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Sénégal : Progrès politiques, mais libertés de la presse toujours sous pression

Rédigé par leral.net le Vendredi 15 Août 2025 à 20:46 | | 0 commentaire(s)|

Un rapport récent sur la situation des droits humains au Sénégal, salue les avancées politiques de l’année, tout en pointant de sérieuses restrictions persistantes à la liberté de la presse. Selon ce document, l’élection présidentielle de mars, largement considérée comme « libre et équitable », a marqué un tournant, avec la libération de l’ensemble des […]

Un rapport récent sur la situation des droits humains au Sénégal salue les avancées politiques de l’année, tout en pointant de sérieuses restrictions persistantes à la liberté de la presse.

Selon ce document, l’élection présidentielle de mars, largement considérée comme « libre et équitable », a marqué un tournant, avec la libération de l’ensemble des prisonniers politiques à la fin de l’année. Mais derrière cette dynamique positive, des zones d’ombre subsistent, notamment sur le traitement des journalistes et le respect des libertés publiques.

Arrestations et intimidations
Le rapport recense plus de 25 journalistes agressés ou arrêtés lors des troubles politiques de février. Des figures médiatiques comme Kader Dia et Cheikh Yerim Seck ont été interpellées à l’automne pour avoir publiquement critiqué la police ou remis en cause des annonces gouvernementales. Tous deux ont été libérés quelques jours plus tard, mais ces affaires alimentent les inquiétudes d’organisations comme le Committee to Protect Journalists (CPJ) ou Amnesty International, qui y voient une criminalisation de l’expression critique.

En juillet, un membre de l’opposition a été arrêté pour « offense au chef de l’État » après avoir accusé la majorité d’avoir menti pour accéder au pouvoir. En septembre, l’ancien commissaire Cheikhna Keita a été placé en détention pour « diffusion de fausses nouvelles » à la suite de déclarations sur des tensions supposées entre le président et le Premier ministre.

Censure et contrôle médiatique
Le gouvernement est également accusé de contrôler indirectement l’espace médiatique à travers ses propres organes, comme Radio Télévision Sénégal ou le quotidien Le Soleil, perçus comme pro-gouvernementaux. Le 5 février, la chaîne privée Walfadjiri TV a vu sa licence retirée pour avoir diffusé des « images violentes » et des propos jugés « subversifs » ; elle ne l’a récupérée que six jours plus tard.

Le rapport souligne cependant que des journalistes indépendants continuent de critiquer ouvertement le gouvernement sans subir de représailles, signe que l’espace de débat public reste ouvert, quoique fragilisé.

Un équilibre fragile
Si le texte reconnaît des efforts du pouvoir pour sanctionner les abus commis par des agents de l’État, il relève aussi que l’impunité demeure, et que certaines dispositions légales – comme la pénalisation de l’insulte au chef de l’État ou de la « diffusion de fausses nouvelles » – constituent des armes juridiques contre les voix dissidentes.

En toile de fond, ces tensions autour de la presse s’inscrivent dans un contexte plus large de recomposition politique, où les autorités cherchent à concilier stabilité et pluralisme, au risque, selon les observateurs, de sacrifier certaines libertés fondamentales sur l’autel de la sécurité et du contrôle.



Source : https://xalimasn.com/2025/08/15/senegal-progres-po...