Babacar Fall plaide pour une justice rigoureuse, mais humaine

Sénégal

Atlanticactu/ Babacar Fall/ GRADEC/ Serigne Ndong

Babacar Fall, secrétaire général du Groupe de recherche et d’appui conseil pour la démocratie participative et la bonne gouvernance (GRADEC), a livré son analyse sur l’évolution de la justice au Sénégal et les enjeux liés à la reddition des comptes. Invité de l’émission d’Omar Gningue sur la RTS1, il a salué des progrès significatifs dans le fonctionnement du système judiciaire tout en plaidant pour davantage de fermeté face à l’impunité.

Selon lui, la justice sénégalaise montre aujourd’hui des signes d’indépendance, avec une diminution des pressions politiques comparée aux années précédentes. « Nous avons des magistrats indépendants, et jusqu’à présent, la société civile ne perçoit pas une politisation excessive de la justice », a-t-il affirmé, tout en reconnaissant que la perception varie selon les sensibilités politiques.

Il a également souligné l’existence d’un affrontement politique récurrent entre les anciens et les nouveaux détenteurs du pouvoir. Toutefois, il insiste sur la nécessité pour la justice de maintenir un équilibre entre ces forces, dans le strict respect de l’État de droit et des droits humains.

Reddition des comptes : entre rigueur et respect des droits

Concernant les procédures de reddition des comptes engagées par les nouvelles autorités, Babacar Fall estime que celles-ci suivent leur cours de manière satisfaisante. Il appelle néanmoins à une exigence de rigueur exemplaire : « Ceux qui sont innocents doivent être blanchis, ceux qui ont commis des fautes doivent être sanctionnés », a-t-il déclaré, rappelant l’importance du respect de la présomption d’innocence et de l’indépendance des magistrats.

Il considère que mettre fin à l’impunité est un impératif pour restaurer la confiance des citoyens. « Cela fait 65 ans que nous sommes indépendants, et pourtant on parle encore de détournements de fonds et d’accaparement foncier. Il est temps de tourner la page », a-t-il martelé.

Vers une justice plus crédible et équitable

Tout en admettant que le système n’est pas parfait, Babacar Fall souligne des avancées notables dans la distribution de la justice. À ceux qui dénoncent une justice à deux vitesses, il oppose l’idée de perceptions souvent subjectives, influencées par les appartenances politiques.

Pour lui, le principal défi est désormais de consolider les progrès réalisés, d’instaurer une exemplarité à tous les niveaux, et de démontrer que nul, qu’il soit au pouvoir ou dans l’opposition, n’est au-dessus de la loi.