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Dat non reversés au Trésor : La justice s’intéresse à l’ex-ministre Amadou Ba

Rédigé par leral.net le Mercredi 7 Mai 2025 à 19:42 | | 0 commentaire(s)|

Sénégal Atlanticactu/ Amadou Ba/ Serigne Ndong Un scandale financier de grande ampleur : plus de 141 milliards FCFA disparus Le montant est sidérant : 141 087 194 249 FCFA. Il s’agit des Dépôts à Terme (DAT) ouverts puis prématurément liquidés sans qu’aucun reversement n’ait été effectué au profit du Trésor public, comme l’a révélé la Cour des comptes […]

Sénégal

Atlanticactu/ Amadou Ba/ Serigne Ndong

Un scandale financier de grande ampleur : plus de 141 milliards FCFA disparus

Le montant est sidérant : 141 087 194 249 FCFA. Il s’agit des Dépôts à Terme (DAT) ouverts puis prématurément liquidés sans qu’aucun reversement n’ait été effectué au profit du Trésor public, comme l’a révélé la Cour des comptes dans son rapport couvrant la période 2019–2024. L’affaire, désormais entre les mains du ministre de la Justice, Ousmane Diagne, met en cause plusieurs anciens responsables, dont Amadou Ba, ex-ministre des Finances et ancien candidat à la présidentielle de 2024.

Dans un référé adressé au Garde des Sceaux, le Premier président de la Cour des comptes, Mamadou Faye, a alerté l’autorité judiciaire sur des faits d’une extrême gravité, susceptibles de sanctions pénales. Selon L’Observateur, ces irrégularités portent sur des opérations financières jugées « opaques », ayant entraîné la disparition de sommes considérables issues du Trésor public par le biais de placements bancaires à terme.

Ces DAT, assimilables à des comptes d’épargne bloqués sur plusieurs mois, ont été liquidés avant terme sur ordre direct de ministres ou de délégués aux Finances, sans que les fonds réintègrent les comptes de l’État. Une pratique que la Cour des comptes qualifie d’illégale. Amadou Ba apparaît comme l’un des principaux instigateurs de ces opérations.

Les documents transmis à la justice font état de multiples instructions signées de sa main, ordonnant l’ouverture et la liquidation de ces placements, sans justification claire ni traçabilité des fonds. À titre d’exemple, une lettre datée du 30 juin 2016 ordonne un dépôt de 4,1 milliards FCFA à un taux de 3,5 %, sans mention de l’objet. La banque BRM indique que ces fonds ont été utilisés en mai 2017 pour le remboursement de l’escompte d’un billet à ordre, une opération dont la finalité reste floue.

Un autre exemple concerne un dépôt à terme de 6,5 milliards FCFA, lié à un protocole signé entre l’État, la Sonatel et la BRM. Cette opération aurait également été ordonnée par Amadou Ba, via une lettre datée du 3 juin 2015, signée par Cheikh Tidiane Diop, alors secrétaire général du ministère des Finances.

Des responsabilités partagées

Outre Amadou Ba, plusieurs hauts fonctionnaires sont également mis en cause, parmi lesquels Cheikh Tidiane Diop, ex-directeur général du Trésor, ainsi que d’anciens trésoriers généraux. L’enquête devra établir les rôles respectifs de chacun dans la gestion de ces fonds, ainsi que l’identité du Trésorier général en poste au moment des faits, encore incertaine.

Selon l’article 125 du décret n°2011-1880 relatif au règlement général sur la comptabilité publique, seuls les comptables publics sont habilités à manipuler les fonds de l’État. En agissant en dehors de ce cadre légal, les ministres impliqués auraient irrégulièrement engagé les finances publiques, en violation des lois de finances adoptées.

La Cour des comptes rappelle avec insistance dans son rapport que « la qualité de deniers publics ne disparaît que lorsqu’ils sont utilisés pour éteindre une dette publique légale. Or, dans ces cas précis, aucune régularité ni traçabilité n’a pu être établie. »



Source : https://atlanticactu.com/dat-non-reverses-au-treso...