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USA : les adieux pleins d’enseignement de Barack Obama.

Rédigé par leral.net le Mercredi 11 Janvier 2017 à 09:54 | | 0 commentaire(s)|

«Je quitte la scène ce soir, encore plus optimiste que lorsque nous avons commencé». Il aura fallu attendre la fin du dernier discours présidentiel de Barack Obama, mardi soir à Chicago, pour que l'émotion l'emporte. Une larme essuyée au coin de l'œil en remerciant la First Lady «qui m'a rendu fier et a fait la fierté du pays», ses enfants, le vice-président Joe Biden, «ma première décision et la meilleure», ses collaborateurs et tous les jeunes militants qui illustrent le propos dominant de son testament politique : «L'acteur le plus important de la démocratie, c'est le citoyen».


Ce statut, simple citoyen, sera celui du 44e président dans moins de dix jours. «Je ne vais pas m'arrêter, promet Barack Obama. Je serai là avec vous pour le restant de mes jours. Et je vous demande une dernière chose, la même qu'il y a huit ans - de croire en votre capacité de changer les choses. Yes we can! Oui nous le pouvons! Oui nous l'avons fait!»

Sur les chaînes câblées, les commentateurs laissent percer leur nostalgie - et leurs préférences politiques: «Il va se passer un certain temps avant qu'il nous soit donné d'entendre un autre discours comme celui-là…» Non que la rhétorique du président sortant ait enflammé l'arène de McCormick Place, déjà acquise à l'orateur au point de couvrir d'ovations ses premiers mots. Qu'il l'ait calculé ou pas, Obama a dressé un contraste frappant entre le président philosophe qui s'en va et le président populiste qui arrive.

Pour ses adieux, il a livré une véritable leçon de philosophie politique, atteignant parfois des hauteurs où, sans doute, peu de ses concitoyens peuvent le suivre. Et c'est là le problème, en partie à l'origine du changement radical de style et de substance qui s'annonce.

«Nous ne sommes pas là pour marquer des points ou être applaudis, nous servons dans le but d'améliorer la vie des gens»
Invoquant l'inspiration des Pères fondateurs qui l'a porté, Barack Obama est passé relativement rapidement sur les acquis de ses deux mandats. Il s'est concentré sur «l'état de la démocratie» américaine, énumérant les conditions de sa réussite et, ce faisant, dessinant en creux ses propres échecs en même temps qu'un faisceau de périls. Son successeur n'a jamais été mentionné, mais son ombre était immanquable derrière certaines mises en garde.

«Nous ne sommes pas là pour marquer des points ou être applaudis, nous servons dans le but d'améliorer la vie des gens», a dit Obama, appelant de ses vœux «un nouveau contrat social», car «les inégalités extrêmes corrodent l'idée démocratique». Il a souligné que la «bataille des idées» ne pouvait se dérouler que «sur une acceptation élémentaire des faits et de la science». Dans la lutte contre le terrorisme, «nous devons nous garder d'affaiblir les valeurs qui font ce que nous sommes». Et «notre démocratie est en péril lorsque nous la tenons pour acquise».

Puisqu'il s'agissait d'un testament politique, le président est aussi revenu sur un sujet qu'il a le plus souvent tenu à distance - la promesse d'une «Amérique post-raciale», accolée à son parcours politique sans qu'il la revendique vraiment. «Aussi bien intentionnée qu'elle soit, cette vision n'a jamais été réaliste, a-t-il dit. La race reste une force puissante et qui souvent divise. Nous ne sommes pas là où nous devrions être. Les cœurs doivent changer». Et d'appeler ses partisans à se mettre à la place du «type blanc d'âge moyen» qui voit ses repaires disparaître dans une économie de plus en plus difficile et une société de plus en plus multiculturelle. «Nous devons prêter attention, et écouter».

Le style est travaillé, l'analyse ne recule pas devant la complexité, pourtant le message se veut optimiste. «Soyons vigilants, mais n'ayons pas peur». Un penseur du pouvoir, élégant et élitiste, se dirige vers la sortie. Arrive un plombier, appelé de leurs vœux par les Américains pour réparer les tuyaux.

Le Figaro.