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Un "nettoyage ethnique" a été commis en République centrafricaine

Rédigé par leral.net le Jeudi 8 Janvier 2015 à 23:20 | | 0 commentaire(s)|

Des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité ont été commis en République centrafricaine, notamment un "nettoyage ethnique de la population musulmane", conclut le rapport d’une commission des Nations unies. L’intervention internationale aurait cependant évité un génocide.


Un "nettoyage ethnique" a été commis en République centrafricaine

Ces conclusions sont émises par une commission des Nations unies, créée par le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon en janvier 2014, pour enquêter sur les violences qui ravagent la République centrafricaine  depuis deux ans. 

Violations des droits de l’homme par toutes les parties 

La commission conclut que le conflit a fait "des milliers de morts", sans doute plus de 6.000, et fixe comme priorité de "mettre fin à l'impunité". Dans son rapport final de 127 pages, elle écrit :

Des violations des droits de l'homme ont été commises par toutes les parties. La coalition Séléka et les (milices) anti-balaka sont aussi responsables de crimes de guerre et de crimes contre l'humanité.

Le rapport détaille une longue série d'exactions : viols, meurtres, recrutement d'enfants-soldats, torture, incendies d'habitations. 

Nettoyage ethnique : "un crime contre l’humanité"

Les enquêteurs précisent que : 

Bien que la commission ne puisse conclure qu'il y a eu génocide, le nettoyage ethnique de la population musulmane par les anti-balaka constitue un crime contre l'humanité.

L'absence de preuves d'un génocide, évoqué comme un risque par des responsables de l'ONU, "ne diminue en rien la gravité des crimes commis" et il n'est pas certain qu'un génocide pourra être évité à l'avenir. Les enquêteurs rendent à cet égard hommage à "l'action opportune menée par les forces de l'Union africaine et les forces françaises ainsi que la Minusca" (Mission de l'ONU en RCA). 

La commission n'est pas en mesure de donner un bilan précis du nombre de victimes de violences durant les deux années sur lesquelles elle a enquêté. 

Les diverses estimations disponibles vont de 3.000 à 6.000 tués mais la commission considère qu'elles ne rendent pas pleinement compte de l'ampleur des tueries.

Une sécurité précaire 

Le Conseil de sécurité avait voté en avril 2014 l'envoi de 12.000 Casques bleus en RCA, déchirée par des violences entre l'ex-rebellion Séléka à majorité musulmane, qui avait pris le pouvoir en mars 2013 avant d'être évincée en janvier 2014, et les milices anti-balaka en majorité chrétiennes. 

Les Casques bleus se sont déployés en septembre dernier, aux côtés de soldats et policiers français et européens qui tentent de stabiliser le pays. 

Depuis, la sécurité s'est améliorée dans la région de Bangui mais reste très précaire ailleurs, malgré la présence de trois contingents internationaux :Sangaris (français), Eufor-RCA (Union européenne) et Minusca. 

Mettre fin à l’impunité des responsables d’exactions

Des mois de violences inter-communautaires et d'affrontements entre groupes armés ont achevé de ruiner le pays et contraint les civils musulmans à fuir en masse. Des centaines de milliers de Centrafricains ont été déplacés par les combats, provoquant une crise humanitaire. La déliquescence de l'Etat centrafricain a permis à des bandes armées de prospérer dans beaucoup de régions, où elles rançonnent la population mais aussi les organisations humanitaires.

Pour les enquêteurs, "une des tâches prioritaires des autorités centrafricaines, avec le plein soutien de la communauté internationale, est de mettre fin à l'impunité dont a bénéficié pendant des années la grande majorité des responsables d'exactions" en RCA.

Ils adressent une série de recommandations à Bangui et à l'ONU, parmi lesquelles la création d'un "programme de protection des témoins" et d'une procédure pour indemniser les victimes du nettoyage ethnique.

(Photo : Des habitants de Bangui se mettent à l'abri pendant des tirs sur la capitale, décembre 2013 - © Fred Dufour/AFP)

Rédaction web d'iTELE avec AFP