[Vidéo-Vidéo] VIVIANE CHEDID, LEAD VOCAL DU «JOLOF BAND»: «Des rumeurs, il y en aura toujours sur moi»

La crise mondiale « Je fais partie des fils de ce pays, et cela me fait plaisir de me prononcer sur la situation actuelle du pays. La crise, elle est mondiale, c'est vrai, mais les doubles factures d'électricité sont encore plus difficiles pour nous Sénégalais. En tout cas, je sais que si c'était à moi de décider, personne n'aurait de souci. Ce qui nous reste à faire de serrer la ceinture et d’essayer de faire avec, en espérant qu’on revienne à une situation meilleure. Je demande aussi au président de soutenir davantage les Sénégalais dans cette mauvaise passe. Prions pour que ça aille mieux, les gens sont fatigués. C’est la complainte de chacun, la vie est chère et dure.

Situation des jeunes en banlieue

II faut que les jeunes aient du boulot, il faut que ça bouge. Si la plu­part d'entre eux perdent aujourd'hui espoir, c'est parce qu`ils n'ont pas de boulot, pour pouvoir aider leurs parents et subvenir à leurs besoins. Les pirogues qu'ils prennent pour aller à l'étranger, c'est trop risqué. Le plus souvent, ces émigrants clandes­tins perdent leur vie en mer. S'ils avaient des opportunités de travailler dans leur pays, ils ne songeraient pas à quitter le Sénégal, encore moins par la pirogue. L'Europe aussi, ce n'est pas facile. Ces jeunes veulent réussir, il faut les aider. Mais, il y a aussi un petit problème, c'est qu'au Sénégal, on parle trop et cela nous retarde. Si on se concentrait davantage sur la manière de faire avancer notre pays, ce serait mieux. Les polémiques et bavardages ne nous avancent à rien.

Son côté social et sa personnalité

Chanter, c'est mon métier et c'est dans mes morceaux que je fais passer les messages. Mais, il faut aussi savoir que je suis un humain et que j'ai un cœur. Je ressens des choses et la situation des talibés par exemple me fait beaucoup de peine. Avant-hier, j'étais en Gambie et certains m'ont encouragée à œuvrer davantage dans le social. C'était pour des prestations avec des personnes qui œuvrent dans le social, qui aident les enfants en difficulté. Je suis allée jusque dans des endroits très reculés en Gambie. Je ­suis allée dans un village où je pensais que les gens ne me, connaissaient pas. Mais, quand je suis arrivée, ils ont chantonné mes morceaux et j'ai pleuré.

Je m'investis dans le social. D'ailleurs, j'ai vécu une histoire extraordinaire en allant à Mbour un jour, je ne l'ai jamais racontée et c'est quelque chose qui m'a touchée. Ce jour-là, j'étais avec quelqu'une, Julie, qui en a fait un grand souvenir et je la laisse vous dire comment se sont passées les choses. Julie : « en allant à Saly pour sa soirée, on a eu faim et l'on s'est arrêté pour acheter des fruits. En ce moment, un talibé est venu vers nous pour demander l’aumône. C’est là que Viviane lui a donné des pièces et juste après, je l’ai vue pleurer. C'est là que j'ai regardé par les vitres et que j'ai vu un gamin très petit, en période fraîcheur, portant des haillons. Il grelottait et une dame lui disait de ren­trer, car depuis le matin on le frappait et tout ce qu'il quémandait était pris. Là, Vivi a commencé à pleurer plus et quand la voiture a démarré, elle m'a dit qu'elle voyait cet enfant comme Papa Philipe, son enfant. Et, elle a demandé que l'on fasse demi-tour pour aller prendre le gamin. Si on ne l'avait pas convaincue du fait qu'elle ne l'y trouverait pas si on fait demi-­tour, Viviane aurait aujourd'hui sous son toit trois enfants et non deux. Elle a un cote très sensible, très humain, elle n'est pas parfaite et elle est trop têtue. « Boudone deum, koumou djap do reuthe.» Sa gentillesse est tellement grande qu'on peut penser parfois qu'elle est naïve. Toutes les déceptions qu'elle a eues sont dues à sa gentil­lesse. Elle prend les autres comme sa propre personne. Elle est entière. Elle a aussi un côté impulsif qui la pousse parfois à oublier qu'elle est une star C'est pourquoi, elle n'hésite pas a se battre, elle est spontanée. Les photographes ont l'habitude de ne chercher à prendre chez elle que ce qui peut choquer. C'est dommage, parce qu'on ne peut pas tout laisser- chez la personne, pour en fait photographier le «ndounkou rounkou». La photo pour moi ne reflète plus l'image de Viviane, mais celle du photographe. L'art est très complexe. On ne peut pas laisser tomber tout ce qu'il y a de plus naturel chez quelqu’un pour aller photographier les débordements. Cela veut dire aussi que le niveau intellectuel et artistique de ce photographe se limite aussi à ça. »

Son divorce et ses rapports avec Bouba

Il faut que j'en parle, car c'est lié à ma carrière. Mais je ne dirai rien sur ma vie privé, il y a quelque chose qui m'appartient et je préfère la garder. Bouba, c'était mon époux, on a divorcé mais, c'est mon ami et c'est le père de mes enfants. On travaille

ensemble de manière très professionnelle. Et, il faut savoir qu'il n'y aucun problème entre nous deux. J'ai vu dans un journal des photos qui donnaient l'impression que je détournais mon regard de Bouba, en lui faisant du « khelou» (regard de dépit, ndlr), des photos où l'on a l'impression qu'il ne voulait pas me regarder. Ce sont de simples coïncidences, mais les choses ne sont pas ainsi entre Bouba et moi. On n'a aucun problème, c'est mon frère et c'est mon ami. On travaille et l'on avance. Donc, je ne vois pas pourquoi on arrêterait de bosser. On ne change pas une équipe qui gagne. La vie continue.

Artiste et mère de famille

Les gens se posent souvent des questions comment nous arrivons à allier notre vie professionnelle et notre foyer. Nous sommes avant tout des humains, et des femmes. L'art, c'est mon boulot. Mais, à côté aussi, j'ai ma vie, ma maison, mes enfants et je fais la part des choses. Les enfants, c'est un trésor. J'ai divorcé, c'est une volonté divine, mais j'ai mes enfants et je n'ai qu'eux. Je les aime de tout mon coeur, et ce sont mes amis, mes complices, ils sont très proches de moi. Je prends soin d'eux. Je me réveille tôt pour les gérer, pour veiller à ce qu'ils aillent à l'école, à ce qu'ils mangent, ça me fait plaisir. Je m’occupe de mes affaires et de mes enfants, c’est très plaisant pour moi. Ça me rend heureuse.

Son nouveau célibat

Je ne veux pas en parler, c’est ma vie privée. Je vis paisiblement et c’est tout. Je ne vais pas entrer dans les détails, c'est personnel. Les hommes m'adorent, c'est vrai; mais on verra bien. Au moment opportun, j'aurai un époux, si Dieu le veut bien. Prions pour que j'en rencontre un de bien et que tout se passe bien. Si Dieu fait que je trouve quelqu'un qui m'aime et que j'aime, si la relation aboutit à un mariage, tant mieux. On ne peut jamais contourner ni devancer la volonté divine. En attendant, je m'occupe de mon travail et de mes enfants. «Lou djot yomb ». Si ça doit être demain, il en sera ainsi, Inchallah.

Sa carrière

Je prépare un nouvel album. D'ailleurs, Akim est là. C'est lui qui a réalisé la plupart de mes albums et on travaille dessus, ça avance. Je prends mon temps, pour que ce soit bien fait et bien consommable. Mes fans vont adorer. C'est pour bientôt, Inchallah. Je remercie le Tout-Puissant de m'avoir mise avec des gens qui m'adorent, qui me soutiennent et qui m'encouragent. C'est très important pour moi et ils me poussent à progresser davantage, à aller de l'avant. D'ailleurs, il y a un grand comité derrière moi, c'est le Comité international Viviane Chedid (Civc), je les remercie et leur dit de tenir bon, je ferai tout pour ne pas les décevoir. Ces gens se fatiguent pour moi, sont partout dans le monde et sont même allés jusqu'à créer un site internet. C'est très important pour moi, ça me touche.

Violences au Sénégal

Ça commence à prendre de l'ampleur. Je ne comprends pas comment on peut s'en prendre à une personne, à plus forte raison un enfant, avec toute son innocence. Non, je pense que ceux qui font ces horreurs ne doivent pas être normaux. Le gouvernement doit prendre des mesures d'urgence par rapport à cela. C'est grave, je ne peux pas le concevoir. C'est déplorable.

Viviane et les rumeurs

Les rumeurs ne peuvent pas manquer, surtout quand on est connu. Le mieux, ce serait qu'on entende des rumeurs positives, mais ce n'est pas toujours le cas. Les gens passent leur temps à dire des choses dont ils ne sont pas certains. Mais, que ce soit bon ou mauvais, ils nous font de la publicité gratuitement sans le savoir, et ça nous fait avancer, ils ne le savent pas. Par exemple, il m'arrive de voyager et d'entendre dire que « dama djomi» (j'ai disjoncté, ndlr). Mais quand je reviens et que je joue, je vois plein de monde dans ma soirée. Certains viennent juste voir si c'est vraiment le cas. En tout cas moi, ça ne me dérange pas. Je prie seulement pour que ce soit positif.

Son accoutrement

Les gens aiment en parler ou cri­tiquer mon style vestimentaire, mais ils adorent ça. Nous sommes des artistes et cela fait partie de notre expression. Nous ne sommes pas seulement pour le Sénégal, mais le monde entier. Et si on en faisait un problème, on n'avancerait pas. On ne peut pas juger la personne par son accoutrement. L'habit ne fait pas le moine. Ce qu'on porte n'a rien à voir avec notre personnalité. C'est une tenue de scène, après on l'enlève. On ne se promène pas avec.

Son histoire avec feu Serigne Saliou Mbacké

Je pense que tout le monde connaît cette histoire. Moi, c'est Serigne, Saliou qui m'a fait connaître la religion musulmane et je prie pour que «yalla tass gnou thi barkéme». Je dois beaucoup à Serigne Saliou. J'avais vu en rêve Serigne Saliou, alors que je ne le connaissais pas. En ce temps, je jouais de la variété dans un hôtel. Et, j'ai dit à un de mes musiciens mourides, qui s'appelait Cheikh, que je voyais tout le temps en rêve un marabout. Il a amené des photos pour que je lui dise de qui il s'agissait. Je lui ai indiqué que c'est de Serigne Saliou qu'il s'agissait, il était ébahi et m'a dit que je fais partie de la famille si c'est vraiment lui que je voyais. Un autre jour, j'ai refait le même rêve et je suis revenu le voir. Là, il m'a dit qu'il n'y avait plus de temps à perdre, que je devais aller à Touba. C'est ainsi que je suis allée à Touba un vendredi, j'ai trouvé Serigne Saliou sur son hamac, et Cheikh lui a dit que je venais pour me convertir à la religion musulmane et faire mon djebelou. Après la prière, il m'a convertie à la religion musulmane et m'a retenue à Touba. J'ai fait une semaine dans la chambre de sa première épouse. Beaucoup de choses se sont passées là-bas, et c'est à partir de ce moment, juste lui mois après, que j'ai commencé à être connue. Je suis allée à Touba maintes fois. C'est quelque chose de fort entre nous deux.

Le jour de son décès, je jouais à l'Elysée Montmartre. Mes musiciens m'ont caché la nouvelle, ils ne m'ont rien dit. Ils étaient tous tristes et je ne savais pas pourquoi. À chaque fois que je jouais Mame Diarra, je disais Serigne Saliou yala nafi yague té weer. Et ce jour-là, après que j'ai joué ce morceau, j'ai vu les musiciens descendre un à un. Je ne comprenais pas. C'est après que Katy est venue me dire que Serigne Saliou n'est plus. Et je ne peux pas vous raconter ce que j'ai fait. Vous ne pouvez pas vous l'imaginer.»

A.THIOYE

Source: Walf Gran Place