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Exposition à l’institut français: Portraits de figures emblématiques du Dakar culturel et sportif

Rédigé par leral.net le Mercredi 31 Mars 2021 à 19:55 | | 0 commentaire(s)|

Les trois façades de l’Institut de Dakar ont changé de visage. D’immenses photographies en couleurs réalisées par les jeunes artistes Ndèye Fatou Thiam dite Ina et Jean-Baptiste Joire attirent les regards des passants et des automobilistes. L’expo «hors les murs», intitulée Bët Dakar (un œil sur la capitale), a été dévoilée au public, dimanche dernier. Les […]

Les trois façades de l’Institut de Dakar ont changé de visage. D’immenses photographies en couleurs réalisées par les jeunes artistes Ndèye Fatou Thiam dite Ina et Jean-Baptiste Joire attirent les regards des passants et des automobilistes. L’expo «hors les murs», intitulée Bët Dakar (un œil sur la capitale), a été dévoilée au public, dimanche dernier. Les œuvres sont visibles jusqu’au 31 juillet prochain.

On ne peut pas les rater. Sur les trois façades de l’Institut français de Dakar longeant les rues Joseph Gomis, Carnot et Moussé Diop, habituellement grouillantes de monde et embouteillées, des portraits géants de 23 artistes, créateurs et sportifs dakarois s’offrent aux regards. En cette matinée du dimanche 28 mars 2021, les lieux sont calmes et presque déserts, à part la présence de quelques riverains et de… chats errants qui se faufilent entre les rares véhicules en stationnement. Sur l’une des photos, l’ombre de l’artiste visuel Mad Pixel se détache, comme en apesanteur, face à l’océan, avec en toile de fond les Iles-de-la-Madeleine et un ciel bleu parsemé de nuages crépusculaires qui font le charme de Dakar. L’œuvre, réalisée par le photographe français Jean-Baptiste Joire, fait partie de l’exposition Bët Dakar (un œil sur la capitale) qu’il partage avec la Sénégalaise Ndèye Fatou Thiam dite Ina, photographe et vidéaste, native de Pikine et membre de l’association Africulturban. Ensemble, ces deux jeunes artistes ont immortalisé des figures emblématiques de la scène culturelle et sportive dakaroise. À travers des séries intitulées Dakar’creators, Arc-en-ciel, Visage du hip-hop et Women at work, ils ont mis en exergue le travail de jeunes opérateurs culturels, créateurs inventifs et dynamiques, qui inscrivent leurs pratiques dans le tissu urbain de la capitale, comme l’écrit dans son texte de présentation, Olivia Marsaud, commissaire de l’exposition et Directrice de la Galerie Le Manège.

Un zoom coloré et quelque peu fantasmagorique mettant en scène des personnalités comme la créatrice de mode Selly Raby Kane, l’artiste de nouveaux médias Bay Dam, la spécialiste de l’art thérapie Nathalie Fanja Haaby, le styliste Mat Faal, le plasticien Alioune Samb qui se définit comme un «citoyen lambda de Dakar, remueur de tas, à moitié vagabond et à moitié sage», le chanteur Saliou Sarr dit Alibeta, «arpenteur de nombreuses routes avec ou sans asphalte, troubadour Galsen pur et dur», la productrice culturelle Ken Aïcha Sy «au caractère bien trempé et à l’entêtement légendaire», l’artiste visuel Mad Pixel «gangster de la beauté, réalisateur et skater», la circassienne Mariétou Thiam, «adepte de la contorsion de l’esprit et du corps», qui a fait de ses rêves étoilés sa réalité concrète.

REPRÉSENTATION DU DAKAR CONTEMPORAIN

On y découvre aussi l’univers enchanteur des rappeurs Lil Black Queen et Diakus, des basketteurs Abdoulaye Ndoye du Dakar université club (Duc) et Borso Niang, évoluant en France qui posent sans leurs maillots, mais dans des tenues colorées, de l’opératrice culturelle Aïsha Dème, du rappeur Fou malade et de son compère Niagass, surnommés Ousseynou et Assane, ainsi que de la rappeuse sénégalo-béninoise Moonaya, de l’iconoclaste Dj Zeyna et de la slameuse Zeinixx, première graffeuse sénégalaise.

Le choix des icônes de la scène dakaroise s’est fait un peu au hasard, selon Ina Thiam qui a travaillé aux côtés de grands photographes sénégalais tels que Boubacar Touré Mandémory et Fatou Kandé Senghor et qui a décidé de se professionnaliser en 2013. «J’évolue dans le milieu hip-hop depuis quelques années et je travaille au centre de documentation spécialisé dans les cultures urbaines à Pikine. Cela m’a permis de rencontrer de nombreux artistes et de les photographier et, en un moment donné, j’ai décidé de collecter les portraits de tous ces acteurs culturels. Le choix s’est donc fait un peu au hasard en ce qui me concerne», nous explique-t-elle après la visite de l’exposition.

À travers le sujet intitulé Women at work, elle a travaillé sur les femmes qui ont décidé de choisir la culture ou le sport comme métier, ce qui n’est pas toujours évident dans un pays comme le Sénégal. «J’ai voulu faire ressortir ces modèles qui ont des parcours assez intéressants, même s’ils sont très jeunes. Ce sont autant de figures qui peuvent être influentes pour les générations à venir. À mon avis, la culture et le sport représentent bien le Sénégal à l’extérieur à travers des idoles comme le chanteur Youssou Ndour ou le footballeur Sadio Mané. Un formidable arc-en-ciel qui fait briller notre pays et une représentation du Dakar contemporain à travers ses immeubles, mais aussi ses jeunes acteurs culturels et sportifs», se réjouit Ina Thiam.

Le projet est une idée de l’Institut français de Dakar qui, après l’exposition à ciel ouvert des œuvres du Salon virtuel Géew Bi en mai – décembre 2020 (en pleine période de confinement à cause du coronavirus, ndr), a contacté les deux photographes pour réaliser une autre expo, cette fois-ci autour de Dakar et de sa culture urbaine. «Par ce travail de cartographie subjective de la capitale, il s’agit de lier le destin de la ville et de ceux qui y vivent», explique Jean-Baptiste à propos de sa série Dakar’s creators. «Il fait évoluer des artistes à travers des lieux emblématiques. Quant à moi, je travaille beaucoup sur les cultures urbaines et l’idée est d’insister sur la capitale, mais aussi ses acteurs culturels», poursuit Ina Thiam. Elle souhaite que les photographies circulent un peu partout au Sénégal et dans le reste du monde, car l’idée est non seulement de créer une œuvre artistique qui inspire à travers la beauté des images, mais également de mettre en valeur les personnes photographiées.

Modou Mamoune FAYE



Source : http://lesoleil.sn/exposition-a-linstitut-francais...