ont toujours été quelque chose de très important. Mes parents sont tous les deux ouvriers et ils ont compté leurs sous toute leur vie. Lorsque j’étais petite, je voyais ma mère pleurer à cause des problèmes d’argent et se priver de dîner pour que moi et mes 2 sœurs puissions manger à notre faim... Ça me révoltait, j’avais envie de changer le monde. Quand vous êtes enfant, ce sont des souvenirs qui vous marquent pour toujours. Pour que je puisse avoir une vie meilleure et plus facile qu’eux, j’ai donc toujours su qu’il fallait que je travaille dur à l’école. Et c’est ce que j’ai fait. Au collège et au lycée, j’étais souvent parmi les premiers de la classe et j’étais la chouchoute des profs. Je m’en suis bien sortie puisque j’ai eu mon bac avec une mention bien. Je faisais la fierté de la famille !


Sénégal: "Pour payer mes études, j'ai dû me prostituer"
Les études ont un prix…

Après mon bac, j’ai voulu continuer et faire des études supérieures. J’ai eu la chance d’être admise dans une grande école de commerce. Consciente que c’était une vraie opportunité pour moi, je n’ai pas hésité une seule seconde et j’ai foncé. Pour la rentrée de septembre, j’ai dû aller à la banque demander un prêt étudiant : ces études sont chères et bien sûr, il était impossible pour mes parents de financer quoi que ce soit. Sans compter que loin de chez moi, il m’a fallu aussi louer un studio. Ajoutée à la carte de transport, au téléphone et à tous mes besoins quotidiens, la facture était franchement salée. J’ai donc décidé de trouver un petit boulot à côté de mes études pour gagner un peu d’argent et essayer de m’en sortir.

Pendant 1 an et demi, je suis allée presque tous les jours, parfois jusqu’à très tard le soir, travailler dans un fast-food pas très loin de chez moi. Ca m’aidait à gérer le quotidien, mais c’était difficile : l’argent manquait malgré tout et j’étais très fatiguée : entre les cours, mon travail personnel et ce boulot, je n’avais pas beaucoup de temps pour dormir ou me reposer.

L’argent facile

Un jour, un homme m’a abordée à la sortie de mon travail. Il m’a dit qu’il connaissait un moyen beaucoup plus simple et rapide de gagner de l’argent et que si je voulais, il pouvait m’aider. Il m’a juste dit : « tiens, voilà mon numéro. Si tu veux, tu m’appelles ». Et j’ai appelé. Je dois être franche, je savais qu’il allait me proposer de me prostituer mais je voulais en avoir le cœur net. Il m’a expliqué qu’il pouvait m’envoyer des clients, des gens bien sous tous rapports, pour passer la soirée avec moi. Si j’étais d’accord, il donnait mon numéro et je n’avais plus qu’à dire combien je voulais.

Dans un moment de folie, j’ai accepté sa proposition, en me disant qu’il me suffirait de dire non si on m’appelait. Une heure plus tard, j’avais un coup de fil. Pour rigoler, j’ai demandé 300.000 FCfa pour une demi-heure avec moi. L’homme a accepté sans broncher. Alors j’ai craqué et c’est comme ça que tout a commencé. A raison de quelques heures par semaine, j’ai très vite eu beaucoup plus d’argent que nécessaire. Je pouvais dormir, travailler mes cours, sortir avec mes copines : je n’étais plus obligée de passer mon temps à servir des frites et des hamburgers.

Le malaise au quotidien

Cela fait maintenant plus de 2 ans que je me prostitue. Pas tous les jours, pas toutes les semaines, mais régulièrement. C’est horrible à dire mais c’est grâce à ça que je trouve du temps à consacrer à mes études. Mais je me sens mal et salie, de plus en plus. Je déteste mon corps et je ne me regarde plus dans le miroir depuis des mois. C’est un cauchemar de vendre son corps pour de l’argent. J’ai hâte que tout cela se termine. Je serai diplômée très bientôt et je vais très vite chercher un travail. La prostitution sera bientôt derrière moi. Je vais devoir m’accrocher : je ne gagnerai jamais autant d’argent aussi vite et il va falloir que je m’y fasse… Mais je veux une vie digne. Je veux que mes parents puissent être fiers de moi…’’