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VIDEO - L'étrange fugue à Londres de la princesse Haya, épouse de l'émir de Dubaï

Rédigé par leral.net le Mercredi 3 Juillet 2019 à 16:35 | | 0 commentaire(s)|

VIDÉO. Après l'Allemagne, la plus jeune femme du cheikh a trouvé refuge à Londres. Un scandale « diplomatico-amoureux » qui éclabousse la cour d'Angleterre. De notre correspondant à Londres, Marc Roche.


Pour ce qui est de l'intrigue, un peu des fugueuses princesses Grimaldi, un peu des thrillers hippiques de Dick Francis et bien sûr un peu de Point de vue des familles royales et du gotha, version proche-orientale. Avec en arrière-plan le monde ambigu des courses de pur-sang, l'univers des propriétaires arabes d'écuries et les intérêts géostratégiques de la Couronne dans le Golfe.

Tels sont les ingrédients de l'affaire Haya, du nom de la dernière et plus jeune épouse de cheikh Mohammed ben Rachid Al Maktoum, émir de Dubaï. Accompagnée de ses deux enfants âgés de 11 et 7 ans, la princesse Haya Bint Al-Hussein a trouvé refuge à Londres. Elle vit cloîtrée dans sa maison de Kensington Palace Gardens, l'artère des milliardaires de la capitale, « par peur d'être assassinée ou ramenée de force à Dubaï », selon la presse britannique, qui rappelle la fuite rocambolesque en février 2018 d'une fille de l'émir, la princesse Latifa, qui aurait été maltraitée. À écouter l'ONG Detained in Dubaï qui milite en faveur de la libération des prisonniers de l'état-confettis, la fuite de Son Altesse Royale constitue « la plus grave mise en accusation de son époux. La vraie question est de savoir pourquoi a-t-elle fait défection et que va-t-elle révéler sur les raisons de son geste »  ?

 

Le prince Charles  et sa femme Camilla sont des amis de la princesse Haya.
© DANIEL LEAL-OLIVAS / AFP

Selon ses défenseurs, la princesse Haya aurait rejoint l'Angleterre  via l'Allemagne  après avoir découvert les circonstances mystérieuses du rapatriement forcé à Dubaï de sa sœur, cheikha Latifa. Celle-ci s'était enfuie à bord d'un bateau arraisonné au large de Bombay par les marines indienne et émiratie. Le scandale « diplomatico-amoureux » éclabousse la cour d'Angleterre. Sa Majesté partage avec l'émir de Dubaï la passion des chevaux. Propriétaire de l'écurie de courses hippiques Godolphin Stables, cheikh Maktoum est l'un des plus gros investisseurs de Newmarket, le chef lieu des pur-sang au Royaume-Uni . La princesse, qui est à moitié britannique par sa mère, tout comme son demi-frère, le roi Abdallah de Jordanie, sont des amis proches du prince Charles et de la princesse Anne. Le Foreign Office est également dans ses petits souliers. Cheikh Maktoum est le vice-président et Premier ministre de la confédération des Émirats arabes unis, l'une des places fortes avec Oman de l'influence britannique au Proche-Orient.

 

Pour « l'amour des chevaux »

Née en 1974 à Amman, diplômée de l'université d'Oxford, la fille du défunt roi Hussein est une cavalière émérite qui avait représenté le royaume hachémite lors de l'épreuve de show jumping des JO de Sydney, en 2000. Elle avait épousé en 2004 cheikh Mohammed qui a, au total, six épouses, dont il a eu vingt-trois enfants. Deux ans plus tard, elle était devenue présidente de la Fédération équestre internationale (FEI).

Lire aussi : Equitation: la FEI change ses statuts pour la princesse Haya

À l'occasion de sa nomination, Le Point avait longuement rencontré la princesse Haya au Dubaï International Horse Show. Les vingt meilleurs cavaliers du monde étaient à l'affiche, avec à la clé 1,25 million de dollars de prix. « Mon père, le roi Hussein, m'a très tôt inculqué l'amour des chevaux qui lui permettait de supporter le stress de la charge. Ces animaux m'ont donné le vrai sens de la vie, le courage, l'humilité, la confiance en soi. Les sports équestres ont toujours été une partie intégrante du patrimoine et de l'héritage arabes, donc mondiaux. »

 

Le cheikh Mohammed bin Rashid al-Maktoum et sa femme, la princesse Haya bint al-Hussein, en février 2018.
© KARIM SAHIB / AFP

Son mari s'était joint à la conversation. Le maintien droit enseigné à l'école d'officiers britannique de Mons, portant des Ray Ban à la MacArthur, cet adepte de courses d'endurance à cheval dans le désert et de fauconnerie nous avait jeté un regard noir anthracite pénétrant, sans sourire, avant de donner une poignée de main glaciale. Le dixième représentant de la dynastie bédouine avait prononcé des mots de bienvenue dans un anglais légèrement bégayé et fortement teinté d'arabe.

 

L'élection de son épouse à la tête de la FEI avait constitué l'un des plus beaux trophées internationaux remporté par les Maktoum. À lui seul, cheikh Mohammed contrôle un millier de pur-sang, à l'entraînement dans les haras du monde entier. L'émir a dépensé sans compter, surpayant les meilleurs jockeys et débauchant les entraîneurs les plus célèbres. Mais en 2013, la présidente de la FEI avait été critiquée après la mort de plusieurs pur-sang lors d'épreuves d'endurance, et des soupçons de dopage. Plus de 80 % des cas positifs concernaient des cavaliers issus du Moyen-Orient, Émirats arabes unis en tête. À la suite du scandale, la princesse Haya avait été contrainte de renoncer à un troisième mandat.