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Un constitutionnaliste à la tête du ministère de la Justice: les avocats de Khalifa Sall ne nourrissent aucun espoir et craignent même un tripatouillage de la Constitution

Me Sidiki Kaba n’est plus aux commandes de la justice. Depuis hier, c’est Ismaël Madior Fall qui dirige ce ministère. Cependant, sa qualité de constitutionnaliste ne change pas grand-chose à la situation de Khalifa Sall, si l’on en croit les avocats de ce dernier, qui ont pourtant invoqué la Constitution, pour obtenir la liberté d’office de leur client. La défense de Khalifa Sall craint même un tripatouillage de la Constitution.


Rédigé par leral.net le Vendredi 8 Septembre 2017 à 12:36 | | 0 commentaire(s)|

Un constitutionnaliste à la tête du ministère de la Justice: les avocats de Khalifa Sall ne nourrissent aucun espoir et craignent même un tripatouillage de la Constitution
Constitutionnaliste émérite, respecté par ses pairs, Ismaël Madior Fall a perdu de sa crédibilité depuis qu’il s’est un peu trop intéressé à la politique, ou plutôt depuis qu’il s’est fondu dans la mouvance présidentielle.

Ses positions affichées vis-à-vis du régime lui ont valu certainement sa nomination, hier, en tant que ministre de la Justice, en remplacement de Me Sidiki Kaba. Il va ainsi hériter de plusieurs dossiers politiques encore pendant devant la justice, dont celui de Khalifa Sall. Cependant, malgré qu’il soit un constitutionnaliste, les avocats du maire de Dakar ne nourrissent aucun espoir à son endroit.

«Il n’y a aucun espoir avec le gouvernement de Macky Sall. Ces gens-là n’ont pas le sens de l’histoire. Entre eux et le droit, il n’y a pas bon ménage. L’on n’a pas besoin d’un ministre pour torturer encore la Constitution. On a besoin de messe de requiem pour la Constitution. Mais, le peuple ne l’acceptera pas», peste un des avocats de Khalifa Sall, sous le sceau de l’anonymat.

Faut-il le rappeler, les avocats du maire de Dakar se sont fondés sur la Constitution pour demander la liberté d’office de leur client. «Nous sommes dans une situation où effectivement le respect de l’immunité parlementaire, s’impose. Khalifa Sall est élu député. Et il y a un droit nouveau. La Constitution dit que son immunité commence à partir de la proclamation des résultats par le Conseil constitutionnel», a souligné devant la presse, Me Ciré Clédor Ly.

Sur cette base, pourtant, la défense du maire socialiste avait saisi le juge d’instruction pour obtenir une liberté d’office, mais sans succès. Un recours est fait devant la Chambre d’accusation.

Le fait est que, l’ex-ministre de la Justice, Me Sidiki Kaba, avait laissé entendre que «ce n’est pas le député Khalifa Sall qui a été arrêté et emprisonné». Pour dire que l’argument des avocats de la défense ne passera pas. Aujourd’hui qu’il est remplacé par un constitutionnaliste, la donne semble n’avoir pas changé, du moins pour les conseils de Khalifa Sall.

Moins acerbe que notre premier interlocuteur, Me Borso Pouye reste aussi sceptique : «Le fait qu’il soit un constitutionnaliste incite à nourrir de l’espoir quant au respect strict de la Constitution, parce que lui, c’est le droit pur. Mais on verra bien. Je préfère bien qu’on attende de voir».

«Il ne faut pas rêver», nous a tout simplement rétorqué Me Seydou Diagne, sans aucun autre commentaire. En somme, que ce soit Sidiki Kaba ou Ismaël Madior Fall, la situation reste la même, sinon pire, si l’on en croit les avocats du maire de Dakar.



Les Echos