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Deux ans après sa disparition : Ousmane Tanor Dieng toujours dans le cœur des socialistes

Rédigé par leral.net le Jeudi 15 Juillet 2021 à 21:00 | | 0 commentaire(s)|

L’ombre de l’ancien secrétaire général du Parti socialiste plane à la Maison Léopold Sédar Senghor du Ps, deux ans après sa disparition. Ousmane Tanor Dieng est toujours dans le cœur de ses camarades. Maison du Parti socialiste, ce lieu mythique situé à Colobane est marqué par un silence. L’intérieur du bâtiment dégage un air de […]

L’ombre de l’ancien secrétaire général du Parti socialiste plane à la Maison Léopold Sédar Senghor du Ps, deux ans après sa disparition. Ousmane Tanor Dieng est toujours dans le cœur de ses camarades.

Maison du Parti socialiste, ce lieu mythique situé à Colobane est marqué par un silence. L’intérieur du bâtiment dégage un air de modernité. Les lieux sont bien entretenus et d’une propreté méticuleuse. La grande cour, bordée de fleurs, donne les allures d’un jardin public. Sobriété et splendeur s’entremêlent. La discipline se dégage de mille mieux. Des personnes âgées assises sous les arbres,  affichent un sentiment de fierté à l’évocation du nom de l’ancien Secrétaire général, Ousmane Tanor Dieng.

Sollicités pour faire un témoignage sur Ousmane Tanor Dieng, ils nous orientent vers Macoura Diop, premier adjoint à la coordination de Mékhé du Parti socialiste (Ps) et membre du Comité central, présent sur les lieux. Ce dernier, d’une voix marquée par une grande intensité émotionnelle, semble tirer du plaisir à énumérer les qualités d’un homme, dont la mine impassible lui conférait, aux yeux de certains compatriotes, des abords revêches et une certaine insensibilité. Mais derrière cette apparence se cachait, selon ses explications, un homme de principes d’une grande finesse d’esprit et d’un humanisme sans commune mesure. «Tanor était un vrai homme d’État, un leader charismatique. Il ne parlait que pour dire l’essentiel». À l’en croire, son regard perçant, dissimulé derrière ses lunettes, reflètait sa sollicitude.  «C’était une personnalité attachante. Beaucoup ignoraient qu’il s’attachait fortement à la religion musulmane. Il ne lisait que le Coran quand il était dans sa voiture», ajoute-t-il.

Émotions

La présence devant la bâtisse, d’une femme d’âge assez avancé, une canne entre les mains, est éloquente. Elle avait l’habitude de venir, chaque année, à la veille de la Tabaski,  récupérer le mouton offert par Ousmane Tanor Dieng. À pareille époque, confie Aliou Sow, l’assistant du secrétaire permanent, il y avait une forte affluence. «Ousmane Tanor Dieng a toujours tenu à apporter un soutien aux personnes démunies. Il était habitué à porter des actes de haute portée sociale, dans la grande discrétion», a dit M. Sow. «Il aidait tout le monde, réservait de belles surprises à ses proches mais ne voulait pas que cela soit rendu public», ajoute notre interlocuteur, affectueusement appelé le «Baye Fall» de Tanor Dieng. En effet, Aliou Sow était l’un de ses bras droits. En levant des séquences de vie de l’homme qui lui a permis de faire le pèlerinage à la Mecque, l’a incité à acquérir un toit et lui a donné des leçons pour mener une vie stable et gravir des échelons, il fond en larmes. Pourtant, leur rencontre s’est faite au moment où le Ps s’est retrouvé dans l’opposition avec l’avènement de l’alternance. La traversée du désert était au tournant. M. Sow découvre en Tanor un esprit positif et combatif. «Il a su rester digne dans les épreuves et ne s’est jamais départi de ses principes. Ce qui lui a valu le respect de toutes les personnalités politiques du Sénégal et du monde», explique-t-il. Quand il parle de son leader, les mots semblent se bousculer dans sa bouche.

C’est le même scénario qui se dessine avec Macoura Diop, qui a du mal à contenir ses émotions pour parler d’un homme toujours présent dans leur cœur et leur esprit. Il a connu l’ancien Secrétaire général en 1996, quand il venait de prendre les rênes du parti. «Il a redynamisé le Parti socialiste qu’il aimait d’un amour débordant. Il était loin de l’étiquette de dictateur qu’on lui collait. Il n’a jamais tenu à imposer sa position ou ses convictions. Il tenait toujours à solliciter des conseils avisés de tous avant de prendre une décision», fait savoir M. Diop. Il rappelle que Tanor tenait à la constitution de grands ensembles. «Il militait pour que les grands partis politiques puissent se regrouper et travailler dans l’intérêt de la nation. Il a toujours lancé cet appel», fait-il remarquer.

Leur réveil, dit-il, a été effroyable lorsqu’ils ont appris, le 15 juillet 2019, le décès de celui qui apportait de la plus value au Parti socialiste et lui a permis d’exploiter un modèle économique viable et rentable à travers la location d’une parcelle à une station d’essence. «Il ne voulait pas passer plus d’une semaine à l’étranger. Il disait que son devoir l’interpelait toujours. C’est sa maladie qui l’a cloué en France pendant trois mois, nos espoirs de le revoir se sont émoussés», confié Aliou Sow, la mine triste.

Matel BOCOUM

ABDOULAYE WILANE, PORTE-PAROLE DU PS

«Ousmane Tanor Dieng alégué, à notre parti, l’avenir»

L’œuvre d’Ousmane Tanor Dieng, secrétaire général du Parti socialiste, décédé le 15 juillet 2019, reste et restera. C’est la conviction du porte-parole du Ps, Abdoulaye Wilane qui appelle les socialistes à s’unir et à poursuivre la voie tracée par l’ancien maire de Nguénienne.

«Il nous a légué l’avenir. Une idée ne meurt jamais. Ce qu’on retient de lui, ce sont des idées, des rapports à la patrie, à l’État et au reste du monde. Nous nous battions pour un projet. Ousmane Tanor Dieng avait un programme bien à lui», a-t-il déclaré. «Puisqu’il nous a légué l’avenir, le projet du Psest là. À nous, ses compagnons,de nous adapter et de savoir détecter les meilleures opportunités», ajoute-t-il.Le maire de Kaffrine précise que ces opportunités doivent être saisies en tenant compte des valeurs que Ousmane Tanor Dieng a toujours défendues, à savoir la loyauté, la discipline de parti, l’ouverture et la recherche d’un consensus. «Ousmane Tanor Dieng nous conseillait de comprendre que les choses ne peuvent pas être comme nous voulons nous seuls. Une fois qu’on aune discipline de parti, nous verrons ce que nous pouvons faire», souligne-t-il.Abdoulaye Wilane estime que la façon dont Ousmane Tanor Dieng pensait, abordait le partenaire, l’adversaire, le militant et le terroir, doit être prise comme un bréviaire par ses partisans. «Ousmane Tanor Dieng était un homme sincère, très attaché au terroir. Dans sa prime jeunesse, quand il était à Saint-Louis, à la fin des dernières compositions, il se précipitait pour rejoindre le domicile paternel pour aider son père dans les travaux champêtres», confie-t-il.

Un bon leader

Restant toujours sur les qualités d’Ousmane Tanor Dieng, le porte-parole du Ps a indiqué qu’il était «un homme taillé dans le bois rare des grands hommes publics». «Il était intelligent. Il était un bon leader. Il savait écouter, faire des synthèses, dissocier ce qui est objet de consensus de ce qui est de nature à être mis en perspective pour être abordé», explique-t-il. Le socialiste pense que le diplomate de formation qu’il a été a beaucoup influencé ses actions. Selon M. Wilane, l’ancien maire de Nguéniène a gardé un peu de Senghor. «Il a beaucoup gardé de Abdou Diouf dans le comportement, la façon de parler, d’aborder les questions essentielles. Ceux qui ont connu Diouf et Senghor savaient détecter chez lui quelque chose de ces deux personnalités», indique-t-il.

Ousmane Tanor Dieng avait quelque chose qui lui est propre. M. Wilane insiste particulièrement sur l’humilité et la détermination. «Il a vécu jusqu’à son rappel à Dieu sans que de nombreux Sénégalais connaissent le nom de ses épouses, ses enfants. Il nous a quittés à un moment où il était accompli. Un haut fonctionnaire ayant fait une belle carrière. Il a été aux responsabilités de l’État, a fait l’opposition puis est revenu en tant que partenaire associé à la gestion des affaires du pays. On pouvait donc dire qu’il a vécu toutes les situations», souligne-t-il. Le porte-parole affirme également que le regretté Ousmane Tanor Dieng «était un bon démocrate, sincère». «Il restait attaché à ses convictions, mais il était tolérant et ouvert. C’était un homme d’un calme olympien. On ne pouvait pas détecter, sur le visage de Ousmane Tanor Dieng, un agacement, une peine ou une gêne. Il était impassible, mais très bouillant intérieurement. Ousmane Tanor Dieng était un homme d’une vivacité intellectuelle et savait très vite faire la part entre le principal et l’accessoire. Il n’aimait pas les détails et la médisance», confie Abdoulaye Wilane.

Réunifier la grande famille socialiste

L’attachement à la République en bandoulière, M. Dieng a beaucoup œuvré pour la paix et la stabilité dans ce pays. «Sans Ousmane Tanor Dieng, le Sénégal allait vivre des turpitudes sous l’ère Wade. Sans être avec Abdoulaye Wade, profondément opposé à sa vision politique, Ousmane Tanor Dieng le respectait, parce qu’il était le Président des Sénégalais», rappelle-t-il. Et le maire de Kaffrine poursuit : «Il a théorisé l’opposition républicaine. D’aucuns le raillaient, mais aujourd’hui, tout le monde sait que c’est la meilleure attitude. Quelqu’un qui avait des responsabilités étatiques ne peut pas avoir le même comportement que quelqu’un qui n’a jamais été aux affaires. Il a prôné l’inclusion et la gestion concertée. D’où les expériences du Cadre permanent de concertation (Cpc), de la Coalition populaire de l’alternative (Cpa), du Front siggil Sénégal».

C’est pourquoi, Abdoulaye Wilane, tout en invitant les socialistes à la prière, leur rappelle leurs devoirs et leurs responsabilités. «Ousmane Tanor Dieng a laissé un parti fait d’hommes et de femmes de plusieurs générations qui étaient tous unis autour de lui pour un projet, un idéal, une ambition pour le Sénégal. Je voudrais donc demander aux uns et aux autres d’éviter de nous diviser, de nous souvenir qu’avant de quitter ce monde, il travaillait avec nous pour qu’on réunifie la grande famille socialiste», lance-t-il. Et M. Wilane ajoute : «nous avons la chance d’avoir, en Aminata Mbengue Ndiaye, une personne qui a toute la légitimité pour être un bon leader, qui rassemble et qui ne disputera aucun poste à ceux qui veulent incarner l’avenir et le leadership rassurants».

Babacar DIONE

 



Source : http://lesoleil.sn/deux-ans-apres-sa-disparition-o...