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Témoignage sur Serigne Mamoune Ibrahima Niass: Un leader religieux patriote, au service de Cheikh Al Islam, de la Oummah et du Sénégal

Rédigé par leral.net le Mercredi 17 Juin 2020 à 11:15 | | 0 commentaire(s)|

Témoignage sur Serigne Mamoune Ibrahima Niass: Un leader religieux patriote, au service de Cheikh Al Islam, de la Oummah et du Sénégal
Pour les Sénégalais de manière générale, les kaolackois en particulier, la seule évocation du nom de Serigne Mamoune Niass, remplit les esprits et les cœurs de baume. Le fils du vénéré Cheikh Al Islam El Hadj Ibrahima Niass pôlede son temps et de la pieuse Seyda Fatoumata Diagne était un être multidimensionnel. Il s’est particulièrement distingué dans le domaine intellectuel (universitaire), religieux (il était un marabout), politique (il était chef de parti et avait occupé de hautes fonctions étatiques), économique
(il était un entrepreneur et un opérateur économique), social et humanitaire (il était un philanthrope ).

Serigne Mamoune Niass (né le 17 juin 1944 à Kaolack et disparu le 28 octobre 2011 à Dakar), n’aura vécu que 67 hivernages sur terre. Mais celui que l’on qualifiait de marabout- politicien aura amplement marqué de son empreinte, une vie de hauts faits et d’actes qui auront dégagé et révélé la forte personnalité de celui qui, durant toute son existence, s’est mis au service de son père qui était son modèle en tout, de sa famille, de sa communauté, de son peuple et de son pays.

C’est à ce modèle de leader, de chef religieux, d’homme politique, d’acteur social, de travailleur accompli, que la famille de Baye Niass que dirige aujourd’hui le khalife Serigne Ahmed Tidiane Niass, la oummah islamique sénégalaise et mondiale, le Sénégal et l’Afrique dans sa diversité, rendent une fois de plus, hommage, en ce jour d’anniversaire de sa venue au monde.

Il s’agira plus de se souvenir du modèle et de l’exemple du personnage modèle, de s’en inspirer, pour éclairer les voies et les chemins d’une vie faite aujourd’hui de déséquilibres, de soubresauts, de perte de repères, de crises multiformes.

Quels peuvent être les leçons et les enseignements du modèle qu’était Serigne Mamoune Niass ?

La patience, le courage moral et physique, l’endurance face à l’épreuve, aux difficultés de la vie auront marqué dès la prime enfance, Serigne Mamoune Ibrahima Niass ayant perdu très tôt sa pieuse mère. Cet handicap lourdement ressenti n’a point amoindri la détermination du jeune Mamoune à poursuivre sa formation coranique et religieuse auprès de son père, puis en Mauritanie. Après la maîtrise du saint coran alors qu’il n’avait qu’une dizaine d’années, l’éducation religieuse accomplie, il est parti à l’assaut de l’université d’Al Ahzar Chérif, d’où il obtient sa licence en théologie.

Serigne Mamoune Niass a appris à gagner sa vie à la sueur de son front. Etant étudiant déjà, il s‘est adonné à des activités commerciales, pour la satisfaction de ses besoins et des membres de sa famille. Il s’est surtout évertué à participer à la satisfaction de quelques besoins financiers ou matériels de son vénéré père qu’il chérissait beaucoup. Sa particularité est que Serigne Mamoune Niass se considérait comme un talibé de son père et se dévouait à sa cause.

Ce dernier était aussi très attaché à ce fils plein d’intelligence, de diom et de sagesse. Il lui adressait ainsi de ferventes prières, en toute circonstance. Mais aussi il s’est accompagné avec ce fils plein de vertus dans ses voyages à l’étranger où il a eu à le présenter, dans le monde arabe surtout, à des monarques, des familles princières d’Arabie saoudite et chefs d’Etat tels le président d’Egypte Gamal Abdal Nasser.

Comme le prophète Mohamed (Paix et salut sur la meilleure des créatures) et son père Cheikh Al Islam El hadj Ibrahima Niass, Serigne Mamoune s’est aussi intéressé à la vie politique de son pays. Mieux, il a investi le champ politique, non pas pour la recherche de postes, de strapontins, de privilèges personnels, mais plutôt pour participer à soulager les besoins, les préoccupations, les difficultés des populations, surtout les sans-voix et les démunis.

Serigne Mamoune aimer répéter le fait qu’il avait la bénédiction et l’aval de son père, pour entrer dans la scène politique. Mieux, il faisait comprendre qu’en tant que marabout, son entrée dans la scène politique s‘expliquait par le fait que la gestion des affaires de son terroir, de sa ville Kaolack et du pays, l’interpellait en tant que citoyen.

Il a aussi fait comprendre qu’il ne devait pas rester les bras croisés et regarder faire, face à des politiciens qui s’adonnaient à une gestion gabégique et injuste des affaires publiques.

Des politiciens qui usaient aussi de leur pouvoir, pour oppresser et faire souffrir les populations sans défense. Après son passage au Parti socialiste du Président Léopold Sédar Senghor, au Parti Démocratique Sénégalais du président Abdoulaye Wade à qui il a formulé des prières pour son accession à la magistrature suprême, Serigne Mamoune Niass a participé avec l’actuel Président de l’Assemblée nationale, Moustapha Niass ayant claqué les portes du PS du président Diouf, à la création de l’Alliance des Forces de Progrès à la veille de l’élection présidentielle de 2000.
Puis, sa vision d’un projet de société juste, pour une république des valeurs en conformité avec les valeurs de l’islam et républicaines, a conduit Serigne
Mamoune Niass à porter sur les fonts baptismaux son propre parti, le Rassemblement pour le Peuple ( RP ).

Sa coalition avec le PDS sera déterminante pour la victoire du président Abdoulaye Wade au scrutin présidentiel de 2007. Ce rôle déterminant, a expliqué les hautes fonctions qu’il a occupées au sommet de l‘Etat libéral en tant que ministre d’Etat ( 2007) et plus tard, vice- président du Sénat en 2009. La divergence de vues justifiera la séparation avec le PDS et le cheminement avec l’ancien premier ministre et leader de Rewmi Idrissa Seck, la veille de la présidentielle de 2012. Mais à vrai dire, c’est que  ce qui préoccupait le plus Serigne Mamoune dans l’espace politique, c’est la sincérité, l’honnêteté, le patriotisme des acteurs politiques.

Malheureusement, le mensonge et la trahison, sont demeurées les choses les mieux partagées dans le champ politique. En cela, il ne pouvait pas ne pas être en gêne dans ce milieu aliénant et manquant aussi d’humanisme et où il a toujours cherché à se mettre du côté de son peuple.

Il faut dire que c’est sur le terrain religieux et social que Serigne Mamoune Niass était le plus à l’aise.

Ayant reçu le wird et le lidjassa de son père, Serigne Mamoune s’est évertué durant toute sa vie, à vivifier le legs laissé par le fondateur de Médina Baye. Il a participé activement à la vie religieuse de la cité bénie, auprès de ses frères et de la famille du Cheikh Al Islam. En tant que porte- parole de la famille, les actes posés ont été remarquables, pour l’organisation financière et matérielle des maoulids et gamous à caractère international.

Les fêtes religieuses ( gamous, tabaskis, korités, tamkharits ) donnaient l’opportunité à Serigne Mamoune d’étaler son engagement, mais sa générosité sans limite, pour la réussite des évènements, mais aussi pour l’assistance aux membres de la famille, aux talibés, à la population de la cité sainte de Médina, de Kaolack, du reste du Sénégal et de la sous- région.  

Cette générosité débordante a été l’une des plus grandes caractéristiques de Serigne Mamoune qu’il a hérité dit-on de son père. Il ne faisait pas de distinction, pour octroyer ses biens et ses avoirs aux déshérités et à ceux qui le sollicitaient.

A celui- là qui partageait tout ce qu’il avait avec les autres, sans distinction, il est un devoir de mémoire pour les Sénégalais et les Africains, de se ressouvenir de lui. Pour que sa vie et son œuvre servent de modèle aux générations présentes et futures. Que la miséricorde d’Allah se répande pour l’éternité sur cette humble créature à l’œuvre si gigantesque.

Aujourd’hui, son legs est préservé par ses illustres fils Serigne Baye, Serigne Mansour, Serigne Hamada, et les autres.





Mohamed El Amine Thioune, journaliste et écrivain