"En Amérique, la bénédiction c'est Obama. Les Américains en faveur du vrai changement votent Obama. En Amérique ooh, en Amérique, le moment est venu, si vous le loupez, il sera trop tard", chante Kenge Kenge, un groupe kenyan de 13 musiciens qui a composé le titre en juillet lors d'une tournée en Europe.
"Ca va forcément vendre. Il y a déjà des gens qui le demandent (le CD). Nous avons commencé à jouer le morceau lors de nos concerts et c'est là que nous avons réalisé que ça cartonnait", explique l'enthousiaste leader du groupe George Achieng.
Depuis son accueil triomphal au Kenya en 2006, Obama suscite un engouement croissant chez les Kenyans, engouement qui frise l'idolâtrie dans la communauté Luo, l'une des plus importantes du pays et dont le père de M. Obama était issu.
Les Kenyans gardent toutefois la tête froide et retirent de la possible accession de Barack Obama à la magistrature suprême non pas l'espoir d'une amélioration de leur vie quotidienne, mais la fierté de voir un Noir, qui plus est d'origine kényane, devenir l'homme le plus puissant de la planète.
"C'est toujours blanc, blanc, blanc. Au moins pour une fois, nous sommes fiers et nous prions vraiment qu'il y arrive", explique une cliente du OJ's Bella Awuor.
Sa soeur Josephine Adhiambo veut rester prudente.
"Il n'y a jamais eu de président (américain) noir. Donc il y a des chances qu'ils (les électeurs américains) ne le choisissent pas à la fin des courses", avance-t-elle, tout en évaluant les chances de victoire du sénateur de l'Illinois "à 90%".
"Obama va devenir une figure publique. Il va travailler dur pour la communauté américaine mais pas pour les Kenyans ou les Lui", estime pour sa part Alphonse Omni, un Luo de 27 ans arborant un T-shirt à l'effigie d'Obama.
La fièvre Obama, avant d'être mise en musique, avait déjà gagné la rue et les transports publics.
Les propriétaires de "matatus", ces minibus de transport collectif, ont ainsi remisé les décalcomanies de leurs idoles de la première ligue anglaise de football et du rap américain, qui ornent habituellement la lunette arrière de leurs véhicules, pour le portrait de Barack Obama.
Ce même portrait fleurit à Nairobi, notamment dans le bidonville de Kibera, l'un des plus grands d'Afrique, où plusieurs groupes se sont lancés dans la confection et la distribution de T-shirts.
"Obama est soucieux de la jeunesse. Il peut mieux nous aider que l'autre vieux candidat (le républicain John McCain)", justifie Daniel Ochieng, le responsable d'une association locale qui fait également office de fan club du candidat démocrate sous le sobriquet des "Disciples d'Obama"...
Le créateur Tony Ndolo a lui vendu 250 T-shirts de sa confection avec le slogan "Ndio Tunawesa", la traduction en swahili de l'un des slogans de campagne de Barack Obama, "Yes we can".
"Je ne peux pas me plaindre. Je fais de l'argent comme vous pouvez le voir. Barack signifie bénédiction en swahili et de fait, c'est une bénédiction pour mon portefeuille!", avoue-t-il.